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Politique - Gouvernement

Les adversaires de Joumblatt haussent le ton

Pour le Parti démocratique de Talal Arslane, recourir à une formule à 18 ministres reviendrait à marginaliser les druzes.

Les adversaires de Joumblatt haussent le ton

Wi’am Wahhab et Talal Arslane s’entretenant hier à Khaldé. Photo tirée du compte Twitter de M. Wahhab @wiamwahhab

C’est à une véritable course contre la montre que le Premier ministre désigné, Saad Hariri, semble se livrer pour pouvoir mettre sur pied une nouvelle équipe ministérielle avant la présidentielle américaine prévue mardi. Mais il semble que cela ne sera pas chose facile, au vu des demandes que formulent diverses forces politiques pour prendre part au prochain cabinet, à la faveur de la logique antédiluvienne du partage du gâteau, toujours de mise, bien que le Premier ministre désigné se soit engagé à former un gouvernement de spécialistes indépendants des principaux protagonistes de la scène politique.

À la suite d’une violente diatribe contre le courant du Futur de la part du chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, lors d’une interview accordée à la chaîne al-Jadeed il y a près de trois semaines, Saad Hariri était entré en contact avec ce dernier. Il pensait ainsi avoir réglé le problème de la représentation des druzes au sein du cabinet. D’autant que selon notre correspondant politique Mounir Rabih, le PSP devrait en principe se voir attribuer le ministère de la Santé comme le voulait M. Joumblatt.

Sauf que les principaux adversaires du leader de Moukhtara, perçus dans certains milieux politiques comme les « minoritaires druzes », qui ont privé M. Hariri de leur soutien lors des consultations parlementaires contraignantes tenues le 22 octobre, se sont invités dans la partie, réclamant leur quote-part gouvernementale. C’est ce qui ressort de l’entretien entre le chef du parti Tawhid, Wi’am Wahhab, et le chef du Parti démocratique libanais, Talal Arslane, hier à Khaldé. S’exprimant à l’issue de la rencontre, M. Wahhab a clairement mis en garde contre ce qu’il a appelé « le torpillage des équilibres au sein de la communauté druze ». « Si on tient compte des équilibres au sein de toutes les communautés, le torpillage des équilibres au sein de la communauté druze dans la composition du cabinet n’est dans l’intérêt de personne », a-t-il déclaré, selon des propos qu’il a relayés sur son compte Twitter. « Celui qui viendrait à proposer cela ferait exploser le gouvernement avant sa formation », a-t-il averti.

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À son tour, le cheikh Nasreddine el-Gharib, cheikh Akl druze appuyé par le tandem Arslane-Wahhab face à Walid Joumblatt qui soutient le cheikh Naïm Hassan en tant que chef religieux suprême de la communauté, a plaidé pour que les druzes soient représentés au sein du prochain gouvernement. Dans un communiqué publié hier par son bureau de presse, le dignitaire a affirmé que les druzes, « tout comme les autres communautés, ont le droit d’avoir des portefeuilles ministériels et de plaider pour leurs droits ». Cette prise de position de la part du cheikh Gharib intervient à l’heure où le président de la République et le Premier ministre désigné se sont en principe entendus pour que le futur cabinet soit composé de 18 ministres, comme le souhaitait M. Hariri. Il s’agit d’une formule restreinte au sein de laquelle un seul siège sera réservé à la communauté druze et donc naturellement accordé au PSP. C’est donc pour s’opposer à ce qu’ils perçoivent comme un monopole de la représentation druze que les adversaires de Walid Joumblatt semblent avoir haussé le ton.

« Joumblatt n’est pas le seul »

Interrogé par L’Orient-Le Jour, Walid Barakat, vice-président du Parti démocratique, explique que sa formation ainsi que Wi’am Wahhab ne font que « préserver les droits de la communauté ». Répondant aux accusations de blocage du processus gouvernemental qui pourraient résulter de la prise de position de MM. Arslane et Wahhab, Walid Barakat déclare : « Toutes les communautés religieuses seront représentées d’une façon qui respecterait la diversité politique. Cela devrait être également le cas des druzes, et nous n’entravons pas les tractations. Il suffit donc d’élargir le cabinet, comme le voulait le chef de l’État. » Estimant que le recours à une formule restreinte de 18 reviendrait à « marginaliser les druzes » , M. Barakat ajoute : « Walid Joumblatt représente la communauté druze, mais il n’est pas le seul à le faire. »

Outre les demandes druzes, le cabinet Hariri semble buter encore sur d’autres entraves qui font l’objet de contacts actuellement en cours. Selon Mounir Rabih, les pourparlers s’articuleraient aujourd’hui autour du ministère de l’Énergie afin de trouver une personnalité qui serait le fruit d’une entente entre Saad Hariri et le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. Il ajoute que le chef du gouvernement voudrait s’attribuer le juteux portefeuille des Travaux publics, un ministère qui revêt une importance à un peu plus d’un an des élections législatives prévues en principe en 2022.

