
Le président français Emmanuel Macron s'exprimant lors d'une visioconférence internationale de "soutien à la population libanaise", depuis l'Elysée, à Paris, le 2 décembre 2020. AFP / POOL / Ian LANGSDON
Le président français Emmanuel Macron, qui a coprésidé mercredi avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres une nouvelle visioconférence internationale de "soutien à la population libanaise", quatre mois après l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth, a assuré qu'il ne "lâchera rien" sur ses exigences faites aux autorités libanaises au sujet des réformes que leur réclame la communauté internationale pour débloquer une aide financière au pays en crise. Le président libanais, Michel Aoun, a de son côté imploré la communauté internationale de "ne pas abandonner" le pays du Cèdre.
A cette réunion pilotée depuis l'Elysée, et qui a commencé à 18h30, ont été conviés des chefs d'Etat, des organisations internationales, des bailleurs de fonds multilatéraux, ainsi que des ONG et des représentants de la société civile libanaise (voir ici la liste complète des participants).
Il s'agit de la seconde réunion au sommet de ce type organisée par Paris après celle du 9 août, cinq jours après la double explosion du port. La communauté internationale avait alors mobilisé une aide d’urgence de 250 millions d’euros. Elle a lieu alors que la situation économique et sociale s’aggrave de jour en jour et que les parties politiques n’ont pas rempli leur engagement pris devant le président Macron, lors de sa seconde visite à Beyrouth début septembre. Il s’agissait pour eux de former rapidement un gouvernement chargé de mettre en place les réformes structurelles, condition pour le déblocage d’une importante aide internationale. Plus tôt dans la journée, un responsable à l'Elysée avait déploré qu'aucune de ces réformes n'ait été mise en place, des mois après la visite de M. Macron. Ce responsable avait affirmé qu'il n'y aurait pas d'aide financière au Liban sans que ces mesures ne soient mises en œuvre.
Macron à Beyrouth en décembre
"Nous ne lâcherons rien (...) sur nos exigences, qu'elles portent sur les réformes ou l'enquête sur les origines de l'explosion du port. Je me rendrai à nouveau au Liban en décembre pour les porter", a déclaré le président français dans son discours mercredi.
L'audit, "enjeu national"
Le président libanais Michel Aoun qui a également pris la parole dans un discours par visioconférence depuis Beyrouth, a remercié son homologue français pour "le soutien indéfectible qu’il manifeste sans relâche envers le Liban", tout en assurant que l’initiative française devait continuer "malgré toutes les entraves (…) car les crises que traverse mon pays dépassent ses limites".
Evoquant l’audit juricomptable de la Banque du Liban, une procédure qui figure en tête des réformes réclamées par la communauté internationale, M. Aoun a indiqué que la lettre qu’il a adressée au Parlement à la suite du retrait du cabinet Alvarez & Marsal "a recueilli un consensus général. La réponse des blocs parlementaires a été un accord unanime pour un audit complet et global", a-t-il assuré, affirmant qu’il s’agit là d’un "enjeu national" auquel il tient "plus que tout". "Sans lui, aucun accord n’est possible avec les pays désireux d’aider le Liban ni avec le Fonds monétaire international", a indiqué M. Aoun. "Cette décision devrait permettre de faire toute la lumière sur les responsables de la faillite de notre système économique et ouvre la voie aux réformes nécessaires au rétablissement de l’État libanais", a-t-il encore dit.
La semaine dernière, le cabinet international chargé de mener à bien l'audit juricomptable de la Banque du Liban s'était désisté, estimant qu'il ne recevrait pas "dans un futur proche" les documents et informations nécessaires. La BDL a en effet refusé de transmettre certaines informations au cabinet, via le ministère des Finances, estimant que cela enfreint la loi sur le secret bancaire. Réagissant à cette rupture du contrat entre la firme et l'Etat, le Parlement s'était réuni vendredi, à la demande du chef de l'Etat, et avait publié une décision selon laquelle les comptes de la BDL et de toutes les institutions publiques devront être soumis à un audit "sans entrave ni invocation du secret bancaire". La portée légale de cette décision est toutefois controversée.
