Après les trois principaux chefs religieux des communautés sunnite, chiite et druze, une pléiade de personnalités libanaises conduite par l’ancien Premier ministre Fouad Siniora a condamné les assassinats commis en Europe au nom de l’islam. C’est ainsi que le comité de suivi de la déclaration d’al-Azhar (2017) et du Document sur la fraternité humaine (2019), a condamné le 4 novembre, dans un communiqué, les « crimes terroristes visant des civils français et des innocents priant dans les lieux de culte chrétiens en France », tout en plaidant pour « le respect des symboles et des croyances religieuses ». Le communiqué déclare en particulier que « les crimes terroristes visant des civils français et des innocents priant dans les lieux de culte chrétiens en France sont des actes criminels injustifiables (…) et une offense grave à la religion et aux millions de musulmans et citoyens résidant en France, en Europe et dans le reste du monde ».
« Nous Libanais, insiste le comité, nous sentons concernés par les actes de violence qui se déroulent en France et dans d’autres pays pour diverses raisons, la principale étant la diversité religieuse, culturelle et sociale de la société libanaise, et les leçons, amères ou douces, que le vivre-ensemble nous a apprises, à savoir que l’exercice de la liberté comme valeur humaine essentielle vécue en conscience et garantie par la Constitution nous interdit de porter atteinte aux croyances et aux sentiments religieux de nos concitoyen et de tout homme. »
Le texte ajoute : « La violence politique, qu’elle se serve de prétextes religieux, moraux, idéologiques ou matériels, est totalement rejetée, car il s’agit d’une atteinte à la vie humaine, à la dignité et à la liberté. »
Le comité de suivi ajoute que, « partant des expériences libanaise, arabe et internationale du vivre-ensemble, nous jugeons indispensable de concilier de manière constructive le droit à la liberté de pensée et d’expression, d’une part, et d’autre part d’accepter de façon responsable le pluralisme religieux et culturel et le respect des symboles religieux, ainsi que les croyances religieuses des autres, leurs sentiments et leurs choix de vie et de conduite ».
Le comité adresse en conclusion ses « salutations et sa gratitude » au pape François, à l’imam d’al-Azhar Ahmad al-Tayeb « et à tous ceux qui œuvrent sincèrement pour la paix des religions et leur coopération, et la création d’un avenir autre pour l’humanité, un avenir de paix, de justice et de refus de la violence, quelles que soient ses formes et motivations, “afin que nous ayons la vie et la vie en abondance” ».
Les membres du comité de suivi de la déclaration d’al-Azhar et du Document sur la fraternité humaine sont : Fouad Siniora, ancien Premier ministre, Tarek Mitri, ancien ministre, Khaled Kabbani, ancien ministre, Antoine Messarra, ancien membre du Conseil constitutionnel, Radwan al-Sayyed, conférencier et spécialiste de l’islam, Antoine Courban, professeur d’université, Mohammad Sammak, coprésident du comité national pour le dialogue islamo-chrétien, Farès Souhaid, ancien député, Élias Halabi, professeur d’université, Antoine Haddad, professeur d’université, Mona Fayad, professeure d’université, Khaled Ziadé, ancien ambassadeur, et Abbas Halabi, président du comité arabe pour le dialogue islamo-chrétien.
La déclaration finale du colloque d’al-Azhar (1er mars 2017) sur la citoyenneté et le vivre-ensemble affirmait en particulier que « tous les citoyens sont égaux dans l’islam » et insistait sur les quatre principes de la vie sociale : « liberté, citoyenneté, diversité et complémentarité ». Le document sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune, aussi appelé déclaration d’Abou Dhabi, est une déclaration de dialogue interreligieux signée par le pape François et l’imam d’al-Azhar le 4 février 2019.
commentaires (1)
En anticipation à ce document, nous avions déjà publié le 5.11. 2020 sur Facebook le texte suivant: "A l'Europe et plus particulièrement à notre amie et marraine la France, nous voulons adresser un message de solidarité, de compassion, de tolérance et de paix, face aux crimes odieux que vos peuples ont récemment subis des mains d'assassins agissants au nom d'un "certain Islam"! Sachez que nous libanais: musulmans et chrétiens, les avons toujours combattus sur notre territoire et les avons vaincus, parce que nos concitoyens musulmans, dans leur très grande majorité. les ont toujours rejetté et leur ont refusé toute implication dans des activités sociales, politiques ou culturelles! Ensemble. nous l'avons fait au nom de nos convictions profondes, celles du vivre-ensemble et des traditions qui nous ont accompagnées tout au long de notre parcours national!!! Pour que l'exemple du Pays du Cèdre puisse ainsi perdurer et servir d'exemple, nous vous demanderons de le soutenir auprès des instances internationales pour obtenir un statut de NEUTRALITE permanente, qui lui garantira une véritable assurance vie, et fera deb lui, une plateforme importante de dialogue entre l'Orient et l'Occident !!!
Salim Dahdah
11 h 31, le 09 novembre 2020