Le comité politique du Courant patriotique libre de Gebran Bassil a implicitement réagi samedi à l'annonce de la candidature de Saad Hariri pour diriger le prochain gouvernement, dénonçant son "moi ou personne", sachant que la formation fondée par le chef de l'Etat, Michel Aoun, entretient une rivalité aiguë avec le Courant du Futur de l'ex-Premier ministre.
A l'issue de sa réunion périodique qui s'est tenue par visioconférence, le comité a d'abord affirmé que "la priorité absolue va à l'application d'un programme de réformes dans le cadre de l'initiative française" lancée le 1er septembre à Beyrouth par le président français Emmanuel Macron pour sortir le Liban de sa grave crise économique et sociale. "C'est pourquoi la formation d'un gouvernement productif de réformes est une priorité. Tout autre propos à ce sujet ne s'inscrit pas dans le cadre de cette initiative et son auteur assumera la responsabilité de son échec", a mis en garde le CPL. "Les autres solutions recherchées n'ont clairement pas muri et ne constituent qu'une répétition de prises de position durant toute une année et qui consistaient à dire "moi ou personne, moi ou personne", a estimé le CPL, en allusion à Saad Hariri.
Jeudi soir, Saad Hariri, qui disait jusque-là ne pas être candidat à la présidence du Conseil, surtout après la récusation du Premier ministre désigné Moustapha Adib, a créé la surprise en annonçant finalement qu'il était candidat à ce poste, une candidature "naturelle" selon ses propres mots. Il a dit vouloir entrer en contact avec les différentes formations politiques afin de les sonder sur son annonce, alors que les consultations parlementaires contraignantes pour désigner le prochain Premier ministre ont été fixées au 15 octobre par le chef de l'Etat.
"Nous ne tergiversons pas"
"Des critères clairs et équitables pour la formation du gouvernement doivent être adoptés. Ces critères doivent être ceux de la compétence et du soutien politique au gouvernement en lui accordant une confiance parlementaire et populaire. Mais proposer encore une fois de former le gouvernement sur base de critères politiques traditionnels est possible, mais cela se ferait en dehors du cadre de l'initiative française, et cela requiert des conditions précises auxquelles nous sommes attachés, sur le plan de la Constitution et de la légalité de la représentativité parlementaire sur laquelle nous ne tergiversons pas, sauf pour un gouvernement ayant pour objectif d'arrêter l'effondrement et qui soit formé sur base de l'équité entre les Libanais", a prévenu le CPL.
La formation aouniste a encore rappelé sa "position de principe concernant le droit de chaque communauté et formation politique d'avoir un poste ministériel, sans pour autant concéder l'existence d'interdits qui sont infondés sur le plan de la Constitution".
Les relations entre Saad Hariri et Gebran Bassil sont extrêmement tendues depuis des mois, sur fond de lutte pour le pouvoir. M. Hariri refusait de diriger un gouvernement qui inclurait M. Bassil, figure largement conspuée par la révolte populaire déclenchée le 17 octobre 2019, alors que M. Bassil refusait, selon plusieurs observateurs, que M. Hariri puisse former un cabinet sans lui.
En attendant la prochaine étape de M. Hariri, le flou entoure toujours les consultations parlementaires contraignantes prévues jeudi. Leur sort dépend surtout de la réaction du tandem chiite à la proposition Hariri. "Nous voulons être partenaires, en nommant nos ministres", ont affirmé samedi à la chaîne LBCI des sources anonymes au sein du Hezbollah et du mouvement Amal. Le leader du Futur a déjà entamé ses contacts avec Ali Hassan Khalil, bras droit du chef du Parlement, Nabih Berry, qui dirige Amal, et Hussein Khalil, conseiller politique du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chédid, M. Hariri pourrait s’entretenir avec Gebran Bassil dans les prochaines 48 heures.
commentaires (22)
" w ma tetchkal houkoume la 3youn sohr el general". Cette phrase vous dit quelque chose Mr. Bassil ?
Patrick Accaoui
09 h 19, le 12 octobre 2020