Lors de son discours, le président libanais s’est dit "résolu, quel que soit le prix à payer, à aller jusqu’au bout pour délivrer le pays du système de corruption politique, financière et administrative dont il est otage sous couvert de divers types de protections codifiées, sectaires, confessionnelles et sociales". "Votre assistance à travers les moyens dont disposent L’Organisation des Nations unies et l’Union européenne pour la lutte contre les détournements des fonds publics et dans le traçage des transferts illicites réalisés notamment à partir du 17 octobre est indispensable", a-t-il ajouté.
Trois mois après l'engagement pris par les parties envers M. Macron, et près de quatre mois après la démission du cabinet de Hassane Diab après la catastrophe du 4 août, aucune équipe n'a encore été mise sur pied. Après une première tentative menée par le diplomate Moustapha Adib, qui avait jeté l'éponge après plusieurs semaines face aux revendications notamment du tandem chiite Amal-Hezbollah, c'est au tour du leader du courant du Futur, Saad Hariri, de peiner à mettre sur pied son équipe ministérielle. Depuis sa désignation, le 22 octobre, les tractations s'enlisent, face aux demandes et conditions des différentes formations politiques et à ses divergences avec le président Aoun.
Un gouvernement "qui réponde aux besoins des Libanais"
"Nous renouvelons l'appel aux autorités libanaises pour qu'elles mettent en place un filet de sécurité sociale et entreprennent les réformes globales nécessaires, notamment dans le secteur financier", a pour sa part déclaré le président de la BM, David Malpass. "La Banque mondiale est prête à aider les Libanais et les institutions au Liban, en contribuant avec d'autres institutions et pays, et nous affirmons notre engagement à aider afin de reconstruire le port de Beyrouth", a-t-il ajouté.
La directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a, elle, assuré que le FMI était engagé à aider le Liban à mettre en œuvre les réformes nécessaires, mais que le pays avait besoin d'un cadre budgétaire cohérent et d'une stratégie crédible pour réhabiliter son secteur bancaire. Mme Georgieva a aussi affirmé que les efforts du FMI pour développer un programme global de réforme n'ont pas avancé ces derniers mois en raison de l'absence d'un gouvernement libanais habilité.
Quant au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, il a appelé à former un gouvernement qui réponde aux besoins des Libanais. Il a également estimé qu'il fallait mobiliser davantage de soutien pour les besoins urgents des familles et des entreprises touchées par le drame du port.
Dans le communiqué final, il est écrit que la "communauté internationale a réaffirmé avec force sa solidarité avec la population libanaise" et qu’elle travaille "à la mobilisation de soutiens additionnels en terme de relèvement précoce au profit direct des populations les plus vulnérables". Il est également indiqué que le cadre 3RF (réforme, relèvement, reconstruction) et sa facilité de financement préparés par la banque mondiale, l’ONU et l’UE ont été présentés.
Le président français Emmanuel Macron, qui a coprésidé mercredi avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres une nouvelle visioconférence internationale de "soutien à la population libanaise", quatre mois après l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth, a assuré qu'il ne "lâchera rien" sur ses exigences faites aux autorités libanaises au sujet des...
commentaires (7)
Macron au front défendant bec et ongles notre pays comme s’il s’agissait du sien pendant que Aoun est aux supplices à bloquer toutes les solutions que les pays aidants lui trouvent et joue au martyr, mendiant les sous pour redorer son blason comme s’il sortait de sa poche alors qu’il n’est autre que le tortionnaire de ce pays et tous ses actes le prouvent. Aucun des premiers ministres ne trouve grâce à ses yeux à se demander si ce président a jamais eu une fibre nationale ou un brin de conscience patriotique ou une conscience tout court. Une fois l’argent garanti il reviendra au galop pour cracher dans la soupe comme à son habitude pour dénoncer l’ingérence et affirmer que lui seul peut décider du bien du pays avec son équipe comme il l’avait déjà fait lors d’une des visites de M. Macron une fois que ce dernier avait le dos tourné. Que peut on espérer?
Sissi zayyat
15 h 36, le 03 décembre 2020