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Nos Lecteurs ont la Parole

Je crois au miracle, Beyrouth tiens bon !

Me voilà dans l’avion, en partance pour la France, histoire de fêter Noël avec mes enfants chéris. Le maudit masque anti-Covid est du voyage aussi. Je suis un peu attristé, atterré et mélancolique. Je pense au temps qui passe, à mes parents, au Liban et à cette ambiance universelle, devenue tristounette, maussade, morose et lugubre.

Comme à l’accoutumée, l’hublot me permet de fuir l’ennui et de faire mon exercice mental hypnotisant, le comptage des moutons nuageux dans la prairie céleste. Je m’assouplis, m’amollis et m’endors. Une forme divine se présente à moi, elle se dresse à l’ombre d’une figure rappelant l’arbre de la vie du jardin d’Eden, elle est souriante et menue d’une couronne de lumière vissée sur sa tête. Je ne sais pas si c’est Dieu, Jésus de Nazareth, Bouddha, l’abbé Pierre, Rûmi, la Vierge Marie ou cette fée qui a compté beaucoup dans ma vie.

La voix suave de la divine créature s’adresse à moi et me murmure : « Que c’est cruel et parfois déprimant de vieillir sans pouvoir freiner le temps, arrêter les rides, regonfler les muscles, garder le désir, continuer à plaire et charmer. C’est affligeant de vivre avec la nostalgie. Tu aimerais tellement revoir ton papa et ta maman pour les chérir et les faire rire, ils n’ont pas vécu longtemps pour pouvoir profiter de la vie, de ta fratrie et de vos adorables enfants qui parlent le français, l’arabe, l’espagnol ou le portugais et qui se réclament de la laïcité, tout en chérissant leurs croyances chrétiennes, juives, bouddhistes, musulmanes ou athées. Tu peux être fier, ta famille est l’exemple parfait du fait que la mixité des cultures produit la richesse et que la différence entre les êtres les pousse à échanger, s’accepter, se pardonner et s’aimer. » Puis la voix messianique ajoute : « Mon fils, je sais ce que tu attends de moi : un miracle qui fait disparaître les fanatiques, les corrupteurs, les voyous et les mafieux tortionnaires de tant de peuples. J’essaierai à l’avenir d’aider les Libanais, ce peuple vaillant et intelligent, mais incapable de surmonter les querelles clochemerlesques et honteuses de ses dirigeants véreux et diaboliques. Je tenterai aussi de rendre justice aux peuples martyrisés, aider les réfugiés syriens à rentrer chez eux et les Palestiniens à retourner dans leur pays et hisser leur drapeau sur Jérusalem. »

La voix de l’hôtesse me ramène à la réalité, elle me chatouille l’épaule avec délicatesse et me demande de rattacher ma ceinture. L’avion est sur le point d’effleurer le tarmac de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle. Au revoir la divine créature, bonjour la France.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Me voilà dans l’avion, en partance pour la France, histoire de fêter Noël avec mes enfants chéris. Le maudit masque anti-Covid est du voyage aussi. Je suis un peu attristé, atterré et mélancolique. Je pense au temps qui passe, à mes parents, au Liban et à cette ambiance universelle, devenue tristounette, maussade, morose et lugubre. Comme à l’accoutumée, l’hublot me permet de...

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