Rechercher
Rechercher

Société - covid-19

La fermeture des écoles divise les parents

Seulement 30 % des élèves du pays ont bénéficié d’un enseignement à distance acceptable depuis le début de la pandémie, reconnaît une source du ministère.

La fermeture des écoles divise les parents

À l’école ou à distance, la question divise. « L’OLJ »

Elles ont fermé leurs portes une bonne semaine avant le reconfinement généralisé prévu ce matin, sur ordre du ministre sortant de l’Éducation, Tarek Majzoub, et suite aux recommandations du Comité scientifique de suivi de la pandémie de Covid-19. Qu’elles soient publiques ou privées, les écoles du pays ont l’obligation de se conformer à la décision officielle. L’enseignement, annoncé comme hybride à la rentrée, se poursuivra donc en ligne, au moins jusqu’à la fin novembre, après un apprentissage en présentiel de trois semaines pour les classes à examens officiels, d’une petite semaine seulement pour les autres. Cette décision ne fait pourtant pas l’unanimité. Si nombre de parents d’élèves se disent soulagés, car ils craignent pour la santé de leurs enfants et de leurs proches, d’autres s’opposent à la fermeture des établissements scolaires, persuadés que les enfants ne sont pas des supertransmetteurs du coronavirus. Sans oublier, disent-ils, que l’équilibre mental de leurs enfants est en jeu. « Les autorités ont imposé la fermeture des écoles malgré le respect sans failles des mesures sanitaires par nombre d’établissements », gronde Lina Comaty Abou Adal, une mère de famille. « Résultat, nos enfants sont à la maison, alors qu’ils ont parfaitement intégré les gestes barrières, même les plus jeunes. Ils doivent pourtant apprendre à vivre avec le virus. » Avec nombre de parents d’élèves du collège Louise Wegmann, la jeune femme mène campagne pour la création d’un groupe de pression susceptible de faire changer les autorités d’avis. Sa pétition a récolté plus de 2 000 signatures en 24 heures, « ce qui témoigne de l’existence d’une volonté », estime-t-elle. Elle évoque alors les couacs de l’enseignement à distance, la consécration des inégalités sociales, l’internet défectueux, les pannes d’électricité, l’inadéquation des cours, le manque de matériel informatique, les moyens limités des familles à faible revenu, la crise qui touche les classes moyennes…

Lire aussi

Les commerçants craignent de faire les frais du nouveau bouclage

Confirmant ces propos, une source proche du ministère de l’Éducation révèle que seulement 30 % des élèves du pays ont bénéficié d’un enseignement à distance acceptable depuis le début de la pandémie. Les autres, principalement des élèves de l’école publique, d’écoles privées gratuites ou d’établissements de moindre importance, n’ont reçu que des bribes d’enseignement, quelques vidéos ou photos sur un téléphone portable, ou souvent rien, ajoute-t-on de même source.

« L’Organisation mondiale de la santé a pourtant bien recommandé de ne fermer les écoles qu’en dernier recours », soutient Mme Comaty. De même, « selon la Société française de pédiatrie, l’enfant (de moins de 10 ans en particulier) ne contribue pas significativement à la transmission de SARS-CoV2 ». L’institution française assure en effet que l’enfant est « souvent asymptomatique », et que « les bénéfices éducatifs et sociaux apportés par l’école sont très supérieurs aux risques d’une éventuelle contamination en milieu scolaire ». Rassurée, la mère de famille dénonce « le manque de vision des autorités libanaises », « l’absence de débat sur l’importance de l’éducation » aussi. « Dans le monde entier, les écoles sont ouvertes. Mais au Liban, c’est le premier secteur bouclé », déplore-t-elle, regrettant « une atteinte aux droits de l’enfant et de la femme », catégories les plus touchées par la fermeture des écoles. La solution ? « Que les parents aient le choix d’envoyer leurs enfants à l’école ou de les garder à la maison », insiste-t-elle.

À l’école publique, des mesures sanitaires illusoires

Pour l’État, qui a décrété la fermeture généralisée du pays, les considérations sont tout autres. Face à la recrudescence des contaminations, la panique a rapidement gagné la population, et des parents d’élèves ont accusé les autorités de vouloir tuer leurs enfants, confie la source proche du ministère. Il faut aussi compter avec la crise financière. « À l’école publique, l’argent manque, les masques de protection aussi, souligne un expert. Il est illusoire de prétendre appliquer les mesures sanitaires car l’eau et le savon sont rares. Quant au secteur hospitalier, il est saturé. Il n’est donc pas envisageable de prendre le moindre risque de contamination. »

Lire aussi

Diab à la veille du reconfinement : Je privilégie la vie et la santé à l'économie

L’avis étatique est largement partagé par nombre de parents d’élèves qui font part de leur soulagement. « Il y a eu tellement de cas importés à l’école que j’en étais inquiète, même si la distanciation et les mesures d’hygiène étaient parfaitement appliquées », avoue Leila (son prénom a été changé à sa demande), dont les enfants sont scolarisés dans un collège privé de la capitale. Inquiète car elle doute du protocole de protection des élèves. « Des cas contacts ont bien été identifiés. Mais aucune quarantaine n’a été imposée, aucun test n’a été réclamé. C’était du n’importe quoi! « dénonce-t-elle. Même soulagement de la part de Maya Geara, présidente du Comité de parents d’élèves du collège Saint-Grégoire et membre d’un collectif de comités de parents. « Il est certain que les trois quarts des parents préfèrent les cours en présentiel. Sauf qu’ils craignent pour la santé de leurs enfants et refusent de prendre le moindre risque. Nous envoyions nos enfants à l’école la peur au ventre. Ça n’avait plus de sens, d’autant que les hôpitaux sont submergés et refusent des malades », dit-elle.

La question suscite désormais un débat entre les parents désireux d’envoyer leurs enfants à l’école et ceux qui préfèrent les garder à la maison. « Au Lycée franco-libanais de Verdun, deux clans d’importance égale se sont formés, note le président du comité de parents, Maan el-Amine. Ceux qui refusent d’envoyer leurs enfants à l’école par peur du coronavirus et quel que soit le protocole sanitaire. Et les autres qui estiment nécessaire de maintenir les écoles ouvertes pour préserver la santé mentale des enfants, compte tenu que le danger n’est pas très élevé », explique-t-il. Mais pour une mère d’élève au collège Melkart, le débat est vain. « Un bouclage de deux semaines ne servira à rien, note Lamia Darouni. Ne vaut-il pas mieux apprendre à vivre avec le coronavirus dans le strict respect des gestes barrières ? »

« Prudence ! » préconisent les médecins

La réponse est toute trouvée pour les médecins. Pour l’instant, il faut parer au plus pressé, vu la saturation des hôpitaux. « Nombre d’institutions éducatives publiques et privées n’ont pas les moyens d’appliquer le protocole sanitaire mis en place par les ministères de l’Éducation et de la Santé », rappelle le docteur Assem Araji, président de la commission parlementaire de la Santé. Une situation qui a suscité « la peur panique des parents, des enseignants et des établissements eux-mêmes, poussant carrément des parents à ne pas envoyer leurs enfants à l’école ». Il faut aussi compter avec une nouvelle réalité, la recrudescence des contaminations d’enfants en l’absence de services pédiatriques de Covid-19. « Nous constatons la montée des cas de diarrhée et de maux de ventre qui se sont avérés être des atteintes au Covid-19 », note le pédiatre Robert Sacy. « Si les enfants n’ont pas développé de symptômes graves jusque-là, ils sont source de contagion, contrairement à ce que l’on pensait deux semaines plus tôt », soutient le spécialiste en néonatologie et réanimation pédiatrique, évoquant « des atteintes graves de parents, qui ont nécessité l’hospitalisation ». « Les enfants pourraient aussi développer des symptômes plus sérieux », craint-il, exprimant son inquiétude vu le manque de service pédiatrique de coronavirus en milieu hospitalier. D’où la nécessité de faire preuve de « grande prudence ».

Elles ont fermé leurs portes une bonne semaine avant le reconfinement généralisé prévu ce matin, sur ordre du ministre sortant de l’Éducation, Tarek Majzoub, et suite aux recommandations du Comité scientifique de suivi de la pandémie de Covid-19. Qu’elles soient publiques ou privées, les écoles du pays ont l’obligation de se conformer à la décision officielle. L’enseignement,...

commentaires (1)

Dans presque tout les pays on ferme tout sauf les ecoles sauf au Liban ou c'est l'inverse..et dire que l'education etait notre fleuron...ca c'etait avant

Liban Libre

12 h 39, le 14 novembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Dans presque tout les pays on ferme tout sauf les ecoles sauf au Liban ou c'est l'inverse..et dire que l'education etait notre fleuron...ca c'etait avant

    Liban Libre

    12 h 39, le 14 novembre 2020

Retour en haut