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Moyen-Orient - Éclairage

En attendant Biden, Téhéran retient son souffle

Alors que plane la menace d’une attaque américaine, Téhéran cherche à éviter l’escalade.

En attendant Biden, Téhéran retient son souffle

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, le 24 novembre 2020, s’exprimant lors d’une réunion à Téhéran avec le gouvernement sur la crise économique. Photo AFP

Les quelques semaines qui séparent le président américain Donald Trump de la porte de sortie semblent une éternité pour la République islamique d’Iran dans un contexte de pression militaire et diplomatique accrue à son encontre. Washington a déployé cette semaine plusieurs bombardiers B-52 au Moyen-Orient, vraisemblablement au Qatar. Cette décision intervient alors que depuis la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle américaine le 3 novembre dernier, les spéculations vont bon train sur une éventuelle attaque contre l’Iran par les États-Unis avant que le dirigeant actuel rende les clés de la Maison-Blanche à son successeur, ancien vice-président sous l’administration Obama dont l’un des legs fut le plan d’action conjoint (JCPOA) sur le nucléaire iranien. Celui-ci visait à restreindre les activités nucléaires de Téhéran en échange d’un allégement des sanctions. Un succès diplomatique dont l’actuel dirigeant américain s’était défait en 2018 en retirant son pays de l’accord et en mettant en œuvre une politique dite de la « pression maximale », rétablissant dans un premier temps les mesures restrictives avant de les renforcer et contribuant ainsi à dévaster l’économie iranienne. Moins d’une semaine avant l’élection américaine, le secrétaire de la Défense Mark Esper s’était rendu en Israël pour discuter avec son homologue Benny Gantz de coopération en matière de défense en lien avec l’Iran.

Ce déploiement des États-Unis s’opère alors que le New York Times a révélé la semaine dernière, en citant quatre officiels en poste actuellement ou précédemment, que Donald Trump a demandé à ses conseillers quelles étaient ses options pour mener une action militaire contre le principal site nucléaire iranien, celui de Natanz.

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« Les options sur le terrain sont limitées, car les pertes américaines peuvent coûter plus cher à Trump qu’il ne pourrait en gagner », avance Ali Fathollah-Nejad, spécialiste de l’Iran basé à Berlin et chercheur non résident à l’Afro-Middle East Centre de Johannesburg. « Par conséquent, s’il y a une escalade du front anti-iranien (États-Unis, Israël et Arabie saoudite), cela reposera probablement sur des “opérations secrètes” incluant des drones et des cyberguerres contre les installations nucléaires iraniennes. Si cela se produit, les Iraniens peuvent répondre avec les mêmes instruments, tout en s’assurant que cela ne facilitera pas une conflagration à grande échelle », ajoute-t-il.

Joie contenue

Alors qu’approche le jour fatidique du 20 janvier, date à laquelle Joe Biden doit prêter serment, l’administration Trump bombe le torse par crainte que la prochaine équipe aux commandes ne rompe radicalement avec la politique actuelle vis-à-vis de l’Iran.

Les États-Unis ont ainsi frappé mercredi dernier la République islamique avec une nouvelle salve de sanctions, prenant pour cible une importante organisation caritative iranienne – la Fondation Mostazafan – contrôlée par le guide suprême de la révolution, l’ayatollah Ali Khamenei. Dans le même temps s’est poursuivie la tournée d’adieu de Mike Pompeo, secrétaire d’État américain sortant, dont l’objectif a été de renforcer les gains de l’administration Trump au Moyen-Orient : une nouvelle géopolitique marquée par l’alliance d’Israël et des États du Golfe contre l’Iran et la mise à mal du soutien de Téhéran aux milices qui lui sont liées en Syrie, en Irak et au Liban. Selon plusieurs sources, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est rendu dans le royaume wahhabite dimanche pour y rencontrer Mike Pompeo ainsi que le dauphin saoudien le prince Mohammad Ben Salmane. Or, si l’État hébreu a conclu des accords de normalisation avec les EAU, Bahreïn et le Soudan, Riyad n’a toujours pas franchi le Rubicon bien que les signes allant dans ce sens se multiplient, lui et Israël étant unis par une hostilité commune contre la République islamique.

