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Économie - Infrastructures

Électricité : l’avenir d’EDZ une nouvelle fois en jeu

Deux propositions de lois fixant l’avenir du contrat d’exploitation liant l’État à l’ancienne concession ont été récemment déposées au Parlement.

Électricité : l’avenir d’EDZ une nouvelle fois en jeu

Des employés d’EDZ manifestant samedi devant le siège de leur compagnie. Photo NNA

L’avenir des relations entre Électricité du Liban (EDL), établissement public chargé de la production d’électricité dans le pays, et la société Électricité de Zahlé (EDZ), ancienne concession devenue prestataire de services gérant le réseau de distribution dans la grande ville de la Békaa, a encore défrayé la chronique au cours du week-end écoulé.

Plusieurs salariés d’EDZ ont en effet manifesté samedi devant le siège de leur compagnie, dans le centre de Zahlé, pour demander la prolongation pour un minimum de deux ans du contrat d’exploitation liant les deux entités depuis 2018 et arrivant à échéance le 31 décembre. « Comment cela est-il possible que nous soyons à la fin de 2020 et que l’avenir de l’entreprise et de ses employés reste inconnu ? » s’est interrogé Robert Kalaily, président du syndicat réunissant ces employés. Il a appelé le Parlement à se réunir pour régler cette question de manière à protéger les intérêts des habitants de la région et des familles des 200 personnes qui travaillent pour l’ancienne concession.

La loi n° 107

Mis en place par la loi n° 107 adoptée en novembre 2018, le contrat évoqué par les employés d’EDZ s’est substitué au régime de concession dont bénéficiait la société depuis 1923. Il entérine en outre une spécificité propre à EDZ, qui a unilatéralement commencé début 2015 a produire de l’électricité pour la distribuer pendant les heures de coupures d’EDL à 70 000 foyers et entreprises à Zahlé, et à au moins 16 municipalités voisines, soit 300 000 habitants selon les chiffres actualisés de la société, transmis à L’Orient-Le Jour par son directeur général adjoint Nagi Jreissati.

Le fournisseur public, qui a besoin d’être réformé depuis des décennies, ne déploie pas en effet suffisamment de courant pour répondre à la demande (environ 1 800 mégawatts disponibles pour une demande qui dépasse les 3 000 MW pendant l’été). Cette carence, savamment entretenue par les responsables politiques sur fond de clientélisme, a favorisé l’apparition d’exploitants de générateurs privés à qui EDZ s’est donc substituée dans sa localité en louant à l’écossais Aggreko des unités de production temporaires totalisant près de 60 mégawatts (contre un peu plus de 50 MW lors du lancement).

Or, le déploiement de ces unités de production a rapidement irrité le ministère de l’Énergie et de l’Eau, ainsi que EDL à l’époque de leur mise en service. Selon ces derniers, EDZ a en effet violé la loi de 1964 qui accorde le monopole de production d’électricité à EDL. Mais pour les partisans d’EDZ, la société détenait toujours sa prérogative de production accordée par le régime de concession et avait simplement concédé d’arrêter de l’exercer lorsque EDL a été créée. Outre la production, la concession d’EDZ lui donne le droit de gérer la distribution de courant dans les régions qui dépendent d’elle.

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Faute d’alternative crédible – les générateurs privés étant illégaux, bien que tolérés –, EDZ a donc continué à produire du courant et à le facturer en même temps que celui produit par EDL. Le débat sur l’avenir de la concession a été relancé en 2018 avec l’expiration de la concession, opposant, d’une part, les voix réclamant le retour des équipements gérés par la société dans le giron d’EDL à celles réclamant une prolongation de la concession, d’autre part.

