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Moyen-Orient - Éclairage

L’élection américaine vue du Moyen-Orient

Observé depuis la région, où les régimes autoritaires sont légion, le feuilleton américain et ses rebondissements semblent surréalistes.

L’élection américaine vue du Moyen-Orient

Des Irakiens rassemblés dans un café pour suivre la présidentielle américaine, le 3 novembre à Bagdad. Ahmad al-Rubaye/AFP

Alors que le résultat de la présidentielle américaine est attendu dans la région, chacun y va de sa blague, plus ou moins cynique, pour décrypter le chaos du scrutin. Commentant un mème partagé sur les réseaux sociaux, des utilisateurs s’amusent d’un montage montrant le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi, son homologue syrien Bachar el-Assad et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas glissant un bulletin dans l’urne. Au-dessus, une légende en arabe : « Pas de maux de tête... pas d’attente... et pas d’États pivots. »

Observé depuis le Moyen-Orient, où les régimes autoritaires sont légion, le feuilleton américain semble surréaliste : magasins barricadés, manifestations des partisans républicains pour demander l’arrêt du décompte des votes ou encore menaces d’un président sortant de porter le résultat devant la Cour suprême avant même la fin de l’élection. « Ce n’est pas une scène digne de la première puissance mondiale, mais plutôt comme celle d’un État du tiers-monde », écrivait hier le politologue soudanais et rédacteur en chef du journal indépendant al-Tayar, Osman Mirghani, dans les colonnes du journal saoudien Asharq al-Awsat. « Un clasico Real Madrid-Barcelone », selon l’homme d’affaires saoudien Hussein Shubukshi.

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Les images d’une Amérique divisée et à la démocratie fragilisée font surtout les choux gras de l’Iran, bête noire des États-Unis dans la région, accusée par le FBI d’avoir essayé d’interférer dans l’élection, et de ses alliés, à commencer par le Hezbollah. « Quel spectacle ! L’un dit que c’est l’élection la plus frauduleuse de l’histoire des États-Unis. Et qui dit cela ? Le président qui est actuellement en poste », s’est moqué le guide suprême de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, dans la nuit de mercredi à jeudi sur sur compte Twitter en anglais. « Son rival (Joe Biden) dit que Trump a l’intention de truquer l’élection. Voilà ce que sont les élections américaines et la démocratie aux États-Unis », a-t-il poursuivi. Même son de cloche du côté du journal libanais proche du parti de Dieu, al-Akhbar, qui en a profité pour décocher des flèches contre Washington en titrant en une mercredi « L’Amérique 2020 : une démocratie pourrie » puis hier « Trump ne hisse pas le drapeau blanc, l’Amérique en crise ».

Entre « le pire et le moins pire »

Le duel entre le président américain Donald Trump et son rival démocrate Joe Biden est partout : unes des journaux, émissions radio, couverture en direct 24/24 sur toutes les grandes chaînes d’informations, débats, éditions spéciales ou encore en tendance sur les réseaux sociaux. Toutefois, peu de médias se sont osé à faire des pronostics.

Washington est l’un des acteurs les plus importants au Moyen-Orient et nombreux sont ceux qui estiment que le choix entre le candidat républicain et son rival démocrate se résume à une alternative entre « le pire et le moins pire » pour la région. Une vision qui peut être résumée par l’un des nombreux mèmes qui circulaient ces derniers jours sur les réseaux sociaux, montrant une photo légendée d’hommes mangeant des graines de tournesol adossés sur un bus : « Les Arabes suivant la scène de théâtre de l’élection américaine, sachant que quel que soit l’élu, il bombardera leur région. »

L'édito de Gaby NASR

Bannière étiolée

Depuis mardi, toutes les décisions géopolitiques semblent suspendues au résultat d’un scrutin qui s’apprête, aux yeux des populations locales, à affecter les dynamiques et conflits régionaux : lutte contre les proxys iraniens en Syrie et en Irak, résolution du conflit israélo-palestinien, normalisation entre l’État hébreu et Abou Dhabi, Manama et Khartoum ces derniers mois. En Irak, si le silence semble de mise du côté des représentants officiels, « une élection de Joe Biden signifie le retour à un plan pour diviser l’Irak », estime Baha Araji, ancien vice-Premier ministre irakien, cité hier par Asharq al-Awsat.

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Selon les résultats d’un sondage réalisé cet automne par le réseau de recherche non partisan Arab Barometer, « les Libanais sont indifférents aux deux candidats (avec un soutien relativement similaire : 17 % pour Biden, 19 % pour Trump), tandis que la réponse la plus commune parmi les ressortissants d’autres pays arabes est que les politiques de l’un ou de l’autre serait mauvaise à titre égal pour la région ». L’étude a été réalisée sur un panel de 5 000 personnes originaires d’Algérie, de Jordanie, du Liban, du Maroc et de la Tunisie.

Dans un dessin publié hier dans le quotidien libanais an-Nahar, le caricaturiste Armand Homsi mettait sur papier le désintérêt, pour l’élection américaine, des Libanais pris dans les méandres de la crise économique qui frappe le pays de plein fouet depuis un an et la dévaluation de la livre. Derrière un homme coiffé d’une lebbédé (coiffe traditionnelle), un écran affiche le bras de fer Trump-Biden tandis qu’il paraît comme obnubilé par un autre écran, montrant l’évolution du cours du billet vert.

Alors que le résultat de la présidentielle américaine est attendu dans la région, chacun y va de sa blague, plus ou moins cynique, pour décrypter le chaos du scrutin. Commentant un mème partagé sur les réseaux sociaux, des utilisateurs s’amusent d’un montage montrant le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi, son homologue syrien Bachar el-Assad et le président de l’Autorité...

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