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Environnement - Incendies

Des milliers d’hectares de forêt décimés en 48 heures...

« Dorénavant, il faudra s’attendre à avoir des feux de forêt dévastateurs un an sur deux, voire chaque année », prévient Georges Mitri, chercheur à l’Université de Balamand.

Des milliers d’hectares de forêt décimés en 48 heures...

Le feu a pris hier aux abords de la réserve maritime de Tyr. Photo ANI

Pour la deuxième fois en un mois et malgré le début de l’automne, de nombreux feux ont ravagé le week-end dernier de grands espaces verts à travers le Liban et fait une victime. Alimentés par de fortes chaleurs inhabituelles en cette saison et des vents chauds, ces incendies ont fait des dégâts considérables. Les feux de forêt ont emporté des milliers d’hectares d’espaces verts sur leur passage, portant un coup de plus à la faune et la flore qui avaient subi d’importants dégâts lors des incendies monstres de l’année dernière. L’un des incendies les plus dévastateurs s’est déclaré dans le caza de Jbeil vendredi peu avant minuit, dans la localité de Bentael, ravageant une superficie de plus de 45 000 mètres carrés de terrains et emportant de nombreux arbres, dont des oliviers et des amandiers, avant de se rapprocher des habitations, selon Raymond Khoury, directeur de la réserve de cette localité. Les flammes ont endommagé une maison, deux véhicules et des serres bâchées de plastique.

« Treize véhicules de la Défense civile, venus de Jbeil, Jounieh, Mechmech et Batroun, nous ont prêté main-forte pour éteindre l’incendie de Bentael. Nous avons travaillé ensemble de minuit jusqu’à 5 heures le lendemain », raconte à L’Orient-Le Jour Raymond Khoury. « En une heure à peine, l’incendie a pris une ampleur inédite. Il était incontrôlable en raison de la vitesse du vent. Les vents étant encore forts, nous faisons circuler des patrouilles, en espérant qu’il pleuvra », ajoute-t-il. Samedi après-midi, l’incendie a repris dans la région, plus précisément à Behdeidate, localité limitrophe de Bentael. Il a finalement été maîtrisé. Les efforts de refroidissement se poursuivaient hier après-midi.

Des feux de forêt tous les ans ?
Comme à Bentael, de nombreuses régions libanaises ont été touchées. Un expert explique pourquoi ce phénomène devient de plus en plus récurrent. « Deux milles hectares d’espaces verts ont brûlé cette année, alors que la saison n’est même pas terminée. Les incendies de toute l’année 2019, qui avaient ravagé des régions entières sous l’œil impuissant des autorités, avaient détruit 2 900 hectares », explique à L’Orient-Le Jour Georges Mitri, directeur du programme sur les ressources naturelles à l’institut d’études environnementales de l’Université de Balamand. La moyenne était d’habitude de 1 000 hectares détruits par an lors des feux de forêt. Or cette année, les températures sont plus élevées que la moyenne saisonnière, l’humidité est basse, notamment dans l’hinterland, le vent est sec, ce qui fait que toutes les conditions sont réunies pour une multiplication des incendies. Dans des conditions pareilles, les incendies sont difficiles à maîtriser, explique le chercheur. Malheureusement, ces facteurs sont récurrents. Avant, on avait des incendies dévastateurs tous les cinq ans en moyenne. Dorénavant, il faudra s’attendre à avoir des feux de forêt de cette envergure un an sur deux, voire chaque année, prévient-il.« Les incendies ont commencé en avril cette année, mais les plus graves ont eu lieu ce mois-ci. Cela s’explique par le fait que la terre est sèche à la fin de l’été. De plus, les forêts ne sont pas entretenues et les herbes qui y poussent prennent feu très vite », déplore le chercheur. Il recense « plus de 150 feux de forêt qui se sont déclarés en 48 heures » le week-end dernier. « Le plus désolant, c’est qu’il n’y avait personne pour diriger les opérations de sauvetage au niveau national. Ce sont les habitants qui ont éteint le feu, aux côtés de la Défense civile qui dispose de peu de moyens », soupire le spécialiste. « Certains ont perdu des terrains agricoles et des serres. Perdre 10 hectares de pins, par exemple, équivaut à une perte directe de 3 millions de dollars, sans parler des dégâts environnementaux », explique-t-il.

Un imposant incendie s’était déclaré à Bentael, dans la nuit de vendredi à samedi. Photo Roland Khoury

Comportements irresponsables

La situation sur le terrain illustre parfaitement ses propos, puisque les incendies se sont généralisés durant tout le week-end écoulé. Toujours dans le caza de Jbeil, dans la localité de Aïn Kifa, ainsi que dans les localités de Jrebta et Sghar dans le caza de Batroun, des incendies se sont déclarés samedi matin. Les riverains ont réclamé une enquête, soutenant qu’il s’agit du cinquième feu qui se déclare dans la même zone en l’espace d’un mois. En début d’après-midi, l’armée a envoyé un hélicoptère pour contribuer à la lutte contre un feu dans la localité de Hosn Aar, toujours dans le caza de Jbeil.

