Au premier jour d'un déconfinement progressif, le Liban a enregistré 1 000 nouveaux cas de coronavirus et 14 décès au cours des dernières 24 heures, selon le bilan officiel du ministère de la Santé publié lundi. La baisse apparente du nombre de cas quotidiens est due à une baisse du nombre de tests effectués au cours des dernières heures, alors que la majorité des laboratoires traitant les tests sont fermés au cours du week-end. Ces chiffres font grimper à 127 903 le nombre cumulé des contaminations depuis l'apparition du virus au Liban en février, au nombre desquels 1 018 décès et 80 210 guérisons. Parmi les personnes actuellement contaminées, 952 sont hospitalisées, dont 354 aux soins intensifs.
A 5h ce matin, le pays a entamé son déconfinement progressif, dans une première phase qui doit s'étendre jusqu'au 7 décembre. Lors de cette période, les commerces et restaurants pourront rouvrir leurs portes, à 50 % de leur capacité, tandis que les bars et les boîtes de nuit resteront fermés et les mariages interdits. Le couvre-feu s'étendra de 23h00 à 5h et les véhicules pourront circuler tous les jours.
Réagissant à cette réouverture, après deux semaines d'un bouclage qui n'a pas eu les effets escomptés, le directeur de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, Firas Abiad, a appelé les Libanais à "prendre leurs responsabilités" avec la reprise de leurs activités. "Si l'on utilise le nombre actuel de nouveaux cas de Covid-19, leur répartition en fonction des âges et le taux de positivité, l'on peut estimer que 1,5 % de la population de plus de 16 ans au Liban est actuellement contaminée, a écrit le Dr Abiad sur son compte Twitter. Si 50 personnes de cette tranche d'âge sont rassemblées, la probabilité est de 50 % que l'un d'entre eux soit atteint du Covid-19". "Des lits ont été ajoutés dans les hôpitaux, mais même dans les meilleurs établissements, un tiers des patients admis aux soins intensifs mourront", a-t-il par ailleurs mis en garde. Rappelant que le virus peut rapidement se transmettre dans les espaces fermés et dans les rassemblements prolongés, surtout dans des conditions où les masques de protection sont retirés, il a dès lors exhorté les Libanais à évaluer les risques qu'ils peuvent encourir pour eux et leur famille, lorsqu'ils sortent de chez eux. "Lorsque l'on envisage des rassemblements élargis, la sécurité personnelle et la réduction des risques doivent être la priorité", a-t-il conclu, invitant à nouveau les citoyens à "prendre leurs responsabilités".
"Les Libanais doivent coopérer afin que le combat pour l'éducation ne soit pas perdu", a lancé le ministre Majzoub lors d'une conférence de presse organisée le jour de la reprise des cours en enseignement "mixte", mêlant les cours à distance et le présentiel. Il a estimé que ce type d'enseignement hybride permettait d'établir un équilibre entre les aspects sanitaire et social, en prenant des précautions contre le virus tout en permettant aux enfants de bénéficier de cours en présentiel. Il a dans ce cadre appelé le ministère des Télécommunications à garantir des connexions rapides à Internet pour les élèves et les enseignants, afin de faciliter l'axe "virtuel" de cet enseignement. Et de souligner que si un établissement scolaire "ne parvient pas à assurer l'enseignement à distance pour les élèves que les parents ne veulent pas envoyer à l'école, une coopération sera établie entre l'école et le ministère afin de "trouver des solutions adéquates", affirmant que "personne ne peut obliger les parents à envoyer leurs enfants à l'école". En ce qui concerne l'enseignement au second semestre, M. Majzoub a indiqué que des décisions seraient prises en temps voulu "après une évaluation de la situation sanitaire".
Le ministre a encore souligné que des efforts étaient actuellement déployés pour développer une plateforme sur laquelle seront annoncées le nombre de cas de coronavirus dans les écoles "pour des raisons de transparence". Enfin, M. Majzoub a annoncé que des tests antigéniques rapides seraient mis à disposition des enseignants présentant les symptômes du Covid-19, de la part du ministère de la Santé, ajoutant que les enseignants pourraient également passer gratuitement des tests de dépistage PCR.
De son côté, le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, a rappelé que les symptômes du Covid-19 étaient généralement moins graves chez les enfants, à l'exception de ceux souffrant de maladies chroniques. "Le nombre d'enfants de moins de 10 ans ayant été contaminés par le virus est inférieur à 3 % du nombre total de contaminations et seuls deux décès d'enfants ont été enregistrés, sachant que ces deux mineurs souffraient de maladies chroniques et de malformation congénitale", a-t-il indiqué.
Don de l'OMS
Le ministère du Tourisme a pour sa part demandé à tous les restaurants de fournir un plan de leur surface exploitable montrant la disposition des tables et répartition des clients afin d'assurer qu'ils ne dépassent pas la capacité maximale autorisée de 50 %. Ce plan devra être certifié par le ministère avant le 4 décembre et affiché sur la façade des restaurants. Des tournées seront ensuite menées par les services d'inspection du ministère afin de vérifier le respect de ce plan et la conformité aux règles sanitaires. Les établissements contrevenants seront placés sous scellés, met en garde le ministère.
Le Premier ministre sortant, Hassane Diab, a, lui, présidé une réunion sécuritaire à laquelle ont participé les ministres de l'Intérieur et de la Santé, Mohammad Fahmi et Hamad Hassan, ainsi que les dirigeants des différents appareils sécuritaires, afin de discuter des mesures et procédures à mettre en œuvre en décembre et durant la saison des fêtes.
Enfin, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a fait don de sept appareils de détection PCR à différents hôpitaux gouvernementaux de la Quarantaine, Hasbaya, Baabda, Miniyé, Sir el-Dinniyé, Mays el-Jabal et à l'Université libanaise à Hadath. Ils devraient être fonctionnels à partir de la semaine prochaine. Selon Hamad Hassan, les dispositifs de tests PCR sont désormais présents dans 80% des hôpitaux gouvernementaux. Il a aussi indiqué que le ministère attend des équipements et fournitures supplémentaires qui ont été demandés à l'OMS, ajoutant qu'ils "seront achetés grâce au prêt de la Banque mondiale". "Malgré les circonstances difficiles actuelles, le ministère s'emploie à relever le niveau de sécurité sanitaire et des services de santé", a assuré le ministre.
commentaires (2)
Dire qu’il n’y a pas si longtemps les gens couraient se faire soigner à prix d’or au Liban pour la qualité des soins et des services reçus, et que nous en sommes à demander la charité à l’OMS... cherchez l’erreur
Gros Gnon
19 h 50, le 30 novembre 2020