
Mariam Seif prise dans l’engrenage d’une affaire politico-judiciaire, sur fond d’un conflit familial. Photo DR
À Bourj Brajné, dans la banlieue sud, la famille d’une journaliste, Mariam Seif, est en conflit depuis six ans avec celle de son oncle maternel, Ali Saifeddine. Alors que ce dernier est un partisan du Hezbollah et que la journaliste est l’auteure d’articles virulents contre le parti chiite, une nouvelle dimension politico-judiciaire s’est greffée samedi à la querelle familiale existante. Mariam Seif a accusé la gendarmerie de Mrayjé (banlieue sud), chargée du dossier d’un énième accrochage survenu ce soir-là, de prendre parti pour Ali Saifeddine en raison, dit-elle, de la proximité des agents sécuritaires avec le Hezbollah auquel son oncle est affilié.
La jeune femme habite avec sa famille au rez-de-chaussée d’un immeuble construit par son grand-père maternel, dans lequel réside également la famille de son oncle. « Envenimées par une question d’héritage familial, les relations avec mon oncle se sont détériorées à cause de litiges de voisinage », indique la journaliste qui collaborait avec le quotidien Nida’ el-Watan, avant d’en démissionner récemment.
« En 2014, Ali Seifeddine a tiré sur mon frère sans heureusement le toucher », affirme-t-elle. « Il a avoué, mais le poste de gendarmerie de Mrayjé n’a pas retranscrit son aveu dans le procès-verbal qu’il a établi », accuse Mariam Seif, qui souligne que son propre père a sollicité certains responsables du Hezbollah pour tenter de mettre fin à ces agressions. Selon la journaliste, ceux-ci lui auraient proposé de « retirer le dossier des mains de la justice étatique et (de) la confier à la justice du parti ». « Mon père a refusé, ce qui n’a pas eu l’heur de plaire à ses interlocuteurs. L’affaire est alors devenue politique », indique-t-elle, soulignant que quelques mois plus tard, son oncle est revenu à la charge. « Il a donné un coup de poing à ma sœur et l’a mise en sang », raconte-t-elle. Grâce à l’insistance de Mme Seif, qui accusait de parti pris le poste de police de Mrayjé, la plainte de sa sœur a été transférée à une autre gendarmerie à la banlieue sud. En 2016, le père de Mariam propose une réconciliation entre les deux parties. Mais quelques mois plus tard, après le désistement de la plainte, rebelote. Les disputes recommencent, tantôt sur fond de dégâts causés par des fuites d’eau, tantôt à cause d’interdiction d’accès au toit, pourtant considéré comme partie commune de l’immeuble.
De plaignante à accusée
Depuis, la tension monte crescendo. « En juillet dernier, mon cousin Zoulfikar, fils de Ali Seifeddine, a brandi son arme contre mon frère. En novembre, il l’a de nouveau agressé, le frappant avec un objet contondant et le mordant à l’œil. Tout cela pour lui réclamer notre part des frais de réparation de la copropriété », indique la jeune femme.Se sentant dans une totale insécurité, la famille de Mariam Seif décide d’installer des caméras de surveillance autour de l’immeuble familial. Grand mal lui en a pris. Samedi, selon la jeune femme, Ali Seifeddine charge un individu, dénommé Ahmad Chaito, d’aller les arracher. Celui-ci aurait agressé le frère de Mariam Seif, lui cassant le nez et le menaçant de mort, toujours selon la journaliste. Se trouvant à ce moment là en dehors de son domicile, Mariam Seif découvre la scène sur les écrans de vidéosurveillance. Et appelle aussitôt la gendarmerie de Mrayjé. « Les agents sécuritaires m’ont demandé s’il y a des morts et des blessés avant d’intervenir! » s’indigne-t-elle, les accusant d’avoir minimisé le danger.
