Le président de la République, Michel Aoun, a marqué un but dans les filets du chef du législatif Nabih Berry. À travers son message adressé aux députés de la nation lundi dernier, le chef de l’État a renvoyé la balle de l’audit juricomptable de la Banque du Liban dans le camp du Parlement. Celui-ci se réunira donc cet après-midi à 14h au palais de l’Unesco pour discuter de la missive présidentielle. Mais il semble qu’il ne s’agit que d’un exercice de pure forme, qui ne sera pas à même d’opérer un changement significatif au niveau du dossier, du moins dans un avenir proche.
La tenue de la réunion parlementaire est en soi une première réaction de M. Berry au message présidentiel. Elle intervient une semaine après le départ d’Alvarez & Marsal, le cabinet mandaté par le gouvernement pour mener l’audit de la BDL, faute de pouvoir avoir accès aux documents nécessaires à sa mission.
Quoi qu’il en soit, la séance parlementaire sera l’occasion de donner lecture du message présidentiel. Contacté par L’Orient-Le Jour, le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, exclut la possibilité de voir s’ouvrir un profond débat autour de la question de l’audit. Il reconnaît toutefois que la réunion est « la première étape pour mettre l’audit sur les rails ».
A contrario, dans les milieux de Nabih Berry, on se veut beaucoup plus optimiste. Un proche du président de la Chambre, qui a requis l’anonymat, estime que « le Parlement pourrait bien donner un nouvel élan au dossier de l’audit juricomptable ». « Il pourrait donc relancer le processus, en éliminant les obstacles qui l’entravaient jusqu’ici », ajoute-t-il.
Le proche de M. Berry laisse ainsi entendre que la Chambre pourrait bien modifier les textes de loi en vigueur pour faciliter la mise sur les rails de l’audit, notamment pour ce qui est du secret bancaire. D’autant que c’est cet argument qu’avance la BDL pour justifier son abstention de fournir les documents requis à Alvarez & Marsal.
Les FL et le CPL
Si le Parlement venait à opter pour une telle démarche, il répondrait favorablement à une des plus grandes demandes du Courant patriotique libre et des Forces libanaises. Les deux partis chrétiens majoritaires avaient présenté deux propositions de loi prévoyant la suspension du secret bancaire afin de paver la voie à l’audit. Pour le moment, les deux formations ne se font pas d’illusions. Elles préfèrent adopter une approche réaliste et attendre l’issue de la réunion de l’Unesco. « Nous sommes pour un audit de la banque centrale et de toutes les institutions de l’État. Nous continuerons à presser pour que notre proposition de loi soit adoptée », déclare à L’Orient-Le Jour Georges Okaïs, député FL de Zahlé. De son côté, Alain Aoun, député CPL de Baabda, exclut la possibilité de voir la séance déboucher sur une percée concrète. « Il s’agit d’une pression sur la Chambre de la part du président Aoun », dit-il.
Quant au Hezbollah, son groupe parlementaire a réaffirmé le soutien du parti au processus d’audit, tout comme le courant du Futur et le Parti socialiste progressiste, personne ne voulant se montrer opposé à la lutte contre la corruption.
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LA LIBRE EXPRESSION
13 h 29, le 27 novembre 2020