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Économie - Audit juricomptable

Diab exhorte la BDL à remettre à Alvarez & Marsal tous les documents requis

Empêcher cet audit reviendrait, selon le Premier ministre sortant, à empêcher les Libanais de connaître les causes de l'effondrement financier du pays, de la disparition de leurs avoirs et de la chute du taux de la livre sur le marché parallèle.

Diab exhorte la BDL à remettre à Alvarez & Marsal tous les documents requis

Le siège de la Banque du Liban (BDL) à Beyrouth, le 23 avril 2020. Photo REUTERS/Mohamed Azakir

Le Premier ministre libanais sortant Hassane Diab a dénoncé mardi la "tentative de faire échouer l'audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban", appelant cette dernière à fournir au cabinet Alvarez & Marsal les documents requis pour cette procédure visant à retracer l’historique des transactions. Empêcher cet audit reviendrait, selon lui, à empêcher les Libanais de connaître les causes de l'effondrement financier du pays, de la disparition de leurs avoirs et de la chute du taux de la livre sur le marché parallèle. 

L’audit de la BDL occupe une position importante dans la liste des réformes urgentes que le Liban, en crise depuis plus d’un an, doit lancer pour prétendre à une aide internationale. Il s’agit aussi d’un pilier de la feuille de route française que le président français Emmanuel Macron avait proposée à la classe politique libanaise lors de son passage à Beyrouth début septembre.

Afin d'effectuer un suivi de ce dossier, M. Diab a demandé au ministre sortant des Finances, Ghazi Wazni, de réclamer la coopération de la BDL "conformément à l'avis émis en ce sens par le Comité de législation et consultations", afin qu'Alvarez & Marsal puisse mener à bien son travail, dans le cadre du contrat établi entre le cabinet et l'État, a indiqué le bureau de presse du Premier ministre dans un communiqué. Ce contrat prévoit que la BDL remette au cabinet d'audit tous les documents requis, mais seuls 42% d'entre eux ont été fournis par la banque centrale, reproche Hassane Diab.

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Il précise que "la mission du cabinet Alvarez & Marsal est conforme aux dispositions de la loi sur le secret bancaire et du Code de la monnaie et du crédit" et que l'Autorité de législation et de consultation, sur base de la décision du Conseil des ministres, a "explicitement demandé de procéder à l'audit juricomptable et de charger le ministre des Finances de signer le contrat avec Alvarez". Il a ajouté que les parties concernées doivent "mettre en œuvre la décision du Conseil des ministres en permettant au cabinet d'audit d'accomplir sa mission". Selon lui, la BDL a dès lors l'obligation de fournir les dossiers requis, en cachant si nécessaire les noms des clients impliqués dans les différentes transactions et en les remplaçant par des numéros, afin de protéger le secret bancaire. La BDL avait invoqué le secret bancaire pour justifier son refus de remettre certains documents. "Les comptes de l'État ne sont pas soumis au secret bancaire", souligne encore le communiqué de Hassane Diab. 

"Simulacre"
Le chef du gouvernement chargé de la gestion des affaires courantes estime que, sans l'audit juricomptable de la Banque du Liban, toute réforme lancée ne serait qu'un "simulacre" et servirait uniquement à "couvrir les méthodes qui ont mené le pays à la situation actuelle". "Aujourd'hui, il faut que la BDL remette les documents et informations requis au cabinet d'audit financier", a-t-il insisté, affirmant que cette procédure permettrait de faire la lumière sur "la situation financière et les causes de l'effondrement". Et Hassane Diab d'accuser ceux qui tentent de saboter l'audit de contribuer aux "souffrances des Libanais". "Je mets en garde contre toute tentative de faire échouer l'audit, ce qui empêcherait les Libanais de découvrir la vérité sur les raisons de la disparition de leurs avoirs, de l'effondrement et de la manipulation du taux de change", a-t-il ajouté.  "Aujourd'hui, soit nous lançons un véritable chantier de réformes et de lutte contre la corruption, soit nous poursuivons sur la voie qui a mené le pays au bord du gouffre", a conclu M. Diab. 

De son côté, la ministre sortante de la Justice, Marie-Claude Najem, a envoyé au Premier ministre sortant une note dans laquelle elle l’appelle à "prendre les mesures convenables" afin que les documents requis pour l’audit juricomptable soient présentés par la BDL à travers le ministère des Finances.

Pour mémoire

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Selon des informations de la chaîne locale de télévision LBCI, une équipe d'auditeurs d'Alvarez & Marsal est attendue "dans les prochaines heures" à Beyrouth, où elle doit s'entretenir avec le ministre Wazni sur les suites de la procédure d'audit alors que le cabinet juge que les documents et informations fournis par la BDL sont "insuffisants" pour poursuivre sa mission. 

Comme le prévoit le contrat signé début septembre avec l'État libanais, Alvarez & Marsal doit examiner l’évolution des comptes de la BDL depuis 2016, année où les premières opérations d'ingénieries financières très controversées avaient été lancées. Pour "la première phase" de cet audit juridique, le cabinet avait donné à la Banque centrale jusqu'au 3 novembre pour lui remettre tous les documents nécessaires mais l'institution financière avait refusé de communiquer certaines données, basant cette décision sur le Code de la monnaie et du crédit, ainsi que la Loi sur le secret bancaire.

Pour sortir de la crise inédite qu'il traverse, le Liban avait initié en mai des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir une aide financière, mais le processus est au point mort. Le FMI a appelé les autorités à des réformes, réclamant plus de "transparence" et des "audits complets", notamment de la Banque centrale.

Il convient de noter que le Courant patriotique libre (CPL, aouniste) organisera demain, mercredi après-midi à Baabda, un sit-in "symbolique" afin de rejeter toute "entrave" à l'audit juricomptable de la BDL.

Le Premier ministre libanais sortant Hassane Diab a dénoncé mardi la "tentative de faire échouer l'audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban", appelant cette dernière à fournir au cabinet Alvarez & Marsal les documents requis pour cette procédure visant à retracer l’historique des transactions. Empêcher cet audit reviendrait, selon lui, à empêcher les Libanais de...

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S’il a demandé à Wazni d’intervenir après de la BDL, l’affaire est dans le sac... mais le sac est percé, lui répondra Wazni. Où l’on voit les masques tomber l’un après l’autre.

Marionet

02 h 34, le 04 novembre 2020

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Commentaires (1)

  • S’il a demandé à Wazni d’intervenir après de la BDL, l’affaire est dans le sac... mais le sac est percé, lui répondra Wazni. Où l’on voit les masques tomber l’un après l’autre.

    Marionet

    02 h 34, le 04 novembre 2020

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