Lorsqu’elle arrive au poste de police pour porter plainte, son oncle et l’agresseur s’y trouvent déjà, en train de déposer une plainte contre les membres de la famille de la journaliste pour agression : au lieu d’être plaignante, elle se trouve donc être l’objet de poursuites... C’est Hassan Charara, le neveu de Amine Cherri, député du Hezbollah, qui les a accompagnés. « Nous ne prenons parti pour personne. Il s’agit d’une affaire familiale dans laquelle nous n’intervenons pas », a affirmé celui-ci sur la chaîne al-Jadeed dimanche, soulignant qu’il est resté à peine quelques minutes devant la gendarmerie. « Les deux frères de Mariam Seif ont attaqué un ami de leur oncle alors qu’il sortait de la maison de ce dernier », a-t-il toutefois indiqué. L’OLJ a tenté en vain d’entrer en contact avec Amine Cherri, qui n’a pas donné suite.La journaliste, qui s’était elle aussi rendue samedi au poste de Mrayjé pour déposer plainte contre Ahmad Chaito et Ali Seifeddine, qu’elle accuse d’être l’instigateur, s’insurge : « On ne m’a pas permis de contacter mon avocate. » Toutefois, pour la suite, la journaliste ne se dit pas inquiète parce qu’elle dispose d’une vidéo prouvant l’identité du réel agresseur.
Forces du fait accompli
Jointe par L’OLJ, Diala Shéhadé, l’avocate de Mariam Seif, affirme à cet égard que les agents ont enfreint la nouvelle loi (adoptée le 30 septembre) qui édicte le droit à l’assistance d’un avocat devant la police. Ayant appris que sa cliente était retenue, elle entre en contact avec le poste de gendarmerie. « J’ai moi-même entendu au bout du fil les termes violents qu’a adressés l’agent à ma cliente », s’indigne Me Shéhadé, qui souligne que « les agents ne doivent pas abuser de leur fonction pour se positionner à l’égard des parties au conflit ». L’avocate dénonce par ailleurs « une bande qui puise sa force de l’influence politique, violant la souveraineté de la loi au profit de forces du fait accompli ». « Avec 42 autres avocats, nous comptons présenter demain (aujourd’hui) une plainte auprès du juge d’instruction du Mont-Liban », en vue, dit-elle, de « mener une enquête sur les intimidations, diffamations, menaces à main armée et tentatives de meurtre dont pâtissent depuis des années Mariam et sa famille ».
Pour expliquer l'acharnement dont elle dit faire l'objet, outre le fait que l’affiliation de son oncle au Hezbollah est un facteur qu’elle estime jouer en sa défaveur, Mariam Seif évoque aussi ses écrits journalistiques. « Peut-être considère-t-on que j’ai dépassé mes limites en critiquant dans mes articles le Hezbollah pour les évènements du 7 mai (2008) ou en l’accusant d’avoir attaqué sur le Ring les protestataires du mouvement du 17 octobre ? » s’interroge-t-elle.
À Bourj Brajné, dans la banlieue sud, la famille d’une journaliste, Mariam Seif, est en conflit depuis six ans avec celle de son oncle maternel, Ali Saifeddine. Alors que ce dernier est un partisan du Hezbollah et que la journaliste est l’auteure d’articles virulents contre le parti chiite, une nouvelle dimension politico-judiciaire s’est greffée samedi à la querelle familiale...
commentaires (7)
MR BASSIL POURQUOI VOUS NE VOUS DESSOLARISER PAS DE CETTE MILICE OU DES MEMBRES DE HEZBOLLAH QUI FONT LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS COMME BONLEUR SEMBLE EN TOUTE IMPUNITE POURQUOI NOUS NOUS NE LISONS PAS UN COMMUNIQUE POUR CRITIQUER CES COMPORTEMENT? ET VOUS MR LE CHEF DE LA POLICE RESPONSABLE DE CES BUREUX DANS LES ZONES CHIITES POURQUOI VOUS N'ENQUETEZ PAS SUR LE COMPORTEMENT DES POLICIERS QUAND DES PERSONNES ACCUSENT DES PRO HEZBOLLAH DE LES MENACER? LA VERITE HEZBOLLAH EST COUVERT PAR AMAL ET LE CPL CAD BERRY AOUN ET BASSIL ET DONC NE CRAINT RIEN DE L'ETAT
LA VERITE
18 h 25, le 08 décembre 2020