Des informations non confirmées par la Maison du Centre, où l’on tient à respecter le silence radio observé par MM. Aoun et Hariri. Contrairement à l’optimisme distillé dernièrement, le gouvernement risque donc de tarder à voir le jour.

C’est à une véritable course contre la montre que le Premier ministre désigné, Saad Hariri, semble se livrer pour pouvoir mettre sur pied une nouvelle équipe ministérielle avant la présidentielle américaine prévue mardi. Mais il semble que cela ne sera pas chose facile, au vu des demandes que formulent diverses forces politiques pour prendre part au prochain cabinet, à la...

commentaires (8)

C'est un vrais cirque qui continue! Dosage communautaire, distribution de portefeuilles rien ne va marcher> Faudrait balayer tout ce monde et meme Hariri, Aoun e Berri avec.

IMB a SPO

18 h 27, le 31 octobre 2020

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Commentaires (8)

  • C'est un vrais cirque qui continue! Dosage communautaire, distribution de portefeuilles rien ne va marcher> Faudrait balayer tout ce monde et meme Hariri, Aoun e Berri avec.

    IMB a SPO

    18 h 27, le 31 octobre 2020

  • DU BALAI... TOUS À LA PORTE ET JUGÉS AUPARAVANT POUR DESTRUCTION D'UN PAYS ET DILAPIDATION DES BIENS COMMUNS. les mêmes moribonds, usant des formules, et qui datent du début de la guerre civile, bien sûr relevées encore plus méchamment aujourd'hui. N'AVONS-NOUS PAS ASSEZ UNE FOIS POUR TOUTES... RÉSISTANCE ET RENAISSANCE!!!

    Christian Samman

    13 h 38, le 31 octobre 2020

  • En accordant au duo HB Amal le droit de participer et de nommer leurs ministres Hariri est tombé dans leur piège. On ne peut pas accorder des privilèges à certains et pas à d’autres et ça les deux renards le savaient. D’où leur jubilation et leur optimisme feint pour la formation rapide du gouvernement concocté à leur image car ils savaient pertinemment que ça ne passera pas. Non il n’en serait rien et tout le monde le sait. La condition ciné qua non pour arriver à avoir un gouvernent digne de ce nom serait que HN et Berry se plient aux lois du pays et respectent la constitution. Plus de deux poids deux mesures cela va de soi, surtout que les libanais dans la rue le réclament à cor et à cris. Ne jouez pas aux sauveurs empêchés vous le saviez depuis le début que le jeu de dés pipés ne passera plus.

    Sissi zayyat

    12 h 35, le 31 octobre 2020

  • Quelle honte de parler encore aujourd'hui de juteux portefeuille alors que des familles entières dorment le ventre vide et vidées d'espoir et de visions. Et si dans chaque communauté il y a plusieurs courants et chaque courant demande le jus d'un portefeuille, c'est 50 ministres qu'il faudrait. Par ailleurs, tourner en rond pour retrouver, après tant de tractations, la même composition refusée par l'intègre ( le seul) Diab, autant arrêter et épargner de nouvelles souffrances à ce peuple qui n'en peut plus de cette racaille.

    Citoyen

    10 h 59, le 31 octobre 2020

  • LE TRAVAIL D'UN CONCIERGE EST TRÈS COMPLIQUÉ AU LIBAN.

    Gebran Eid

    10 h 29, le 31 octobre 2020

  • Saad Hariri doit apprendre de Moustafa Adib l'honnêteté et la droiture et prendre exemple sur lui. Soit il présente à Aoun sa récusation comme l'a fait Adib soit encore mieux il présente à Aoun sa propre mouture d'experts indépendants comme il l'affirmait au début et ainsi place Aoun devant ses responsabilité. Toute attente ou tergiversion n'est que lâcheté, couardise et complicité inavoué avec les imposteurs de l'Axe des feux d'artifice illégaux, surtout à la lumière de l'attitude franche et honnête de Mr Adib.

    Citoyen libanais

    08 h 19, le 31 octobre 2020

  • " il semble que cela ne sera pas chose facile, au vu des demandes que formulent diverses forces politiques". Bien évidemment, mais la faute à qui? Il n'avait qu'à ne pas leur donner la parole. Il s'était engagé " à former un gouvernement de spécialistes indépendants des principaux protagonistes de la scène politique". Dès lors qu'il avait failli à cet engagement en accordant un privilège au tandem Amal-Hezbollah, il était évident que les autres allaient, eux aussi, réclamer leur part. En fait lors de la formation d'un gouvernement, même dans des circonstances dramatiques, l'important n'et pas le salut du pays. dont tout le monde se moque, mais la satisfaction des appétits de nos politiciens. Mais ça, je me demande pourquoi je prends la peine de le répéter: tout le monde le sait!

    Yves Prevost

    07 h 26, le 31 octobre 2020

  • Pourquoi le ministère des TP revêt « une importance » à l’approche des législatives?

    Marionet

    06 h 32, le 31 octobre 2020

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