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Société - Témoignages

« Que faut-il pour que les gens croient au Covid-19 ? »

De plus en plus de cas sont déclarés parmi le personnel soignant, faisant incomber de plus grandes responsabilités aux autres membres de l’équipe.

« Que faut-il pour que les gens croient au Covid-19 ? »

Reine Raffoul, à droite, avec des membres de son équipe.

Depuis l’annonce du premier cas de Covid-19 au Liban, le 21 février, les équipes soignantes de l’hôpital universitaire Rafic Hariri sont en première ligne de la lutte contre la pandémie. Près de neuf mois plus tard, avec le nombre sans cesse croissant des nouvelles contaminations, des cas ayant besoin d’hospitalisation ou d’admission en unités de soins intensifs, les défis à relever sont encore plus importants.

« La situation a empiré au fil des mois, que ce soit au niveau du nombre de patients ou de la gravité de la maladie », regrette Reine Raffoul, infirmière responsable d’un des quatre étages réguliers dédiés au traitement du Covid-19 à l’hôpital Hariri ainsi que d’une unité de soins intensifs comptant quatre lits. « Les patients à l’étage ont de plus en plus besoin d’oxygène, poursuit-elle. Aujourd’hui, nous sommes au cœur de la bataille contre l’épidémie. Cette phase est très difficile. Et la saison de la grippe n’a pas encore commencé ! »

Désormais, tous les patients atteints du Covid-19 admis à l’hôpital « sont des cas plus ou moins lourds », poursuit-elle, soulignant que ceux dont les symptômes sont légers sont désormais soignés à domicile. Ce qui n’était pas le cas au début de l’épidémie, lorsque tous les cas positifs, sans exception, étaient hospitalisés. Reine Raffoul était alors responsable de l’unité d’isolation à l’hôpital, qui accueillait les patients dont l’état de santé était devenu stable, mais qui continuaient de présenter de légers symptômes, ou encore les personnes testées positives et qui n’avaient pas d’endroit pour s’isoler. « Ce n’est plus le cas aujourd’hui, déplore-t-elle. Seuls les cas lourds sont hospitalisés, et nombre d’entre eux ne trouvent pas de place. Souvent, les patients sont mis sous respirateur aux urgences, en attendant qu’un lit se libère, sachant que notre hôpital accueille des malades qui lui sont envoyés par d’autres établissements. »

Or, depuis le week-end écoulé, l’hôpital ne peut plus accueillir ces patients « faute de lits », comme l’a déclaré samedi le Dr Firas Abiad, directeur de l’établissement. L’hôpital Hariri compte trois unités de soins intensifs de quatre, six et dix lits, sachant que neuf lits supplémentaires sont en train d’être préparés. Ils seront prêts dans les deux prochaines semaines.

Sylvana Hleyhel s’apprêtant à entrer chez un patient. Photos DR

De plus en plus de jeunes dans un état grave

Ce qui rend la gestion de la maladie encore plus pénible sur le plan émotionnel, c’est « le nombre de jeunes qui arrivent chez nous dans un état grave », se désole l’infirmière, qui avait elle-même contracté le virus. « Lorsque j’ai été testée positive et que j’ai eu besoin d’être hospitalisée, j’étais parmi les premiers cas sévères observés auprès des jeunes », dit la femme, quadragénaire. Désormais, des jeunes de 20, 30 ou 40 ans sont admis dans les unités de soins intensifs, à cause d’une atteinte pulmonaire occasionnée par le Covid-19. Tous ces patients n’ont pas un historique médical. Certains d’entre eux ne survivent pas à la maladie.

C’est ce qu’affirme à son tour Sylvana Hleyhel, infirmière responsable de la plus grande unité de soins intensifs à l’hôpital Hariri, qui compte dix lits. Un onzième lit est systématiquement gardé vide pour « les patients atteints de Covid-19 et ayant besoin d’hémodialyse ». « Dans cette unité, nous avons les cas lourds, affirme-t-elle. Ce sont des patients intubés. Malheureusement, ils sont de plus en plus jeunes. Actuellement, j’ai dans cette unité un jeune homme de 32 ans qui se trouve dans un état grave et dont le frère est décédé du Covid-19. J’espère qu’il s’en sortira. »

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Un autre défi reste, selon elle, celui des cas positifs parmi le corps soignant, ce qui se traduit « par un manque d’effectifs et de plus grandes responsabilités pour les autres membres de l’équipe qui doivent compenser ce vide ». « Cela entraîne une fatigue physique et psychologique, d’autant que nous ignorons qui sera le prochain à être contaminé par le virus et combien nous allons pouvoir encore tenir, sachant que chaque personne contaminée s’absente pendant au moins deux semaines, selon la gravité de l’atteinte », fait remarquer Sylvana Hleyhel.

