Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Guerres des hommes contre l’humain

« La guerre du Péloponnèse, à l’image de la tragédie, annonce, dès l’ouverture, la fin inéluctable... un destin sur lequel ni les hommes ni les dieux n’ont prise... certains personnages, tel Périclès, veulent s’extraire de leur condition humaine (sortir du temps humain) pour atteindre un temps divin qui les inscrit dans une stabilité éternelle, et ce en faisant fi de toute réalité… » (1)

Le langage transmet la libre expression et le prisme des vécus. L’enfant grandit selon les empreintes du milieu, se nourrit de ses dépendances et manifeste très tôt l’appréhension de perdre de vue les siens. Sa confiance émane du nécessaire processus de détachement, des parcours vers l’autonomie et l’indépendance. La culture permet l’appréciation du savoir, la mesure des faits, la considération des valeurs. Néanmoins, l’extrême laxisme conduit à la tolérance continue des tâtonnements, des balbutiements, des demi-mesures, des irresponsabilités, du provisoire insoutenable, du semblant faire, des immaturités et des actions sans suites.

Le silence en chacun de nous mène finalement à relativiser la recherche et l’appréciation des faits, le vécu, le naturel et la véracité. Ce qui est vraiment sensé ressemble davantage à une vieille issue, raccommodée jusqu’à perdre sa substance. Nous vivotons ou mourons derrière des vérités cachées, lâchées puis tues. On les garde précieusement comme un dernier recours vers la résignation intérieure.

Lorsqu’on perd le courage de faire face, d’observer les fuites en avant, de considérer la réfléxion, de défendre avec acharnement les principes et les pratiques justes, on assassine, chacun à sa façon, ce passé, une éducation, des aspirations, la progression des convictions ainsi que les valeurs essentielles à des convenances intimes !

Les guerres sont largement fomentées par la parole pernicieuse des hommes et des gouvernements. Ceux-là palabrent pourtant sur les principes de la coexistence, s’émeuvent des populations sacrifiées, discutent encore des appels de l’ONU pour une paix juste et regrettent le retour à la guerre froide.

Cependant, l’horreur va bien plus loin ! Les démocraties choisissent de civiliser l’élan et la colère légitime des gens alors que la différence, le droit pour tous et l’exercice de la citoyenneté sont constamment menacés. Le monde « libre » parle en spectateur cloué à ses desseins, et à ses guerres contre l’humain.


(1) Pierre Vidal-Naquet

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

« La guerre du Péloponnèse, à l’image de la tragédie, annonce, dès l’ouverture, la fin inéluctable... un destin sur lequel ni les hommes ni les dieux n’ont prise... certains personnages, tel Périclès, veulent s’extraire de leur condition humaine (sortir du temps humain) pour atteindre un temps divin qui les inscrit dans une stabilité éternelle, et ce en faisant fi de toute...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut