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Société - Commentaire

Contre les violences faites aux femmes, une autre nuance d’orange

Contre les violences faites aux femmes, une autre nuance d’orange

La campagne internationale « Orangez le monde » dans l'objectif de lutter contre les violences faites aux femmes et d'instaurer l'égalité homme-femme. Photo ONU Femmes

On peut aimer ou pas la couleur orange, signe au Liban d’une appartenance partisane qui fait parfois grincer des dents. L’orange n’en reste pas moins la couleur qui, pour les Nations unies, symbolise un avenir meilleur, sans violence et égalitaire. Comme chaque année à l’occasion du 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard de la femme, et jusqu’au 10 décembre, Journée des droits de l’homme, 16 jours d’activisme sont décrétés à l’échelle mondiale pour dynamiser les actions mettant fin à la violence contre les femmes et les filles. Une violence qui s’est multipliée en ces temps de Covid-19 non seulement au Liban, mais aussi partout au monde.

Selon une étude publiée en avril 2020 par l’Escwa (Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale, dont le siège se situe à Beyrouth), les cas de violence domestique ont augmenté de 100 % au Liban et dans les pays arabes en raison des mesures de confinement. Et dans certains pays, les appels aux lignes d’assistance ont été multipliés par cinq depuis le début de la pandémie. À l’échelle planétaire, de manière plus générale, 137 femmes sont tuées chaque jour par un membre de leur famille et 35 % des femmes ont subi au moins une fois des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire intime.

« Orangez le monde : financez, intervenez, prévenez, collectez. » Le slogan d’ONU Femmes à l’occasion de la Journée mondiale contre les violences faites aux femmes n’est pas qu’un alignement de mots. C’est une invite ferme aux États du monde entier, aux associations, aux partis politiques, aux entreprises, aux groupes de la société, aux familles, bref, à chaque composante de la population mondiale à se mobiliser contre la violence et pour l’égalité des droits entre l’homme et la femme. À contribuer à la création d’une génération égalitaire et fière de l’être. Afin que « d’ici à 2030, nous soyons tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes », comme le recommande l’ONU.

Orangeons donc le monde. Revêtons la couleur orange en signe de soutien à la campagne onusienne en faveur des femmes. Mais ne nous contentons pas de nous habiller d’orange. Cela n’avancera pas les choses. Bouleversons notre monde et celui des femmes battues, violées, tuées par leur partenaire intime. Changeons la réalité des victimes de harcèlement sexuel. Mobilisons-nous contre le trafic d’être humains, contre l’esclavage, contre l’exploitation sexuelle. Mettons fin aux mutilations génitales féminines. Empêchons le mariage précoce. La liste est longue, au Liban comme ailleurs, des violences faites aux femmes dans leur foyer, au travail, dans la rue, dans la société, sur la toile aussi.


« Orangez le monde », le slogan onusien pour lancer la campagne contre les violences faites aux femmes et en faveur de l'égalité des genres. Photo ONU Femmes


Pour marquer le lancement de cette campagne de seize jours, des milliers de bâtiments à travers le monde ont illuminé leurs façades en orange en signe de soutien à la cause. Mais des États ont frappé fort. Plus particulièrement l’Écosse qui devient le premier pays à instaurer la gratuité des protections périodiques, serviettes et tampons hygiéniques. Des protections seront donc fournies gratuitement à toutes les femmes et les filles qui en ont besoin. Les écoles, lycées et universités devront en mettre gratuitement à disposition dans leurs toilettes. De même, le gouvernement pourra obliger des organismes publics à les fournir gratuitement. Initiée par la députée travailliste Monica Lennon, la loi a été votée à l’unanimité au Parlement écossais. Le coût de cette initiative en faveur des femmes est d’environ 13 millions de dollars US par an. Qu’importe. Pour l’Écosse, pionnière contre la précarité menstruelle, le 25 novembre est un jour de fierté.

