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Société - Syndicats

Des centaines de travailleurs crient leur colère à travers le Liban

« Il s’agit d’une mise en garde pour dire aux autorités qu’on ne peut plus se taire », affirme Béchara Asmar, président de la CGTL, à « L’Orient-Le Jour ».

Des centaines de travailleurs crient leur colère à travers le Liban

Béchara Asmar en compagnie des manifestants, devant l’entrée de l’Aéroport international de Beyrouth. Photo Houssam Chbaro

Des centaines de travailleurs, notamment des conducteurs de transports en commun et des camionneurs, ont répondu présent hier matin à l’appel au débrayage lancé par la Confédération générale des travailleurs au Liban (CGTL), qui n’est pas liée au mouvement de contestation, afin de protester contre les répercussions de la crise économique et financière et de rejeter toute levée des subventions sur les produits de première nécessité, particulièrement le carburant. Les manifestants ont bloqué une série d’axes routiers à travers le pays au moyen de véhicules et organisé plusieurs sit-in devant des lieux considérés comme stratégiques. Cette « Journée de la colère » a été observée à Tripoli, Beyrouth, dans le Sud et dans la Békaa.

« Nous avons commencé notre mobilisation à partir de Tripoli, une des plus grandes villes du pays, qui vit malheureusement dans la misère. Tripoli est la deuxième capitale du Liban, mais elle a été abandonnée », a déploré Béchara Asmar, président de la CGTL, lors d’un entretien accordé à L’Orient-Le Jour. « Tous les syndicats du Nord étaient présents, même les employés de la Caisse nationale de Sécurité sociale, d’Électricité du Liban à Kadisha et des hôpitaux publics nous ont rejoints. Beaucoup de personnes qui ne sont pas membres de la CGTL ont également pris part à notre protestation, dans les différentes régions. Nous avons reçu beaucoup de soutien », s’est félicité M. Asmar qui s’est rendu à Tripoli hier matin. Il a en outre expliqué que cette mobilisation est « une mise en garde pour dire aux autorités qu’on ne peut plus se taire face à ce qui se passe ». Au niveau de l’hôtel Palma, des chauffeurs de poids lourds ont fermé les voies de l’autoroute reliant Tripoli à Beyrouth, dans les deux sens de la circulation. « Nous sommes contre la levée des subventions sur les produits de première nécessité. Nous appelons par ailleurs à la lutte contre la contrebande de médicaments, de produits alimentaires ou encore de carburants. Mais encore faut-il que nos responsables se décident à communiquer entre eux », a déploré le président de la CGTL, qui s’est dit en outre « favorable à l’application de l’audit juricomptable aux différents ministères ». « Ce fut une journée exceptionnelle, pour la première fois la scène ouvrière libanaise connaît une telle mobilisation. Cette mobilisation est fortement symbolique car elle a eu lieu aux quatre coins du pays », a insisté le syndicaliste qui a rejoint, plus tard dans la journée, les protestataires à Beyrouth.


Les chauffeurs de poids lourds font partie de ceux qui ont pris part au mouvement de protestation. Photo Marc Fayad


« J’ai peur qu’on ne se dirige vers le chaos »

Dans la capitale, les travailleurs se sont rassemblés devant le port, l’aéroport, ainsi que devant le siège de la Banque centrale à Hamra. Une manifestation a également été organisée quelques rues plus loin, devant l’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth (AUBMC), qui avait licencié il y a plusieurs mois des centaines de membres de son personnel en raison de la crise. « Je ne comprends pas pourquoi l’hôpital de l’AUBMC facture maintenant le dollar à 3 900 LL. Ils auraient dû patienter jusqu’à la formation du gouvernement. J’ai peur qu’on ne se dirige vers le chaos », a indiqué Béchara Asmar à L’OLJ, qui a averti que des « mesures d’escalade seront décidées ».Lors du rassemblement devant la BDL, le chef du syndicat des transporteurs terrestres, Bassam Tleiss, proche du mouvement Amal, a déclaré pour sa part que la responsabilité de la crise « incombe au gouvernement ». La politique envisagée de levée des subventions « ne passera pas », a-t-il averti.

À Dora, des dizaines de taxis, bus et camions se sont rassemblés autour du rond-point de cet axe routier reliant la capitale au nord du pays, avant de démarrer en convoi en direction de la Banque du Liban. Dans la Békaa, à Baalbeck, des chauffeurs de minibus ont fermé l’entrée sud de la ville dans un « sit-in d’avertissement ». « Il s’agit d’une première étape de notre contestation, qui vise à exprimer les souffrances des citoyens », a lancé un représentant du syndicat des conducteurs de transports publics. Un sit-in s’est également tenu devant la branche de la Banque du Liban à Baalbeck, selon notre correspondante dans la Békaa, Sarah Abdallah.

Revendications et mises en garde

À Saïda (Sud), les contestataires se sont rassemblés dès le matin sur la place de l’Étoile, bloquée à la circulation, avant qu’un convoi de taxis et de camions ne sillonne les rues de la ville, selon notre correspondant sur place Mountasser Abdallah.

Les employés de l’hôpital gouvernemental de Saïda se sont joints à ce mouvement de protestation, afin de réclamer qu’une solution soit trouvée au non-paiement de leurs salaires et d’appeler à un meilleur soutien de l’État aux hôpitaux publics. Des revendications similaires ont été exprimées lors de sit-in des employés des hôpitaux gouvernementaux de Nabatiyé et Baabda.

À Zahrani (Sud), les employés et ouvriers des installations pétrolières ont organisé, eux aussi, un sit-in devant l’infrastructure. Un représentant de ces employés a appelé les responsables politiques à « se tenir aux côtés des gens contre les velléités de la BDL de lever les subventions, ce qui risque de provoquer une catastrophe comme on n’en a jamais vu avant au Liban ».

Plusieurs autres grands axes ont en outre été fermés à la circulation, notamment la route principale de Chtaura et le rond-point de Manara à Zahlé (Békaa), le rond-point d’el-Bass-Tyr (Sud), le rond-point de Aley et une voie de l’autoroute de Sarba dans le Kesrouan, selon le Centre de contrôle du trafic routier.


Le ministre sortant des Affaires sociales, Ramzi Moucharrafiyé, lors d’une conférence de presse hier. Photo DR


Le ministère des Affaires sociales annonce un plan de lutte contre la pauvreté

Le ministre sortant des Affaires sociales, Ramzi Moucharrafiyé, a annoncé hier les grandes lignes d’un plan pour faire face à la pauvreté en 2021, lors d’une conférence de presse tenue au ministère. Il a également évoqué la mise en place d’un filet de sécurité sociale pour les familles les plus pauvres du Liban, ainsi que la poursuite des aides aux réfugiés syriens. Le ministre a ensuite annoncé la distribution prochaine de coupons alimentaires à 55 000 familles parmi les plus défavorisées du pays, avec l’aide de pays européens et de l’ONU. Cette aide, qui tente de pallier la précarité alimentaire galopante au Liban, existe depuis 2011, mais a été récemment élargie à un plus grand nombre de familles, au vu de la situation catastrophique du pays. Elle reste néanmoins insuffisante, puisque 250 000 familles vivent aujourd’hui dans l’extrême pauvreté, selon Assem Abi Ali, responsable du programme Lebanon Crisis Response Plan (LCRP), en charge de la distribution des coupons alimentaires au sein du ministère. « On estime aujourd’hui à 60 % les familles pauvres du Liban, dont 25 % vivent dans l’extrême pauvreté », explique M. Abi Ali. Ola Boutros, responsable adjointe du LCRP, indique pour sa part que des projets de développement rural, visant surtout les femmes et les jeunes, seront mis en place dans les prochaines semaines. M. Moucharrafiyé a par ailleurs rappelé que son ministère poursuivait le travail dans le cadre du plan mis en place par les autorités libanaises pour le retour des réfugiés en Syrie.


Des centaines de travailleurs, notamment des conducteurs de transports en commun et des camionneurs, ont répondu présent hier matin à l’appel au débrayage lancé par la Confédération générale des travailleurs au Liban (CGTL), qui n’est pas liée au mouvement de contestation, afin de protester contre les répercussions de la crise économique et financière et de rejeter toute levée...

commentaires (1)

c'est bien cela, les syndicats des ouvriers ABSENTS depuis 1 an se reveillent mais voient le nombre des hommes/femmes qui croient en eux baisser de 99%... qqs centaines suivent le asmar et autres patrons patronnes/parraines alors qu'ils devraient etre des millions...

Gaby SIOUFI

14 h 20, le 15 octobre 2020

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Commentaires (1)

  • c'est bien cela, les syndicats des ouvriers ABSENTS depuis 1 an se reveillent mais voient le nombre des hommes/femmes qui croient en eux baisser de 99%... qqs centaines suivent le asmar et autres patrons patronnes/parraines alors qu'ils devraient etre des millions...

    Gaby SIOUFI

    14 h 20, le 15 octobre 2020

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