Rechercher
Rechercher

Politique - Liban

Formation du gouvernement : Durel sonde les leaders politiques

"Rien ne peut secouer" les responsables politiques, estime le chef des Kataëb, Samy Gemayel, devant l'émissaire du président Macron.

Formation du gouvernement : Durel sonde les leaders politiques

Le conseiller du président français Emmanuel Macron pour les affaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Patrick Durel (g), s'entretenant avec le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel (d), le 13 novembre à Beyrouth. Photo ANI

Le conseiller du président français Emmanuel Macron pour les affaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Patrick Durel, en tournée depuis jeudi au Liban pour réactiver l'initiative française de sortie de crise dans un pays toujours sans gouvernement depuis août dernier, a poursuivi vendredi ses entretiens avec les leaders politiques du pays pour les inciter à mettre sur pied un cabinet, condition à toute aide internationale. Cette visite a lieu alors que le second délai accordé par le chef de l'Etat français aux responsables libanais pour la formation d'un "gouvernement de mission", prévu dans la feuille de route annoncée à Beyrouth le 1er septembre par M. Macron, a expiré et que les tractations entre les protagonistes s'enlisent.

Après s'être entretenu jeudi avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, le président du Parlement, Nabih Berry, le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, et le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumbaltt, Patrick Durel s'est réuni aujourd'hui avec le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, et le chef des Marada, Sleiman Frangié. Il s'est également rendu en soirée à Meerab pour un entretien avec le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, avant de s'envoler pour Paris.

Le déplacement de l'émissaire français revêt une importance au vu de son timing. Il intervient peu après la fin de l’élection présidentielle américaine, remportée par le démocrate Joe Biden, et avant la réunion du Groupe international de soutien au Liban, prévue fin novembre, afin de mobiliser, une fois de plus, la communauté internationale en faveur du pays du cèdre, notamment sur le plan financier. Sauf que le blocage menace la tenue de cette conférence. M. Durel a dit hier à qui voulait l’entendre que "le Liban sera privé d’une aide précieuse, si cela continue, et vous en assumerez seuls la pleine responsabilité". Une aide humanitaire précieuse, a-t-il rappelé, qui ira directement aux ONG et associations privées, faute d'aide financière à un Etat sans cabinet, ainsi qu’"une aide macroéconomique indispensable venue des acteurs de la conférence CEDRE (2018), qui vous fera défaut, alors qu’elle va devenir de plus en plus urgente". Toutefois, un nouveau délai, un ultime délai semble avoir été accordé aux Libanais pour se ressaisir et se diriger réellement vers la formation d’un "gouvernement de mission" composé d’indépendants. Ce délai expirera le 11 décembre, date à laquelle le chef de l’Etat français a dit qu’il reviendrait au Liban pour une visite d’amitié au contingent français de la Finul, à la veille des fêtes de fin d’année.

Surplace
Lors de sa réunion aujourd'hui avec le diplomate français, Gebran Bassil a souligné, selon des propos rapportés par le site d'information Tayyar, organe du CPL, que sa formation facilite la naissance du futur gouvernement et qu'il est prêt à "accepter tous les points sur lesquels s'accordent le Premier ministre désigné Saad Hariri et le président Michel Aoun". Le leader aouniste a aussi affirmé être "parmi les plus concernés par le succès de l'initiative française". M. Bassil est sous le coup de sanctions américaines depuis la semaine dernière pour "corruption et abus de pouvoir", ainsi que pour ses liens avec le Hezbollah.

Le billet de Gaby NASR

Crépuscule des ânes

"Gebran Bassil maintient sa position concernant l’unification des critères pour la formation du gouvernement et le président Aoun s'oppose toujours de son côté à ce qu'une partie politique soit mise à l'écart dans le prochain cabinet. Le processus fait donc du surplace", selon notre correspondant politique Mounir Rabih. M. Durel est "en faveur d'un compromis entre MM. Aoun et Hariri afin que la crise soit débloquée, bien qu'il ait des remarques sur l'attitude des deux parties", ajoute notre correspondant.

"Rien ne peut les secouer"
Patrick Durel s'est ensuite entretenu avec Samy Gemayel, qui a profité de cette occasion pour remercier Paris pour ses efforts et critiquer vertement la classe au pouvoir, qu'il accuse d'entraver les efforts français. "Nous avons écouté la souffrance des Français en raison des atermoiements des responsables libanais concernant leurs promesses de réformes et de sauvetage du Liban (...)", a affirmé M. Gemayel devant l'émissaire du président Macron. "Les Français tentent d'aider le Liban contre le gré des responsables libanais, mais la coopération avec eux n'est pas à la hauteur des attentes, alors que le processus de formation du gouvernement fait l'objet de tiraillements et est victime de la logique du partage des parts", a encore estimé M. Gemayel. "Ils mettent encore des conditions et concluent des marchés, alors que la population libanise croule sous une crise historique (...)", a regretté le chef des Kataëb. "Même si nous leur accordons une chance, ils (les responsables politiques) ne sauront faire preuve de productivité", a encore estimé Samy Gemayel. "Trois explosions ont eu lieu : la première, d'ordre socio-économique, la seconde populaire, et la troisième, la vraie, au port de Beyrouth. Si toutes ces explosions ne les ont pas secoués, rien ne pourra les secouer", a lancé le chef des Kataëb.
Le parti Kataëb avait refusé de nommer Saad Hariri pour former le cabinet. En outre, les députés du parti Samy Gemayel, Nadim Gemayel et Elias Hankache avaient démissionné, ainsi que cinq autres, dans la foulée de la double explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth.

A Bnechï, le leader des Marada, Sleiman Frangié, a insisté, devant M. Durel, sur "la nécessité de déployer des efforts pour que le Liban arrive à bon port". Dernière étape à Meerab, où M. Durel a informé M. Geagea avoir souligné lors de sa tournée auprès des responsables qu'un "gouvernement devait être formé le plus vite possible parce que nous sommes arrivés à un moment critique et que c'est la dernière opportunité pour le Liban (de sortir de la crise)", selon un communiqué du bureau de presse des FL. Par ailleurs, M. Geagea a transmis, via M. Durel, un message à M. Macron lui demandant le soutien de la France afin que les Nations unies envoient un comité qui enquête sur la double explosion du 4 août au port de Beyrouth.

Le conseiller du président français Emmanuel Macron pour les affaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Patrick Durel, en tournée depuis jeudi au Liban pour réactiver l'initiative française de sortie de crise dans un pays toujours sans gouvernement depuis août dernier, a poursuivi vendredi ses entretiens avec les leaders politiques du pays pour les inciter à mettre sur pied un...

commentaires (2)

Mais ils sont tellement creux, vides de toute humanité et compassion qu'ils sont insondables. Il n'y aura pas de gouvernement, du moins pas un vrai. Si un gouvernement nait ce sera un ramassis de sou-mafieux à la solde de leurs chefs pour piller l'argent de l'aide financière un point c'est tout.

Zeidan

10 h 58, le 15 novembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Mais ils sont tellement creux, vides de toute humanité et compassion qu'ils sont insondables. Il n'y aura pas de gouvernement, du moins pas un vrai. Si un gouvernement nait ce sera un ramassis de sou-mafieux à la solde de leurs chefs pour piller l'argent de l'aide financière un point c'est tout.

    Zeidan

    10 h 58, le 15 novembre 2020

  • De grâce, ne salissez plus l'adjectif de "leaders" par les têtes de pipes qu'on a dans notre pays. La plupart ne sont plus des leaders mais plutôt des patrons de bordels...

    Wlek Sanferlou

    18 h 21, le 13 novembre 2020

Retour en haut