Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth Mgr Elias Audi a tiré une nouvelle fois la sonnette d'alarme concernant la crise dans laquelle est englué le Liban depuis un an, affirmant que le pays "se trouve sur une pente raide dangereuse".
"Argent pillé"
"Chaque leader ne se soucie que de ses intérêts, alors que la population mendie ses droits auprès des banques, sans que personne ne se soucie", a déploré le dignitaire chrétien lors de son homélie dominicale en l'église Saint-Georges de Beyrouth. "Le zaïm envoie ses enfants à l'étranger pour leurs études ou pour les mettre à l'abri. Il détient une seconde nationalité, puis nous donne des leçons de patriotisme sur l'importance de rester au pays. Mais ceux (parmi la population) qui ont des enfants à l'étranger ne peuvent pas les aider car leur argent est gelé de force, pour ne pas dire pillé", a encore fustigé le métropolite de Beyrouth.
"Le peuple gémit de faim, les coeurs sont brisés et les responsables sont absents et se dérobent à leurs responsabilités et à la réalité, comme si ce qui se passe ne les concerne pas", a regretté Mgr Audi. "Le pays est livré à son sort, l'effondrement frappe de plein fouet les institutions de l'Etat et la population, alors qu'il se trouve encore des personnes qui provoquent des crises et se rejettent les responsabilités", a poursuivi le métropolite, en référence aux formations politiques qui se livrent à un marchandage autour de la formation du gouvernement qu'est censé mettre sur pied Saad Hariri.
"Ces responsables reportent les échéances, dont la dernière est la formation du gouvernement qui doit se charger de faire le nécessaire pour le sauvetage du pays. Nous sommes sur une pente raide dangereuse que le Liban n'a jamais connu auparavant. L'Etat se délite et attend des miettes d'aides de l'étranger, alors que le comportement de la classe politique est honteux (...)", a conclu Elias Audi.
Le Liban connaît depuis plus d'un an une crise économique et financière grave, marquée par un effondrement de la monnaie nationale et une inflation galopante. Des aides ont été promises par la communauté internationale mais elles ne pourront être débloquées qu'au prix de réformes. Ces dernières doivent faire l'objet de décisions du gouvernement, alors qu'un nouveau cabinet est attendu depuis la démission, il y a plus de trois mois, du gouvernement de Hassane Diab, suite aux explosions du 4 août au port de Beyrouth. Saad Hariri a été désigné le 22 octobre pour mettre sur pied son équipe, mais les tractations s'enlisent face aux demandes et conditions posées par les différents partis politiques, qui veulent prendre part au prochain cabinet. Celui-ci était pourtant censé être une équipe "de mission" resserrée, comme définie dans l'initiative du président français Emmanuel Macron, le 1er septembre à Beyrouth.
commentaires (6)
Tous ces dirigeants irresponsables, savent bien que l'état déjà failli, contribuera à la défaillance de tous les services( électricité, ogero, etc...), mais eux ne se soucient guère. Qu'est ce qu'ils attendent pour déguerpir, et laisser la place à des responsables valables et de loin conscients du désastre dans lequel, ces corrompus au pouvoir, ces assoiffés de côte-parts nous ont plongés.
Esber
19 h 14, le 29 novembre 2020