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Moyen-Orient - Iran

Un an après la répression des manifestations, des ONG réclament justice

Un an après la répression des manifestations, des ONG réclament justice

Dans les rues d’Ispahan, en Iran, le 16 novembre 2019. Photo AFP

Un an après la répression implacable des manifestations de novembre 2019 en Iran, le bilan reste encore à établir, et aucune responsabilité n’a jamais été endossée par les autorités, quand de nombreux manifestants ont été emprisonnés, voire condamnés à mort, dénoncent plusieurs ONG.

La contestation de 2019, déclenchée par une hausse des prix de l’essence dans un pays en pleine crise économique et asphyxié par les sanctions internationales, avait gagné une centaine de villes en Iran et prit une ampleur sans précédent depuis les manifestations postélectorales de 2009. Des postes de police avaient été attaqués, des magasins pillés et des banques et des stations-service incendiées. La répression a été violente et difficilement documentée, les autorités ayant imposé à l’époque une coupure d’internet d’une semaine.

Après avoir refusé pendant des mois de fournir un bilan des victimes, les autorités iraniennes ont finalement évoqué 230 personnes tuées dans ces émeutes, rejetant la responsabilité sur les « provocations » et le « vandalisme » des manifestants. Amnesty International a estimé à 304 le nombre de morts, tandis qu’un groupe d’experts indépendants travaillant pour l’ONU a avancé un bilan qui pourrait être supérieur à 400 morts, dont 12 enfants.

Aucun responsable iranien n’a été poursuivi. « Les autorités iraniennes n’ont assumé aucune responsabilité et continuent à harceler les familles de ceux qui ont été tués durant les manifestations », dénonce Tara Sepehri Far, chercheuse de Human Rights Watch.

Tirs à balles réelles

Selon le dernier rapport publié cette semaine par Amnesty International, la coupure d’internet, déclenchée dès le lendemain des premières manifestations le 15 novembre, a permis d’établir un « filet d’impunité », empêchant le visionnage des vidéos prises par les manifestants montrant la répression en cours. Encore aujourd’hui, le nombre de victimes est inconnu, Amnesty estimant probable qu’il soit bien supérieur aux 304 morts certifiées.

L’ONG a posté en ligne plus de 100 vidéos qu’elle a authentifiées tournées dans 31 villes iraniennes en novembre 2019 et montrant que les forces de l’ordre ont fait « un usage répété de leurs armes à feu » contre des manifestants désarmés et des passants. Toujours selon Amnesty, au moins 23 tués avaient moins de 18 ans, comme Mohammad Dastankhah, 15 ans, abattu par des policiers postés sur un toit alors qu’il se rendait à l’école à Sadra, dans la région de Chiraz (centre-Ouest). L’organisation cite également le cas d’Azar Mirzapour, une infirmière de 49 ans, mère de 4 enfants, abattue à Karaj, près de Téhéran, alors qu’elle rentrait de son travail.

« Les forces de sécurité iraniennes ont fait un usage excessif et illégal de la force », selon Raha Bahreini, d’Amnesty International. « Dans la plupart des cas, elles ont tiré à balles réelles en visant la tête ou le corps, appliquant la stratégie délibérée de tirer à vue », ajoute la chercheuse. Les autorités iraniennes ont ensuite poursuivi ceux qui avaient participé aux manifestations, et les ont soumis à des tortures en détention, selon Amnesty. Certains des manifestants ont été condamnés à mort, à l’instar de trois jeunes gens dont l’exécution a toutefois été suspendue en juillet suite à une vague d’indignation internationale.

L’impunité dont ont bénéficié les responsables de la répression a poussé des activistes à mettre en place leur propre tribunal, sous l’égide d’ONG comme Justice pour Iran, basée à Londres, ou Iran Human Rights, basée à Oslo. Ce tribunal entendra les témoignages de victimes et témoins en février 2021 à La Haye, et le jugement sera rendu en avril prochain, afin d’envoyer « un message fort aux responsables de ces atrocités, leur dire qu’on les regarde et qu’un jour, ils devront assumer la responsabilité de leurs actes », a déclaré Mahmoud Amiri-Moghaddam, directeur exécutif de Iran Human Rights.

Stuart WILLIAMS/AFP

Un an après la répression implacable des manifestations de novembre 2019 en Iran, le bilan reste encore à établir, et aucune responsabilité n’a jamais été endossée par les autorités, quand de nombreux manifestants ont été emprisonnés, voire condamnés à mort, dénoncent plusieurs ONG. La contestation de 2019, déclenchée par une hausse des prix de l’essence dans un pays en...

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