La France, elle, a mis la main au portefeuille. Car elle compte encore « un féminicide tous les 2,5 jours », selon la Fondation des femmes. En plus des 20 millions d’euros accordés en 2020 aux associations de soutien aux femmes, le gouvernement a débloqué 3 millions d’euros supplémentaires pour soutenir ces mêmes associations durant la crise sanitaire. C’est loin d’être suffisant, certes. Mais pour marquer la Journée mondiale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, l’Hexagone a réaffirmé son engagement ferme à faire de l’égalité hommes-femmes « la grande cause du quinquennat » du président Macron, par l’éducation, l’accompagnement des victimes, la condamnation des agresseurs. « Plus d’une femme ou fille sur trois est victime de violence au cours de sa vie. La violence contre les femmes est un fléau mondial », a posté la diplomatie française sur les réseaux sociaux, rappelant qu’au sein de l’Union européenne, 55 % des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel. Paris va au-delà de son engagement national et invite « tous les pays à adhérer à la Convention d’Istanbul (2011) qui, par la prévention, la protection et la sanction, permet de prévenir et de lutter contre les violences faites aux femmes ».

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L’Arabie saoudite n’est pas en reste. Pour marquer l’événement mondial, le parquet saoudien a instauré mercredi une amende pouvant atteindre 50 000 riyals, assortie d’une peine de prison, d’un mois à un an à l’égard de toute personne pratiquant la violence envers une femme, ou lui portant atteinte physiquement, sexuellement ou moralement.

Engoncé dans sa crise perpétuelle, le pays du Cèdre, lui, s’est abstenu. Comme à son habitude, le Liban officiel est bien trop affairé à brasser du vent pour se pencher sur les violences faites à la moitié de sa population, citoyenne ou étrangère. Alors, point de façade illuminée en orange dans la capitale en cette « seizaine » onusienne. Sauf celle du Courant patriotique libre dont l’orange est, de toute façon, la couleur fétiche. Ni de campagne digne de ce nom à l’intention des femmes et de leurs droits. Silence radio du côté du palais de Baabda. « Protège-la », s’est contenté de dire le chef du CPL, Gebran Bassil, sur les réseaux sociaux, sans vraiment convaincre. Car il n’y a pas de quoi convaincre un Parlement machiste d’amender des lois encore trop discriminatoires à l’égard des femmes. Pas même l’ombre d’une promesse de changement. Quant à l’égalité homme-femme, elle n’a qu’à attendre. Pas question d’enfreindre la sacro-sainte ligne rouge tracée par les 18 chefs des communautés religieuses, bien agrippés à leurs lois patriarcales et iniques sur le statut personnel.

Dans un Liban qui s’effondre et, avec, les ardeurs militantes, le secteur privé et la société civile ont également fait grise mine. C’est en rangs dispersés qu’ils ont célébré la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard de la femme. Et relancé à la hâte quelques campagnes recyclées contre le mariage précoce ou pour l’adoption d’un code unifié du statut personnel, histoire de ne pas rater le coche. Sans conviction. Sans innovation. Et sans la moindre coordination. Les femmes, elles, sont restées tranquillement chez elles dans leur fauteuil, en attendant qu’on veuille bien changer les choses pour elles. Orangez le monde, dites-vous ?

On peut aimer ou pas la couleur orange, signe au Liban d’une appartenance partisane qui fait parfois grincer des dents. L’orange n’en reste pas moins la couleur qui, pour les Nations unies, symbolise un avenir meilleur, sans violence et égalitaire. Comme chaque année à l’occasion du 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard de la femme, et...
commentaires (1)

c'est vraiment dommage ce choix de la couleur orange decide par l'ONU en 2014. les responsables devaient avoir rejete ce choix des lors q'ils avaient procede a une petite enquete histoire verifier ce que cette couleur representait dans le monde..

Gaby SIOUFI

09 h 25, le 28 novembre 2020

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Commentaires (1)

  • c'est vraiment dommage ce choix de la couleur orange decide par l'ONU en 2014. les responsables devaient avoir rejete ce choix des lors q'ils avaient procede a une petite enquete histoire verifier ce que cette couleur representait dans le monde..

    Gaby SIOUFI

    09 h 25, le 28 novembre 2020

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