Réunion aujourd’hui

La loi n° 107 a finalement privilégié une troisième solution : le remplacement du régime de concession par un contrat d’exploitation de deux ans non renouvelable. La loi et le contrat ont notamment reconnu la prérogative de production de courant par EDZ, mettant par la même occasion fin au débat concernant sa légalité. L’ancienne concession vend donc toujours du courant acheté à EDL selon les modalités prévue par la législation libanaise (à 88,1 livres le kilowattheure, un niveau supérieur aux 75 livres facturées par exemple à la société Électricité de Jbeil) pour le revendre à des tarifs progressifs (allant de 35 à 200 livres le kWh en fonction des paliers de consommation). Les tarifs du courant produit par EDZ sont fixés par le ministère de l’Énergie. Selon l’ancienne concession, il a été fixé à 521 livres le kWh pour les factures de novembre, soit 73 livres de moins que le tarif imposé aux générateurs privés pour le même mois (594 livres, sans compter les frais d’abonnement).

Selon Nagi Jreissati, l’écart entre ces deux tarifs s’est réduit avec l’effondrement de la livre face au dollar. « À part le salaire des employés, la quasi-totalité de nos dépenses sont en dollars, et les tarifs actuels nous permettent tout juste de rester à flot, vu que nos revenus sont en livres », justifie le directeur adjoint. Le Liban vit depuis plus d’un an une profonde crise économique et financière, sa monnaie s’étant s’effondrée face au dollar dans des proportions spectaculaires.

Nagi Jreissati ajoute que dans la Békaa, une majorité de propriétaires de générateur appliquent la majoration de 10 % autorisée par le ministère pour les installations situées en altitude et dans les zones rurales, où les coûts de raccordement et de transport sont plus élevés. Enfin, le contrat a imposé à EDZ de facturer séparément le courant d’EDL et celui de ses unités de production, alors qu’elle éditait avant une facture unique basée sur un tarif médian.

À l’approche de l’expiration du contrat – qu’EDL et le ministère des Finances n’auront finalement pas signé dans les délais pour des raisons qui n’ont pas été clairement définies –, deux propositions de lois distinctes ont récemment été déposées au Parlement. Une première, signée par trois députés de Zahlé : Georges Okaïs (Forces libanaises), César Maalouf (FL) et Assem Araji (Futur), lesquels demandent une extension du contrat pour deux ans aux mêmes conditions. Et une seconde, déposée par les députés du Courant patriotique libre et signée par César Abi Khalil (ministre de l’Énergie au moment de l’adoption de la loi n° 107), Salim Aoun, le chef du CPL Gebran Bassil et Hekmat Dib, appelant à prolonger le contrat de douze mois et imposant le lancement d’un appel d’offres pour remettre le marché public en jeu.

L’affaire tient en tout cas les habitants de Zahlé et de ses environs en haleine et a même mobilisé Issam John Darwiche, archevêque grec-melkite catholique de Ferzol, Zahlé et la Békaa, qui doit rencontrer aujourd’hui le président du Parlement Nabih Berry pour aborder le dossier. Il est dans ce contexte possible que le Parlement soit convoqué d’ici à la fin de l’année pour trancher.



L’avenir des relations entre Électricité du Liban (EDL), établissement public chargé de la production d’électricité dans le pays, et la société Électricité de Zahlé (EDZ), ancienne concession devenue prestataire de services gérant le réseau de distribution dans la grande ville de la Békaa, a encore défrayé la chronique au cours du week-end écoulé.Plusieurs salariés d’EDZ...

commentaires (1)

Ils ont l'electricité 24/24 à ZAHLE et voilà que les dits responsables libanais veulent réintégrer Zahlé au giron de l'EDL pour leur couper le courant?? ils sont malades ou quoi?? Laissez les en paix avec leur electricité opérationnelle et même, on demandera à EDZ de prendre en charge le Liban puisqu'ils assurent, réussissent là où l'EDL n'a pas réussi en 30 ans.

LE FRANCOPHONE

02 h 45, le 07 décembre 2020

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Commentaires (1)

  • Ils ont l'electricité 24/24 à ZAHLE et voilà que les dits responsables libanais veulent réintégrer Zahlé au giron de l'EDL pour leur couper le courant?? ils sont malades ou quoi?? Laissez les en paix avec leur electricité opérationnelle et même, on demandera à EDZ de prendre en charge le Liban puisqu'ils assurent, réussissent là où l'EDL n'a pas réussi en 30 ans.

    LE FRANCOPHONE

    02 h 45, le 07 décembre 2020

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