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« Compte tenu de l’agitation croissante du front anti-iranien ainsi que de l’imprévisibilité du président Trump, il y a des inquiétudes en Iran. Les dirigeants militaires iraniens ont, de manière habituelle, réagi par le défi et les contre-menaces », résume Ali Fathollah-Nejad. Attaqué de toutes parts, l’Iran veut montrer ses muscles. Lors d’une conférence de presse tenue au lendemain des frappes aériennes menées par Israël samedi en Syrie, tuant 14 combattants affiliés à la République islamique, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khateebzadeh, a déclaré que le pays réagirait à ces attaques. « Le régime sioniste est bien conscient que l’ère du délit de fuite est révolue et il est donc très prudent, a-t-il dit, la présence de l’Iran en Syrie est consultative, et naturellement, si quelqu’un perturbe cette présence consultative, notre réponse sera destructrice. »

Dans les faits, Téhéran semble cependant prendre ses dispositions pour éviter une guerre ouverte avant la prise de fonctions de Joe Biden. Esmaïl Ghani, commandant de l’unité d’élite al-Qods au sein des gardiens de la révolution iranienne et successeur de Kassem Soleimani, s’est ainsi rendu à Bagdad mercredi pour ordonner aux factions irakiennes alliées à l’Iran de mettre un terme à leurs attaques contre les intérêts américains dans le pays, le temps que Donald Trump termine son mandat.

En apparence, l’élection de Joe Biden est accueillie avec une joie toute contenue. L’ayatollah Ali Khamenei a ainsi exprimé hier son scepticisme sur l’éventualité de nouvelles négociations avec les Occidentaux. « Nous avons essayé une fois d’obtenir la levée des sanctions et avons négocié pendant plusieurs années mais cela ne nous a menés nulle part », a-t-il déclaré. Le « ouf » de soulagement n’est toutefois pas très loin. « Téhéran s’attend à une sorte d’allégement des sanctions, mais tente simultanément de gagner en influence en prévision des futures négociations concernant les conditions du retour de Washington dans l’accord sur le nucléaire », commente Ali Alfoneh, spécialiste de l’Iran et chercheur auprès de l’Arab Gulf States Institute basé à Washington.

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« En fait, il y a peu d’appétit iranien pour l’escalade dans la période de transition actuelle aux États-Unis afin de ne pas s’aliéner la nouvelle administration Biden et de ne pas entraver sa volonté de trouver un compromis et de réduire les sanctions », explique M. Fathollah-Nejad.

Jadis fermement opposées aux négociations avec Washington, plusieurs voix conservatrices iraniennes semblent désormais offrir un nouveau son de cloche, se déclarant prêtes à la discussion, en cas de victoire à l’élection présidentielle de 2021. Cité par le quotidien réformiste Aftab Yazd, le politicien Hamidreza Taraghi, partisan de la ligne dure, a déclaré que « si les pourparlers sont essentiels, ils doivent être tenus par une équipe inviolable qui peut garantir les intérêts nationaux ».

Les quelques semaines qui séparent le président américain Donald Trump de la porte de sortie semblent une éternité pour la République islamique d’Iran dans un contexte de pression militaire et diplomatique accrue à son encontre. Washington a déployé cette semaine plusieurs bombardiers B-52 au Moyen-Orient, vraisemblablement au Qatar. Cette décision intervient alors que depuis la...

commentaires (3)

Que les ayatollahs diaboliques ne revent pas trop......TRUMP a montre la voie et il sera impossible de revenir a l accord tel que signe par le traitre d Obama a moins d y faire des modifications tres douloureuses pour Teheran.....

HABIBI FRANCAIS

12 h 43, le 26 novembre 2020

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Commentaires (3)

  • Que les ayatollahs diaboliques ne revent pas trop......TRUMP a montre la voie et il sera impossible de revenir a l accord tel que signe par le traitre d Obama a moins d y faire des modifications tres douloureuses pour Teheran.....

    HABIBI FRANCAIS

    12 h 43, le 26 novembre 2020

  • Messieurs les ayatollahs quittez la Syrie et le Liban et tout ira bien??

    Eleni Caridopoulou

    17 h 24, le 25 novembre 2020

  • MEME SI BIDEN RETOURNE A L,ACCORD NUCLEAIRE AVEC L,IRAN LES CONDITIONS IMPOSEES PAR TRUMP Y SERONT DE LA PARTIE ET UN NOUVEL ACCORD Y SERA NEGOCIE. LES IRANIENS REVENT S,ILS Y CROIENT AUTREMENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 32, le 25 novembre 2020

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