Elle affirme en outre que les contaminations parmi les membres des équipes soignantes, du moins à l’hôpital où elle exerce, n’ont pas lieu sur le lieu de travail, mais dans la société où le virus circule librement. C’est le cas de Reine Raffoul qui a été contaminée par sa fille benjamine, âgée de 3 ans. Ayant un cas spécifique nécessitant des séances de physiothérapie, elle a dû le contracter lors d’une de ces sessions. « Mon mari et mes deux autres enfants l’ont également contracté, se souvient-elle. J’ai passé huit jours à l’hôpital et j’ai failli être mise sous respirateur. »

« Nous devons donc faire en sorte de rester à l’abri du virus, ce qui représente un défi supplémentaire qui vient s’ajouter à ceux que nous avons déjà à relever, constate Sylvana Hleyhel. À l’hôpital, nous avons les équipements de protection personnelle et nous arrivons à prendre toutes les précautions nécessaires. »

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Excédées par l’irresponsabilité dont font preuve de nombreux citoyens « qui rechignent à croire à la maladie », les deux femmes se demandent : « Comment convaincre les gens de la gravité du Covid-19 ? » « Cela fait neuf mois que nous travaillons sans relâche, nous sommes au bout du rouleau, confie Reine Raffoul. Nous ne savons pas combien de temps nous pouvons encore tenir. »

Et Sylvana Hleyhel de renchérir : « Qu’est-ce que les gens attendent ? Que davantage d’infirmières, d’infirmiers et de médecins en meurent pour y croire ? Comme si les décès annoncés au quotidien ne suffisaient pas. »

Toutes les deux appellent la population à faire preuve de responsabilité et « à nous aider dans cette lutte que nous risquons de perdre, puisque de plus en plus de jeunes souffrent de la forme grave de la maladie ». « Le Covid-19 est une maladie sérieuse, martèle Sylvana Hleyhel. Il ne faut pas croire que tout le monde va s’en sortir, parce que la gravité de la maladie diffère d’une personne à une autre. Il faut éviter les rassemblements et respecter les gestes barrières, même si on est en présence de ses proches. »

Depuis l’annonce du premier cas de Covid-19 au Liban, le 21 février, les équipes soignantes de l’hôpital universitaire Rafic Hariri sont en première ligne de la lutte contre la pandémie. Près de neuf mois plus tard, avec le nombre sans cesse croissant des nouvelles contaminations, des cas ayant besoin d’hospitalisation ou d’admission en unités de soins intensifs, les défis à...

commentaires (2)

IL LEUR FAUT UN PEU D,INTELLIGENCE ET DE JUGEOTTE NON PAS COMME LES CORROMPUS, VOLEURS ET INCOMPETENTS QUI LES GOUVERNENT DEPUIS DES DECENNIES. SOULEVEZ-VOUS ET CHASSEZ-LES UNE FOIS POUR TOUTE ET LIBEREZ ET SAUVEZ-VOUS ET SAUVEZ LE PAYS.

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 40, le 16 novembre 2020

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Commentaires (2)

  • IL LEUR FAUT UN PEU D,INTELLIGENCE ET DE JUGEOTTE NON PAS COMME LES CORROMPUS, VOLEURS ET INCOMPETENTS QUI LES GOUVERNENT DEPUIS DES DECENNIES. SOULEVEZ-VOUS ET CHASSEZ-LES UNE FOIS POUR TOUTE ET LIBEREZ ET SAUVEZ-VOUS ET SAUVEZ LE PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 40, le 16 novembre 2020

  • Il  leur manque tout et surtout il leur manque la confiance dans les gens au pouvoir qui confinent quand les gens sont dans la rue alors que le Liban comptent 200 contaminations et tardent à confiner lorsque le taux atteint des proportions exagérées et qu’ils décident que ça n’est pas assez pour prendre des mesures. Mesures qui se prennent en fonction de leurs intérêts individuels et où on trouve Le moyen de supprimer les subventions des médicaments et limiter les retraits en L.L parce que le gouverneur de BDL l’a décidé et tant pis pour ceux qui sont sans fenêtre ni toit où se confiner et s’ils d’autres souffrent de manque d’argent pour se faire soigner.

    Sissi zayyat

    13 h 01, le 16 novembre 2020

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