235 milliards de L.L. pour les hôpitaux
Prenant la parole à l'issue d'une réunion au Sérail portant sur la situation dans les hôpitaux, présidée par le Premier ministre sortant Hassane Diab, M. Hassan a réaffirmé que l'objectif principal du confinement, qu'il a qualifié de "moment désagréable, mais impératif", était de faire baisser le nombre de contaminations et d'améliorer les dépistages, afin de réduire le nombre d'hospitalisations et de permettre aux hôpitaux de "se préparer". Il a dans ce cadre apprécié le fait que les mesures de bouclage avaient été bien respectées au cours des derniers jours. "C'est ce qu'on attend et c'est crucial" pour atteindre les objectifs fixés, a-t-il estimé. Le ministre sortant a par ailleurs annoncé qu'une livraison de Remdesivir, un antiviral approuvé par les autorités sanitaires pour le traitement du Covid-19, avait été réceptionnée dimanche soir et allait être distribuée aux hôpitaux.
M. Hassan a encore annoncé s'être réuni avec une délégation de la Banque mondiale afin de "discuter de l'octroi d'un prêt pour soutenir les hôpitaux". Il a ajouté que le ministère de la Santé s'était "engagé à verser cette semaine les allocations dues par l'Etat aux hôpitaux privés pour l'année 2020, ainsi que celles attendues par les hôpitaux publics". "Il s'agit en tout d'un montant de 235 milliards de livres libanaises que nous allons commencer à verser aujourd'hui", a-t-il déclaré.
Son collègue du ministère des Finances, Ghazi Wazni, s'est de son côté engagé à "commercer à payer les arriérés dus aux hôpitaux à partir de cette semaine".
Plus tôt dans la journée, Hamad Hassan avait déjà précisé que le confinement, qui est assorti d'un couvre-feu renforcé, visait à assurer que les "conditions nécessaires" étaient mises en place dans le secteur hospitalier pour lutter contre la pandémie de coronavirus et la "vague de grippe à venir". "Ces dernières années, l'épidémie de grippe avait rempli tous les lits aux soins intensifs", a-t-il précisé, alors que ces unités sont à quasi-saturation. Il avait encore rappelé que toute personne ayant été en contact avec un malade est "obligée" de s'isoler pour quatorze jours, même si elle ne présente pas de symptômes.
Vaccins
Concernant le vaccin contre le coronavirus, il a rappelé que le ministère avait signé "deux contrats", le premier avec la plateforme Covax, pour se procurer de quoi inoculer 1.200.000 personnes, et le second avec Pfizer, pour vacciner environ un million de personnes. L'annonce faite lundi dernier par le groupe Pfizer et son partenaire allemand BioNTech concernant des tests prometteurs pour un vaccin "efficace à 90%" contre le Covid-19 avait suscité un immense espoir à travers le monde. Et lundi, c'est la société de biotechnologie américaine Moderna qui a annoncé que son vaccin contre le Covid-19 était efficace à 94.5% pour réduire le risque de contracter la maladie. "Toutes les catégories de personnes à risque" seront couvertes, a assuré Hamad Hassan, qui a souligné que le Liban pourrait recevoir les vaccins "au premier trimestre de l'année prochaine".
Réagissant de son côté à la perspective d'achat de vaccins par le Liban, le président de la commission parlementaire de la Santé, le député Assem Araji, a écarté la possibilité que les vaccins soient disponibles "avant mai ou avril prochain". "Nous devons comprendre que la pandémie ne va pas s'arrêter dans un futur proche et qu'il faut continuer à appliquer les mesures de prévention", a-t-il dit lors d'un entretien sur les ondes de la Voix du Liban. Et de confirmer les propos du ministre de la Santé sur le fait que le confinement général ne vise pas à "diminuer le nombre de contaminations mais à permettre au corps médical de reprendre son souffle". M. Araji a d'ailleurs souligné que le respect du confinement était "jusqu'à présent très bon".
Plus de 1.000 nouveaux cas et 7.430 procès-verbaux
Selon le bilan officiel publié lundi par le ministère de la Santé, 1.016 nouvelles contaminations et dix décès ont été enregistrés au cours des dernières 24 heures. Ces chiffres font grimper à 106.446 le total des cas enregistrés depuis février dernier, au nombre desquels 827 décès et 61.413 guérisons. Parmi les personnes toujours contaminées à ce jour, 847 sont hospitalisées, dont 316 aux soins intensifs.
Pour faire face à la pandémie et à la saturation des hôpitaux, les autorités ont imposé deux semaines de confinement général, jusqu'au 30 novembre. Au cours de cette période, un couvre-feu est instauré de 17h à 5h et une circulation alternée des véhicules en fonction de leurs plaques d'immatriculation a été décrétée. L'aéroport de Beyrouth, les ports et les postes-frontières restent ouverts et les secteurs vitaux continuent de fonctionner. En début d'après-midi, les Forces de sécurité intérieure ont ainsi annoncé avoir dressé 7.430 procès-verbaux depuis samedi, pour des violations du confinement et du couvre-feu. Cette mesure a en outre été rejetée par les commerçants du vieux souk de Tripoli (Nord), qui refusent de fermer leurs boutiques estimant que cela "les mènerait à la faillite". Pour faire entendre leur colère vis-à-vis du bouclage, ces commerçants ont tenu un sit-in qui a été marqué par des tensions avec les militaires déployés sur les lieux. Hormis ces tensions dans le souk de Tripoli, sur le terrain, le respect des mesures de bouclage restait relativement élevé, malgré la réouverture de certains établissements, commerces et administrations exemptés, rapporte l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle), tandis que des barrages des Forces de sécurité intérieure restaient déployés, pour vérifier notamment la conformité aux restrictions de circulation en fonction des plaques d'immatriculation. A Saïda, la circulation était plus dense que les deux derniers jours, en raison de la réouverture des commerces alimentaires, précise notre correspondant sur place Mountasser Abdallah. Dans cette grande ville du Sud, le port du masque était également peu respecté, tout comme la circulation alternée, et certains commerces ont ouvert leurs portes en violation du confinement.
Le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, a pour sa part mis en garde contre toute utilisation de fausses cartes de presse ou de cartes liées à des sites d'information qui ne sont pas enregistrés au ministère de l'Information, afin d'éviter les mesures de confinement. Il a affirmé que les contrevenants, qui cherchent à profiter des exceptions octroyées aux médias, pourraient être traduits en justice.
Enfin, le ministre sortant de l'Education, Tarek Majzoub, a annoncé que l'enseignement mixte, qui mêle cours en présentiel et à distance, se poursuivrait "après le confinement généralisé". "Etant donné l'impossibilité de reprendre entièrement les cours en présentiel, et afin de protéger la santé de nos enfants, nous avons décidé de poursuivre l'enseignement mixte même après le confinement", a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse. Il a souligné que "certaines exceptions" étaient encore à l'étude et appelé les établissements scolaires à "profiter de ces deux semaines" de cours exclusivement à distance pour "évaluer leur travail". Il a encore annoncé qu'un programme permettant de suivre les contaminations au coronavirus dans les écoles, ainsi qu'un site reprenant le nombre de cas dans chaque établissement, allaient être mis sur pied "par souci de transparence". "Il revient au coordinateur sanitaire ou à l'infirmerie, dans chaque école, d'assurer la bonne mise en application des normes et de la désinfection" des infrastructures, a-t-il poursuivi.
commentaires (5)
"... Les résultats du confinement ne se feront pas sentir avant mercredi, indique Hassan ..." - vers quelle heure à peu près?
Gros Gnon
21 h 48, le 16 novembre 2020