
Le président de la Chambre, Nabih Berry, le président Michel Aoun et Saad Hariri, alors Premier ministre, en 2018 au palais de Baabda. Photo d'archives Ani
Le leader du courant du Futur, l'ex-Premier ministre Saad Hariri, qui s'est déclaré candidat pour diriger le prochain gouvernement, va s'entretenir lundi avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, et le président de la Chambre, Nabih Berry, trois jours avant les consultations parlementaires contraignantes en vue de la nomination d'un nouveau Premier ministre.
Selon notre correspondante Hoda Chedid, M. Hariri promeut l'idée de diriger un gouvernement de spécialistes pour une durée de six mois, chargé de mettre en oeuvre le programme de réformes sur lequel l’ensemble des forces politiques se sont accordés dans le cadre de l'initiative du président français Emmanuel Macron.
Jeudi soir, Saad Hariri, qui disait jusque-là ne pas être candidat à la présidence du Conseil, surtout après la récusation du Premier ministre désigné Moustapha Adib il y a deux semaines, a créé la surprise en annonçant finalement qu'il était candidat à ce poste, une candidature "naturelle", selon ses propres termes. Il a dit vouloir entrer en contact avec les différentes formations politiques afin de les sonder sur son annonce, alors que les consultations parlementaires contraignantes pour désigner le prochain Premier ministre ont été fixées au 15 octobre par le chef de l'Etat.
Selon des informations de la chaîne locale OTV, très proche du Courant patriotique libre, fondé par Michel Aoun, M. Hariri s'est entretenu ce dimanche par téléphone avec le chef de l'Etat. Les deux hommes ont convenu d'un entretien lundi à 11 heures au palais présidentiel de Baabda. Selon notre correspondante Hoda Chedid, cet entretien sera l'occasion de "briser la glace" entre les deux hommes après la démission de Saad Hariri de son poste de Premier ministre le 29 octobre 2019, dans la foulée du déclenchement de la révolte populaire du 17 octobre. Dans ce sillage, M. Hariri devrait également s'entretenir longuement de sa candidature avec le chef du CPL, Gebran Bassil, afin d'assurer une couverture chrétienne à sa nomination. Selon des informations de la chaîne locale LBCI, le groupe parlementaire des Forces libanaises se donne jusqu'à mercredi, veille des consultations parlementaires, pour arrêter sa décision concernant la désignation du prochain PM. Selon ces informations, les FL réclament toujours un gouvernement indépendant des forces politiques. Samedi, le comité politique du CPL avait réagi à l'annonce de la candidature de Saad Hariri, dénonçant son "moi ou personne".
Notre correspondante a indiqué que le leader du Futur s'est également entretenu avec M. Berry par téléphone. Les deux hommes se sont accordés sur la tenue d'un entretien lundi.
Ce dimanche, Saad Hariri devrait s'entretenir avec les ex-PM Najib Mikati, Fouad Siniora et Tammam Salam.
Pour rappel, le processus, initié par Moustapha Adib, de formation d'un cabinet de "mission" conformément à l'initiative française avait été principalement entravée par l'attachement du tandem Hezbollah-Amal à nommer les ministres chiites, notamment pour le portefeuille des Finances. Selon des sources proches de ce tandem citées par Hoda Chedid, ce dernier est toujours attaché à cela, même dans le cadre d'un gouvernement de spécialistes.
Ces entretiens au sommet interviennent quelques jours avant des consultations parlementaires qui doivent avoir lieu jeudi. Mais selon le journaliste Salem Zahran, proche du 8 Mars, un report de ces consultations est probable "à moins que Macron n'entre en jeu".
Selon des sources du groupe des députés joumblattistes citées par la LBCI, ces derniers, qui devraient se réunir dans les deux prochains jours, n'ont encore acté aucune décision.
De son côté, Baha' Hariri, frère de Saad Hariri, qui souhaite s'imposer sur la scène sunnite locale, s'est prononcé en faveur de la formation d'un gouvernement "technocrate (...) pour une période transitoire".
Raï : Tout accord doit respecter la Constitution et le Pacte
Par ailleurs, le patriarche maronite Mgr Béchara Raï a affirmé dans la journée que tout accord autour de la formation du gouvernement doit respecter la logique de la Constitution et du Pacte national.
"Tout accord autour de la formation du prochain gouvernement doit rester dans la logique de la Constitution et du Pacte national. Ainsi, aucun camp n'a le droit d'outrepasser la Constitution, de faire des concessions à cet égard ou de ternir l'image du système démocratique", a déclaré Mgr Raï dans son homélie dominicale à Bkerké, en référence notamment à la récusation de Moustapha Adib, le 26 septembre dernier.
"La garantie de la réussite de la formation du gouvernement, c'est que tous soient déterminés à éviter les atermoiements, à mettre des conditions et à imposer des obstacles non conformes à la Constitution et au Pacte dans le but de rogner sur l'Etat et de soumettre le destin du Liban aux conflits régionaux", a-t-il ajouté, plaidant à nouveau en faveur d'un système de neutralité active qu'il promeut depuis plusieurs semaines maintenant.
"Le peuple condamne les responsables et toute la classe politique, et l'a exprimé lors de manifestations, d'un mouvement de contestation et d'une révolte qui ne s'est pas arrêtée, mais qui a été ralentie", a noté le prélat.
Et rebelote....à la case de départ....les vieux de la vieille comme toujours...
20 h 55, le 12 octobre 2020