Pour mémoire

Dans le Akkar, les forêts se parent de gris

Contacté par L’OLJ, Ziad Hawat, député de Jbeil, a appelé à déterminer les causes exactes de ces nombreux incendies. « Je demande aux autorités de mener l’enquête. La plupart de ces incendies sont dus à des comportements irresponsables. Certains mettent le feu aux arbres pour faire du charbon, d’autres brûlent des herbes sèches ou déclenchent des incendies lors de pique-niques », explique le député. Il déplore par ailleurs le fait que quatre des sept véhicules de la Défense civile de Jbeil soient hors service, faute d’entretien. « J’ai décidé de prendre leur réparation à ma charge », assure M. Hawat.

Plus au nord, la Défense civile a annoncé avoir éteint un feu de broussailles à Aramane, dans la région de Minié-Denniyé. Toujours à Minié, un feu a ravagé un terrain sur lequel était stockée de la ferraille de voiture. Et dans le Koura, les pompiers ont éteint un feu qui s’est déclaré dans une décharge d’ordures. Sur les abords de Qobeyate, dans le Akkar, deux incendies ont ravagé des herbes sèches et des pins. Un troisième feu a dévasté des arbres fruitiers dans la localité de Hayzouk. Les trois incendies ont été éteints.

Dans le Sud, un jardin d’oliviers en bordure de l’autoroute menant de Chamaa à Saïda a été victime des flammes qui se sont rapprochées des habitations et d’une station d’essence, avant que la Défense civile ne parvienne à maîtriser le sinistre en milieu d’après-midi. Hier, un incendie s’est déclaré à Tyr, aux abords de la réserve maritime située dans la ville. Toujours dans le Sud, des habitants de la localité de Khzeiz ont imploré la Défense civile d’intervenir après le début d’un incendie, alimenté par les vents forts. En soirée, l’on apprenait qu’un homme est décédé des suites d’un incendie dans la localité de Mjaydel, dans la région de Jezzine. À Aley, dans la localité de Abadiyé, un incendie a touché des déchets et des herbes sèches, avant d’être rapidement maîtrisé. Il en a été de même dans la localité de Amroussié. À Baabda, dans le village de Wadi Chahrour, des herbes sèches sont également parties en fumée le temps que les équipes de la Défense civile interviennent. De même dans la ville de Roumieh, située dans le Metn. À Hasbaya, précisément aux abords de la localité de Habariyé, les soldats du feu s’activaient à éteindre les flammes qui se propageaient.

Fire Lab, un outil de l’Université de Balamand consultable en ligne qui permet de déterminer les risques de feu de forêt dans les différentes régions libanaises. Capture d’écran

Des cèdres et des genévriers

Et la situation risque d’empirer. Georges Mitri souligne que, dès 2012, l’institut d’études environnementales de l’Université de Balamand avait mis en garde contre le fait que les forêts situées en altitude allaient être touchées au fil des ans par les incendies, en raison d’une plus grande sécheresse, ce qui n’était pas le cas dans le passé. « De plus en plus d’incendies attaquent des forêts de cèdres, de sapins et de genévriers, notamment sur les hauteurs du Akkar et du Hermel. Il s’agit de pertes considérables. Ce sont des arbres centenaires que nous ne pouvons pas remplacer du jour au lendemain », explique M. Mitri, qui déplore le « manque de prévention sur le terrain ».

Le chercheur invite par ailleurs à consulter le « Fire Lab » à l’adresse : http://firelab.balamand.edu.lb/FireLabWeb/FireDanger, un outil en ligne développé par l’Université de Balamand qui permet de déterminer les régions où des feux risquent de se déclarer, en fonction des conditions météorologiques.

Pour la deuxième fois en un mois et malgré le début de l’automne, de nombreux feux ont ravagé le week-end dernier de grands espaces verts à travers le Liban et fait une victime. Alimentés par de fortes chaleurs inhabituelles en cette saison et des vents chauds, ces incendies ont fait des dégâts considérables. Les feux de forêt ont emporté des milliers d’hectares d’espaces verts...

commentaires (1)

comment voulez vous éteindre le feu avec du matériel obsolète hors usage, il suffit de regarder les voitures des pompiers ,il y a autent d eau par terre que dans les tuyaux , pas assez de pression pour atteindre le feu, l équipement des pompiers est d un autre temps ca aussi fait partie des détournements d argent publique..... à suivre on verra après les éléctions aux EU c est la faute au americains ;;;;;;;;;;;;;;;

youssef barada

00 h 28, le 26 octobre 2020

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Commentaires (1)

  • comment voulez vous éteindre le feu avec du matériel obsolète hors usage, il suffit de regarder les voitures des pompiers ,il y a autent d eau par terre que dans les tuyaux , pas assez de pression pour atteindre le feu, l équipement des pompiers est d un autre temps ca aussi fait partie des détournements d argent publique..... à suivre on verra après les éléctions aux EU c est la faute au americains ;;;;;;;;;;;;;;;

    youssef barada

    00 h 28, le 26 octobre 2020

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