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Société - Universités

L’AUB indexe ses frais d’inscription au taux de 3 900 livres pour un dollar

Les aides fournies aux étudiants les moins nantis seront augmentées, annonce Fadlo Khuri.

L’AUB indexe ses frais d’inscription au taux de 3 900 livres pour un dollar

L’Université américaine multiplie les mesures impopulaires pour tenter de faire face à une grave crise financière, conséquence directe de la crise qui frappe le pays. Photo tirée du compte Twitter de l’AUB

Le président de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), Fadlo Khuri, a annoncé hier que les frais de scolarité seront désormais payés au taux du dollar bancaire, soit 3 900 livres pour un dollar. Une décision qui a suscité la colère des étudiants, sur fond d’appels à manifester samedi.

Un peu plus d’un an après le début de la crise économique sans précédent qui touche le Liban, son impact sur les secteurs de l’éducation et de la santé, points forts du pays dans la région, se fait énormément ressentir.

Au cours d’une table ronde virtuelle en présence de nombreux journalistes, lundi en fin de journée, Fadlo Khuri a d’emblée rappelé que « la pandémie du Covid-19, la crise économique et la tragédie du 4 août ont frappé très durement les établissements d’enseignement supérieur et médicaux au Liban ». Mettant l’accent notamment sur la chute du pouvoir d’achat des familles qui ont des frais scolaires et universitaires à payer, ainsi que sur l’absence d’aides internationales au Liban au-delà des secours d’urgence en cas de catastrophe et du soutien en cas de pandémie, il a noté que l’AUB s’était empressée de prendre les mesures nécessaires « clairvoyantes et décisives pour résoudre les problèmes auxquels elle était confrontée, tout en accordant la priorité aux membres les plus vulnérables de l’université ».

Pour mémoire

« Malgré les difficultés financières, l’AUB est là pour rester »

Il a annoncé ensuite les changements envisagés au niveau des frais d’inscription, en précisant que l’AUB a « pris la décision après mûre réflexion et concertation avec les professeurs, le personnel et les étudiants ». Une décision qu’il a aussi dit avoir prise avec « beaucoup d’hésitation », affirmant regretter « les difficultés qu’elle va générer pour de nombreux étudiants ». « Nous passons au seul taux légalement tenable, à savoir celui de la plate-forme d’échange électronique de la Banque du Liban, actuellement fixé à 3 900 livres libanaises pour un dollar », a-t-il expliqué, après avoir indiqué que « l’écart entre les revenus générés par les frais universitaires en livres libanaises et les dépenses en dollars était devenu intenable ».

Le président de l’Université américaine de Beyrouth, Fadlo Khuri, lors d’un entretien avec l’AFP, à Beyrouth, le 23 juin 2020. Joseph Eid/AFP

12 % des enseignants partis à l’étranger

Compte tenu de cette nouvelle décision, applicable pour le prochain semestre, les étudiants se répartissent ainsi en quatre catégories, a expliqué M. Khuri. « Selon nos calculs, il existe quatre catégories d’étudiants répartis selon leur capacité à payer les frais d’université, sur la base des données économiques et des informations provenant des inscriptions et des demandes d’aide financière, y compris pendant le semestre d’automne 2020 », a-t-il dit.

Dans une catégorie figurent les étudiants qui ne peuvent pas payer leurs frais d’études sur un dollar indexé à 1 500 livres libanaises et qui ont déjà reçu une aide financière allant jusqu’à 100 %. « Ceux-là vont obtenir davantage d’aides », a-t-il indiqué. Dans une deuxième catégorie se trouvent les étudiants qui ne peuvent pas payer au-delà de 1 508 livres le dollar et qui auront également besoin d’une assistance supplémentaire. Dans une troisième catégorie sont répartis les étudiants qui peuvent payer des frais d’université indexés entre 1 508 et 3 900 livres pour un dollar. « Une assistance leur sera aussi fournie pour combler l’écart découlant du réajustement du taux de change appliqué. » Enfin, dans la dernière catégorie se trouvent les étudiants dont les ressources proviennent des revenus de leurs parents et qui peuvent se permettre de payer le taux ajusté. « En fait, dans de nombreux cas, ces étudiants peuvent verser le plein taux du dollar américain », a indiqué le président de l’AUB, qui a précisé que selon les données de l’université, ils représentent « environ 40 % de nos étudiants ».

« Nous avons déjà demandé à deux reprises à ce dernier groupe de payer les frais en dollars (au Liban ou à l’extérieur du Liban) mais seuls 3 % des frais d’universités ont été réglés en devises au taux plein. Nous ne blâmons personne, étant donné l’incertitude et l’instabilité actuelles, mais une approche différente sera adoptée », a-t-il poursuivi. Dans un communiqué diffusé hier, Fadlo Khuri appelle, au nom de l’AUB, « toutes les familles qui peuvent se le permettre, notamment celles dont les revenus viennent de l’étranger, à payer les frais de scolarité en dollars plutôt qu’en livres. Ces familles permettront à des étudiants méritants – camarades de leurs propres enfants – de continuer leurs études ».

« Je répète notre engagement à aider le plus possible d’entre vous en accroissant le budget d’aides, lance également M. Khuri aux étudiants, dans ce communiqué. Nous serons en contact avec vous et vos familles pour vous expliquer comme accéder à ces aides disponibles pour que les étudiants talentueux puissent achever leur passage à l’AUB avec le soutien de l’université. » Dès hier, le Club laïc de l’AUB, totalement opposé à cette décision, a appelé à une réunion, samedi à midi à Tayyouneh, pour discuter de la stratégie à adopter.

Pour mémoire

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Se penchant sur la situation des enseignants de l’université, Fadlo Khuri a assuré que « personne n’a été licencié ». « Cependant, 12 % d’entre eux ont préféré quitter le pays pour mieux gagner leur vie, notamment à la faculté de médecine et d’études commerciales. Aujourd’hui, 20 000 dollars américains du salaire annuel de chaque professeur est payé en dollars frais », a-t-il ajouté.

En un an, l’AUB a perdu un peu moins de 1 000 étudiants, entre des jeunes qui sont partis en été et d’autres inscrits qui ne sont jamais venus. Ces étudiants font partie des plus nantis.

Au cours de l’année écoulée, l’AUB a fait part, à plusieurs reprises, de ses difficultés financières et a effectué de nombreuses coupures budgétaires, notamment au sein de l’administration de l’université. Parallèlement, la construction de nouveaux bâtiments de l’Hôpital de l’Université américaine (AUH) a été gelée et des centaines d’employés ont été licenciés en juillet dernier.

Le président de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), Fadlo Khuri, a annoncé hier que les frais de scolarité seront désormais payés au taux du dollar bancaire, soit 3 900 livres pour un dollar. Une décision qui a suscité la colère des étudiants, sur fond d’appels à manifester samedi. Un peu plus d’un an après le début de la crise économique sans précédent qui...

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