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Agenda - Hommage

Tarek Ziadé : conscience, vérité, libanité

Tarek est parmi les premiers de nos compagnons, en pleine guerres multinationales au Liban dans les années 1980, à avoir rejoint la Fondation libanaise pour la paix civile permanente, incarnation du sens de l’État, du vivre-ensemble sans slogans, de l’esprit de justice dans une société de non-droit.

Mais j’ai mieux connu Tarek Ziadé au sein du Conseil constitutionnel. La convivialité dans le cadre du travail fait découvrir chacun en profondeur. « Quelle surprise nous aurons à la fin du monde, disait sainte Thérèse, quand nous lirons l’histoire des âmes ! »

Tarek Ziadé, que l’ensemble de la magistrature connaît bien, a cumulé toute l’expérience judiciaire. Nous nous trouvions confrontés au Conseil constitutionnel à des problèmes de même nature et aussi d’une autre nature.

Je vois encore Tarek Ziadé, maître de lui-même, respectueux d’autrui, à la manière des plus grands stoïciens d’autrefois, en dépit de nombre de comportements. Je vois encore son visage ravagé de tristesse, au point que j’allais fondre en larmes en le regardant, à propos de certaines affaires qui nous étaient lancées par imposture comme des boules de feu.

Je vois encore sa conscience éveillée et en révolte face à tout atermoiement dangereux, avec son souci permanent de justice, mais sans hostilité, dans une société où on distingue rarement entre compromis et compromission.

Tarek Ziadé était, avec d’autres collègues que je ne vais pas citer ici, ma consolation au sein du Conseil constitutionnel. Face à ceux fort sûrs de ce qu’ils disent, il me regardait avec attention et intérêt et exhortait à l’écoute.

Dans une affaire où la notion de liberté de religion et de conscience se trouve déviée de son contenu avec l’exercice d’un pouvoir religieux, il était fort préoccupé par les tenants d’une décision. Il était si authentique, si sincère dans l’âme, avec une bonté qui vous inonde au point que je ne pouvais rien lui refuser. La décision qui en est sortie, grâce à lui et à d’autres, est fort explicite sans être trop détaillée.

Tarek Ziadé est vrai. Ce qu’il a écrit dans les domaines juridiques, éthiques et sur le Liban, dont son ouvrage Ma’na Lubnân (Le sens du Liban) est fort important. Mais je retiens davantage la causerie que j’ai sollicitée de lui dans le cadre du master en relations islamo-chrétiennes à l’USJ. Là il raconte, oui, il raconte, à l’encontre d’un imaginaire collectif pollué et avec la plus profonde anthropologie expérimentale, son histoire à Tripoli, ville libanaise et pleinement libanisée dans l’État (sic) du Grand Liban de 1920, aujourd’hui agressé dans toutes ses valeurs fondatrices.

Compagnon Tarek Ziadé, le compagnon, nous avons tant appris ensemble. C’est la plus belle expérience dans la vie terrestre.

L’imposture et les imposteurs d’aujourd’hui au Liban, et si peu libanais, ont précipité ton départ.


Tarek est parmi les premiers de nos compagnons, en pleine guerres multinationales au Liban dans les années 1980, à avoir rejoint la Fondation libanaise pour la paix civile permanente, incarnation du sens de l’État, du vivre-ensemble sans slogans, de l’esprit de justice dans une société de non-droit.Mais j’ai mieux connu Tarek Ziadé au sein du Conseil constitutionnel. La...