Rechercher
Rechercher

Culture - Entretien

Xavier de Maistre : Oublier, un instant, le tragique qui nous entoure

À l’avant-veille de Noël, en ce 23 décembre, dans un Liban livré à tous les vents noirs de l’adversité, le harpiste français offre ses notes bleues, diaphanes et réparatrices au cœur du centre de Beyrouth, à l’église Saint-Maron.

Xavier de Maistre : Oublier, un instant, le tragique qui nous entoure

Le harpiste français Xavier de Maistre sera ce mercredi 23 décembre en récital dans le cadre de Beirut Chants. Photo Felix Broede

Ses doigts, quand ils pincent le rideau des cordes de la harpe, propulsent l’auditoire dans un monde enchanté. Comme ces notes cristallines que le roi David tirait de ses accords pour calmer Saül quand il était en proie à la tourmente et aux égarements.

Descendant d’une lignée familiale prestigieuse dont le philosophe savoyard Joseph de Maistre, Xavier de Maistre, à 47 ans, prince virtuose de la harpe, à l’allure toujours de jeune premier, revient une fois de plus à Beyrouth ce mercredi 23 décembre et retrouve un public qui lui fait à chaque fois un triomphe et l’ovationne à tout rompre. Plus que jamais, sa musique et les sons éthérés de sa harpe sont aujourd’hui un besoin, un soutien, un réconfort pour un auditoire loin de s’être remis de ses émotions et de ses malheurs d’une année totalement déstabilisante et férocement destructrice. Avant de fouler le sol de la capitale libanaise qui se refait un lifting de beauté à coup de sapins décorés et de lampes scintillantes (en dépit d’une électricité moribonde) voilà, à travers un échange courriel électronique, ses déclarations, comme une secourable main tendue envers un pays qui tente de se frayer, coûte que coûte, un chemin vers la lumière…

Vous êtes venu plusieurs fois déjà au Liban. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Je garde le souvenir d’un accueil d’une chaleur exceptionnelle, d’une convivialité et d’une joie de vivre en toutes circonstances.

Aujourd’hui le pays du Cèdre est dans un particulier état de détresse (chaos et débâcle politique, crise financière sans précédent, monumentale tragédie du port du 4 août, ravages de la pandémie de Covid-19 et on en passe…), avec quelles impressions abordez-vous ses rives ?

C’était important pour moi de venir au Liban dans cette période très troublée. Je voulais témoigner ainsi de mon soutien. J’aborde ma venue avec une certaine appréhension, car j’ai été profondément choqué par les images qui ont été diffusées à la suite de l’explosion du 4 août. Mais je suis très heureux de pouvoir retrouver mes amis et le public libanais pour partager ce moment et clôturer cette terrible année.

La harpe, un des plus beaux instruments, des plus délicats et élitistes, a-t-elle une fonction ici, en ce moment, pour parler au public ? Quel message délivre-t-elle à tous les blessés (du cœur, de l’âme et du corps) de Beyrouth et du Liban ?

La musique apporte réconfort, nous rassemble et nous unit au-delà des mots. Je voudrais emmener le public libanais dans un voyage de couleurs et d’émotions. Partager un moment de grâce et oublier un instant le tragique qui nous entoure. Afin de pouvoir recharger nos réserves émotionnelles et faire face.

Quel programme avez-vous concocté aux mélomanes libanais, en ces circonstances de fête de la Nativité et de fin d’année, mais de tristesse collective ?

C’est un voyage musical avec des pièces qui me tiennent à cœur. Au menu, un concerto de Haendel, une sonate de Dussek, un impromptu de Fauré, une Arabesque et un Clair de lune de Debussy ainsi que la Moldau de Smetana. Ce concert est également pour moi chargé d’émotions, car cela fait plus de deux mois que je n’ai pas pu monter sur scène. Cela m’a fait réaliser le privilège que nous avons. J’aimerais à l’avenir ne pas l’oublier et vivre ces moments de partage avec encore plus d’intensité.

En tant qu’ami des Libanais et du Liban, à part les partitions que vous allez interpréter pour leur joie et réconfort, quelles sont les paroles que vous utiliserez pour un lendemain plus serein et apaisé ?

Le Liban est un modèle de résilience pour nous tous à travers le monde. Le peuple libanais a toujours fait preuve d’un courage exemplaire et trouvé des ressources insoupçonnées pour rebondir dans l’adversité. Je voudrais témoigner avec ce concert de mon attachement et de mon admiration pour votre magnifique pays que l’on ne peut comparer à aucun autre.

Récital de harpe par Xavier de Maistre à l’église Saint-Maron, Gemmayzé, à 20h, Beirut Chants en collaboration avec l’ambassade de Suisse au Liban.

Ses doigts, quand ils pincent le rideau des cordes de la harpe, propulsent l’auditoire dans un monde enchanté. Comme ces notes cristallines que le roi David tirait de ses accords pour calmer Saül quand il était en proie à la tourmente et aux égarements. Descendant d’une lignée familiale prestigieuse dont le philosophe savoyard Joseph de Maistre, Xavier de Maistre, à 47 ans,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut