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Économie - Liban

La Banque mondiale dénonce une "dépression délibérée" de l'économie

Dans un nouveau rapport, l'institution appelle à la formation d'un "gouvernement doté d'une logique de réforme pour appliquer urgemment un plan de réformes global".

La Banque mondiale dénonce une

Vue depuis le port de Beyrouth dévasté par les explosions du 4 août 2020. Photo Archives AFP

La Banque mondiale (BM) a déploré mardi une "dépression économique délibérée" au Liban, épinglant ainsi de manière claire les politiques adoptées par les autorités d'un pays englué dans une grave crise économique et financière depuis un an.  Dans un rapport publié mardi où elle analyse les racines des crises sociale et économique en cours, l'institution a affirmé que cette dépression aurait des conséquences sans précédent pour le capital humain du pays, sa stabilité et sa prospérité". La BM déplore aussi l'absence d'action des autorités et appelle à la formation d'un gouvernement réformateur pour mettre en œuvre de toute urgence un agenda de réformes. 

"Dépression pénible et prolongée"
"Alors que le Liban connaît une grave crise économique depuis un an, l'absence délibérée d'action politique efficace de la part des autorités fait subir à l'économie une dépression pénible et prolongée", dénonce le Lebanon economic monitor (LEM) de la BM. "Le Liban souffre d'un épuisement dangereux de ses ressources, y compris du capital humain, alors que la fuite des cerveaux s'accélère. Le lourd fardeau de l'ajustement financier est particulièrement porté par les petits déposants, la main-d'œuvre locale payée en livres libanaises et les petites entreprises", souligne encore la Banque mondiale.

L'institution rappelle que "depuis plus d’un an, le Liban connaît une crise économique et financière, suivie du coronavirus, et dernièrement l’explosion du port de Beyrouth", le 4 août et qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés. "Des trois crises, la crise économique a eu - de loin - l'impact négatif le plus important et persistant", estime la BM.

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"La pauvreté continuera vraisemblablement de s'aggraver, touchant plus de la moitié de la population. Une contraction du PIB libanais par habitant et une inflation élevée entraîneront sans aucun doute une augmentation substantielle des taux de pauvreté et affecteront la population par différents canaux tels que le chômage, la baisse du pouvoir d'achat et le blocage des envois de fonds internationaux. Une main-d'œuvre hautement qualifiée est de plus en plus susceptible de saisir des opportunités potentielles à l'étranger, ce qui constitue une perte sociale et économique permanente pour le pays", met encore en garde la Banque mondiale.

Appel à un gouvernement de réformes
Sur le plan politique, la Banque mondiale dénonce l'inaction et le manque de coordination des autorités. Au vu de la faiblesse structurelle du pays, "la crise économique du Liban sera probablement à la fois plus profonde et plus longue que la plupart des crises économiques", avertit le rapport.

"L’absence de consensus politique sur les priorités nationales entrave gravement la capacité du Liban à mettre en œuvre des politiques de développement à long terme et visionnaires", dénonce Saroj Kumar Jha, directeur régional de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient. Il appelle de ses vœux un nouveau gouvernement pour mettre en œuvre "une stratégie de stabilisation macroéconomique crédible avec des mesures à court terme pour contenir la crise, ainsi que des mesures à moyen et long terme pour relever les défis structurels". "Ceci est impératif pour restaurer la confiance du peuple libanais - en particulier des jeunes", affirme-t-il. 

Le LEM de la Banque mondiale préconise une politique basée sur cinq piliers : un programme de stabilisation macroéconomique, et un ensemble de mesures de gouvernance et de réforme de la reddition des comptes, de développement des infrastructures et des opportunités économiques, ainsi que du capital humain. Cela comporte une condition préalable : "l’engagement des décideurs libanais à reconstruire une économie plus productive, équitable et résiliente". "Sans réformes, il ne peut y avoir de relèvement et de reconstruction durables, et la situation sociale et économique continuera de s’aggraver", conclut la Banque mondiale.

Dans ce contexte, le président de la République, Michel Aoun, a reçu mardi une délégation de la Banque mondiale qui comprenait son directeur régional pour le Moyen-Orient, Saroj Kumar Jha, l'ambassadeur de l'Union européenne au Liban, Ralph Tarraf, et la coordinatrice des Nations unies pour l'aide humanitaire, Najat Rushdie, qui lui ont présenté un rapport sur la deuxième phase du plan de reconstruction des zones touchées par l'explosion du port. M. Kumar Jha a annoncé lors de la réunion, selon la présidence libanaise, qu'une "nouvelle caisse devrait être mise en place pour faciliter l'aide financière au Liban" suite à l'explosion au port, "afin qu'il puisse mener les réformes et la croissance". Il a estimé que la mise en place d'une telle caisse "pourrait se faire lors de la conférence de Paris" qui se tient demain sous la coprésidence du chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, et de l'ONU.

"Le Liban mise beaucoup sur la tenue de la deuxième conférence internationale convoquée par le président Macron et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres", a pour sa part affirmé M. Aoun. Le chef de l'Etat libanais a en outre estimé que l'audit des institutions étatiques, notamment la Banque du Liban, "allait renforcer la crédibilité au pays face à la communauté internationale, en particulier les pays donateurs". Cet audit est posé comme l'une des conditions à toute aide internationale. Le cabinet en charge de ce contrôle, Alvarez & Marsal a jeté l'éponge récemment, face au refus de la BDL de lui fournir les documents nécessaires. Suite à une lettre adressée par le président Aoun au Parlement, la Chambre a décidé de mener un audit sur toutes les administrations publiques. Une décision qui n'a toutefois aucune portée légale.

Récemment, le Fonds monétaire international (FMI) a fait savoir que le PIB nominal du Liban allait tomber à 18,7 milliards de dollars cette année, contre 52,5 milliards un an plus tôt.


Lire l'intégralité du rapport ici

La Banque mondiale (BM) a déploré mardi une "dépression économique délibérée" au Liban, épinglant ainsi de manière claire les politiques adoptées par les autorités d'un pays englué dans une grave crise économique et financière depuis un an.  Dans un rapport publié mardi où elle analyse les racines des crises sociale et économique en cours, l'institution a affirmé...
commentaires (9)

Le seul espoir maintenant est un coup d’Etat.

AntoineK

19 h 28, le 01 décembre 2020

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Commentaires (9)

  • Le seul espoir maintenant est un coup d’Etat.

    AntoineK

    19 h 28, le 01 décembre 2020

  • "Le Liban mise beaucoup sur la tenue de la deuxième conférence internationale convoquée par le président Macron et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres", a pour sa part affirmé M. Aoun. par contre les reformes les audits de tout monde pose probleme car ils ne savent pas par qui commencer, donc s il vous plais envoyer nous un petit chaque de quelques milliards de dollars on verra apres .

    youssef barada

    18 h 34, le 01 décembre 2020

  • Il n’y a pas que la dépression monétaire qui est délibérée, le départ des cerveaux et la dépression des citoyens qui ont décidé de rester sont aussi délibérés. Le blocage de toute solution ne s’explique que par une chose, l’achèvement délibéré du pays et de ses citoyens. Aucun des politiciens au pouvoir ne veut que le salut du pays sans être mêlé à l’étape d’après pour continuer à voler et à saccager puis a redemander de l’aide en utilisant la misère du peuple pour apitoyer le monde, alors qu’ils sont à l’origine de leur souffrance. Ils continueront tant que personne ne se trouvera sur leur chemin pour leur ASSEZ en les remerciant à coup de pieds pour tout ce qu’ils ont fait subir au pays et à son peuple. Le simple fait de continuer à rencontrer un chef d’état qui participe à l’effondrement du pays prouve que le monde n’a rien compris à ce qui se trame dans notre pays. Il leur dit qu’il est empêché? Il l’a tellement t répète que certains libanais en sont arrivés à le croire jusqu’à ce qu’ils se rendent compte que le seul qui empêche ce président de sauver son pays n’est lui même et son entourage proche pour la seule raison de garder ce qui était impensable pour eux mais qu’ils ont réussi à avoir en s’alliant avec le diable qui n’est autre que LE FAUTEUIL. Ça leur a permis de fanfaronner et de se faire une place dans la société jusqu’à ce que le glas a sonné. Devinez pour qui.

    Sissi zayyat

    18 h 27, le 01 décembre 2020

  • Cher LEM de la BM, depuis le temps, vous devriez savoir que les “autorités" Libanaises ne comprennent même pas les mots de vos cinq piliers de réformes suggérées. Tout ce qui leur importe en ce moment c’est à quel taux de conversion du dollar ils peuvent demander leur "petite commission qui leur est due pour faire avancer quoique ce soit", et aussi (surtout) à se mettre des bâtons dans les trous les uns les autres... merci quand même, mais ne perdez pas votre temps. D’autres que nous méritent mieux votre aide.

    Gros Gnon

    17 h 22, le 01 décembre 2020

  • TANT QUE LE LIBAN RESTERA SOUMIS A HEZBOLLAH QUI A DES INTERETS IRANIENS AU LIBAN EN SYRIE EN IRAK ET AU YEMEN , LE LIBAN NE SURVIVRA PAS DANS LA FORME OU IL A ETE CONCU A L'ORIGINE: UN HAVRE DE PAIX POUR LES CHRETIENS DU MOYEN ORIENT VIVANT EN TOUTE HARMONIE AVEC LES AUTRES RELIGIONS LE MONDE ARABE FAIT LA PAIX AVEC ISRAEL ET NOUS VOULONS FAIRE LA GUERRE SANS AUCUNE RAISON VALABLE L'EGYPTE ET LA JORDANIE ONT PERDU DES MILLIERS DE SOLDATS DURANT LES GUERRES AVEC ISRAEL ET CELA NE LES A PAS EMPECHE DE FAIRE LA PAIX AGISSONS RAPIDEMENT ET FAISONS UNE PAIX AVEC ISRAEL QUI ENTRAINERAIT DE FACTO LE DESARMEMENT DE LA MILICE DE HB QUI N'AURA DONC AUCUNE RAISON D'EXISTER ET NOUS PROFITERONS D'UNE MANNE OCCIDENTALE ET MEME D'UN TOURISME ISRAELIEN POUR SAUVER LE PAYS LA VERITE QUAND COMPRENDRONS NOUS , NOUS LES LIBANAIS , QUE NOTRE UNITE AVEC LA CAUSE PALESTINIENNE NOUS A COUTE SUFFISAMENT CHER ET QUE LE TEMPS EST VENU DE TOURNER LA PAGE ET DE SUIVRE LE MOUVEMENT ENCLANCHE PAR LES AUTRES ETATS ARABES AVANT QU'IL NE SOIT TROP TARD POUR NOUS

    LA VERITE

    16 h 12, le 01 décembre 2020

  • La malchance du Liban c’est d’avoir eu Obama pendant le soulèvement syrien, tout autre président même Démocrate aurait fait vaciller l ‘édifice pourri sans intervention russe qui l’a maintenu en survie artificielle. Qui dit changement en Syrie dit un étranglement du Hezbollah et un sauvetage du Liban qui aurait rejoint sa place naturelle au centre du Moyen Orient face à l’axe de la lose et de la faillite iranienne.

    Liban Libre

    15 h 34, le 01 décembre 2020

  • "dépression délibérée". Le caractère délibéré est évident. Et que l'on ne parle pas de complot étranger. Les auteurs sont bien libanais. Ceux qui bloquent la formation d'un cabinet de salut, ceux qui empêchent toute réforme, ne sont ni américains, ni papous, mais bel et bien des maffieux libanais.

    Yves Prevost

    15 h 01, le 01 décembre 2020

  • Je suis très curieux de savoir ce que Aoun a répondu à la délégation de la BM.

    Robert Malek

    13 h 42, le 01 décembre 2020

  • Ca fait 15 ans qu'on entend l'évidence qu'on la sait. Il faut maintenant se concentrer sur une alternative Chiite viable au duo maléfique car on le sait tous les armes couvrent la corruption et vice versa. Il faut que les gens issues de la société émergent avec le soutien pourquoi pas de politiciens qui n’ont pas participe au pillage ou l’ont couvert par lâcheté. Quand on voit le nouveau Moyen Orient émerger et le Liban qui a vraiment tous les atouts pour en être le leader, est encore en train de rater le train en marche.

    Liban Libre

    13 h 15, le 01 décembre 2020

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