Quelque 270 familles de réfugiés syriens ont fui ces derniers jours la localité de Bécharré, dans le nord du Liban, a rapporté vendredi une organisation onusienne, déplorant des "représailles collectives" après une altercation impliquant un ouvrier syrien accusé d'avoir tué un habitant.
Après le meurtre lundi à Bécharré, l'ouvrier syrien en question s'est rendu aux forces de l'ordre, avait annoncé l'armée libanaise. Mais des jeunes de la région ont "viré" des Syriens du village, a rapporté l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Partis pour la ville côtière de Tripoli, capitale du Nord, plusieurs réfugiés syriens interrogés par l'AFP ont confirmé que leurs maisons avaient été prises d'assaut et certaines incendiées.
"Les punitions collectives (...) pour une communauté entière après un incident impliquant un seul individu sont inacceptables", a déploré vendredi une porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Lisa Abou Khaled. Elle a évoqué le départ de 270 familles et des "représailles collectives contre des Syriens" à Bécharré. "De nombreuses familles de réfugiés avaient très peur et certaines sont parties sans même emporter leurs affaires", a-t-elle souligné. Les réfugiés qui n'avaient nulle part où aller ont été installés dans des abris du HCR. Les familles reçoivent notamment "des aides alimentaires, un soutien financier d'urgence et un soutien psychosocial", a précisé Mme Abou Khaled. Selon l'Ani, quatorze de ces familles ont été temporairement abritées par des activistes de Tripoli, tandis que des bénévoles d'une organisation, en coopération avec une ONG néerlandaise, ont fourni des vivres à une centaine d'enfants, de femmes et de personnes âgées de ces familles.
Une correspondante de l'AFP à Tripoli a vu des dizaines de familles syriennes près d'un centre de l'agence onusienne. "On a vécu de longues années à Bécharré après avoir fui la guerre en Syrie, jusqu'à cette nuit effrayante", raconte Oum Khaled, 31 ans, qui a fui le village avec ses cinq enfants. Elle rapporte "un assaut" contre sa maison qui a été "incendiée". "Des jeunes ont pris d'assaut ma maison et nous ont insultés, ils ont frappé mes enfants et ont brûlé la maison", raconte de son côté une autre réfugiée Hajia al-Daher, 28 ans. "Ils m'ont punie pour un mal que je n'ai pas commis", ajoute-t-elle. Exhibant des hématomes sur son corps et assurant avoir été battu, Yassine Hassan, 30 ans, narre un récit similaire. "Nous avons fui avec nos enfants, sans rien emporter de nos maisons".
Revenant sur les circonstances du meurtre de Joseph Tok, les Forces de sécurité intérieure ont souligné dans un communiqué que, lors de son interrogatoire, le Syrien M.H. avait avoué avoir tué la victime suite à une dispute les opposant depuis près d'un an. Il a indiqué avoir obtenu l'arme du crime auprès d'un de ses compatriotes, il y a cinq mois. Un mandat d'amener a été lancé contre lui. Les FSI précisent par ailleurs que le suspect a été arrêté par une de leurs patrouilles, ce qui contredit l'information qui avait été donnée par l'armée selon laquelle il s'était rendu.
Le Liban dit accueillir sur son territoire 1,5 million de Syriens, dont près d'un million inscrits auprès de l'ONU comme réfugiés ayant fui le conflit dans leur pays. Les ONG n'ont de cesse de dénoncer les mesures discriminatoires et les discours de haine dont sont victimes les réfugiés au Liban, où l'immense majorité des partis réclament leur retour en Syrie.
commentaires (8)
Pourquoi ces syriens ne retournent pas chez eux alors qu’ils vivent dans la misère dans les autres pays. Ils peuvent très bien être accueillis dans les mêmes conditions sur leur territoire en Syrie et ainsi faire pression sur leurs autorités pour leur trouver des logements et subvenir à leurs besoins. N’est ce pas ces mêmes autorités qui les ont délogé et mis sur la route de l’exode. Le liban n’arrive même pas à assurer le nécessaire à sa propre population comment peut avoir pitié d’un autre peuple lorsque le nôtre est dans la misère totale. Il n’y a point de honte à avoir que celle de ces dirigeants qui ont permis qu’un afflux de migrants arrive sur notre sol alors qu’on ne peut pas leur assurer le stricte minimum. Ça n’est pas de la charité dont il s’agit mais c’est du troc politique et ce sont les libanais qui paient le prix fort à chacun de leurs complots pour satisfaire leurs intérêts sur le dos du peuple libanais. KHALASSSS
Sissi zayyat
14 h 23, le 29 novembre 2020