Rechercher
Rechercher

Culture - Concert

Des cordes résonnantes au cœur de la ville du silence

Des cordes résonnantes au cœur de la ville du silence

L’ensemble libanais de musique de chambre Les Cordes résonnantes, dirigé par Joe Daou, a plongé samedi soir – dans le cadre de Beirut Chants – le public de l’église Saint-Maron à Gemmayzé dans l’époque baroque. Photo DR

Avec un florilège de thèmes, de contrepoints, d’harmonies et d’ornementations baroques, l’ensemble libanais de musique de chambre Les Cordes résonnantes, dirigé par Joe Daou, a plongé samedi soir – dans le cadre de Beirut Chants – le public de l’église Saint-Maron à Gemmayzé dans l’ère des contrastes. Une ère où « tous les contraires seraient harmonieusement possibles », comme l’aurait dit le célèbre musicologue Philippe Beaussant, faisant ainsi revivre les réminiscences de l’époque baroque, dont le répertoire est injustement négligé au Liban. Alternant tempi lents et vifs, écriture homophone et imitative au sein d’une même œuvre, le programme s’est ouvert sur une forme musicale assez particulière, peaufinée par l’un des grands maîtres de l’école musicale italienne, Arcangelo Corelli : le concerto grosso. Enchaînant les dialogues et les réponses entre le concertino et le ripieno, les musiciens, armés de leurs vibrants archets, se sont particulièrement distingués par leur technique d’une assez bonne maîtrise (si l’on fait abstraction de quelques intonations mal contrôlées), leur phrasé délicatement nuancé et une sonorité chaleureuse racontant, à travers le dernier mouvement du concerto grosso n° 8 Pour la nuit de Noël de Corelli, la féerie de la pastorale sacrée sur la naissance du Seigneur Jésus-Christ. Toutefois, bien que le compositeur ait opté pour un arrangement où la beauté des effets d’écho présents dans les marches harmoniques, et des improvisations des lignes ornementales, prend le dessus sur la virtuosité du premier violon, le premier violoniste de la soirée a quand même voulu tant bien que mal voler la vedette par ses mouvements quelque peu exagérés...

« Du lever au coucher du Soleil »

Puis vint le tour du Laudate Pueri RV 601 d’Antonio Vivaldi, une véritable pièce virtuose pour soprano (écrite à l’origine pour un castrat) caractérisée par les inflexions gracieuses des lignes mélodiques, évoquant divers thèmes célestes allant du lever du soleil dans le troisième mouvement A solis ortu usque ad occasum (« Du lever au coucher du Soleil ») chanté en premier par Olga el-Kik, avant d’aboutir à la gloire divine illustrée dans le septième mouvement Gloria Patri. Malgré quelques déraillements dans les notes les plus aiguës, la soprano libanaise a livré une interprétation convaincante du joyau baroque, saluée par la foule d’auditeurs.

Lire aussi

La volonté de vie réveille Beyrouth de son agonie

L’ensemble Les Cordes résonnantes, accompagné par Céline Hjeily à l’orgue, a attaqué ensuite le Concerto pour orgue op. 7 n° 5 de Georg Friedrich Haendel et son mouvement d’ouverture Allegro ma non troppo, caractérisé par un dialogue entre les cordes jouant un tutti à l’unisson avec l’orgue exécutant des passages chromatiques complexes parfois, plus faciles d’autres fois. Le concerto se poursuit par une série de variations pour l’orgue avant d’aboutir à un menuet et une gavotte. On notera la haute qualité du jeu de la soliste qui a réussi à rendre avec brio le galbe des lignes et le dynamisme des tempi avec la dextérité et la vivacité de ses doigts.

Une touche espagnole a conclu le répertoire de ce récital avec La Folia op. 1 n° 12 de Vivaldi, l’une de ses plus célèbres pièces qui commence par un thème principal, sur le rythme typique de la sarabande, avant de se poursuivre avec vingt variations. La tension oscille tout au long des mouvements pour prendre progressivement un élan, à partir de la variation XVII, et aboutir aux figurations rapides des deux variations finales, interprétées avec virtuosité par l’ensemble composé majoritairement de jeunes musiciens libanais alors que l’Orchestre philharmonique du Liban compte plus de 60 % de musiciens étrangers. À bon entendeur...

Avec un florilège de thèmes, de contrepoints, d’harmonies et d’ornementations baroques, l’ensemble libanais de musique de chambre Les Cordes résonnantes, dirigé par Joe Daou, a plongé samedi soir – dans le cadre de Beirut Chants – le public de l’église Saint-Maron à Gemmayzé dans l’ère des contrastes. Une ère où « tous les contraires seraient harmonieusement...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut