
Le dégâts provoqués par l'explosion d'une bonbonne de gaz dans un restaurant à Achrafié, le 10 octobre 2020. Photo ANI
Au lendemain d'une explosion ayant fait quatre tués à Tarik Jdidé, une personne est décédée et plusieurs autres ont été blessées samedi dans de nouvelles déflagrations dues à des bonbonnes de gaz, la première dans le quartier beyrouthin d'Achrafieh et la seconde à Jiyeh, au sud de la capitale libanaise.
Quatre personnes ont été blessées dans la soirée dans cette dernière localité côtière, rapporte la Croix-Rouge libanaise sur son compte Twitter. Deux souffrant de brûlures ont été hospitalisées, et les deux autres ont été traitées sur le lieu de l'explosion. Celle-ci était due à une bonbonne de gaz, a précisé la CRL, qui s'est déployée sur les lieux vers 18h. L'Agence nationale d'Information (Ani, officielle), précise toutefois que la bonbonne n'a pas "explosé" mais a "pris feu" lorsque la personne qui souhaitait l'installer l'a essayée. Les brûlures des deux patients hospitalisés, un ressortissant syrien et son épouse, sont superficielles, ajoute l'Agence.
Plusieurs heures auparavant, une bonbonne de gaz avait explosé dans un restaurant fermé du quartier résidentiel d'Achrafieh, faisant un tué et deux blessés, selon le bilan rapporté par le directeur de la CRL, Georges Kettaneh. La bonbonne se trouvait dans un établissement situé en contre-bas de la place Sassine. M. Kettaneh a affirmé qu'un corps sans vie a été retiré de l'immeuble dans lequel se trouve l'établissement. Deux passants ont en outre été légèrement blessés par les éclats provoqués par la déflagration. Celle-ci a laissé des dégâts impressionnants dans la rue.
Photo Twitter/@nbntweets
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Travaux de soutènement à Tarik JdidéGood morning #Lebanon - we slept to news of wildfires in the mountains and a fuel tank explosion in Beirut and woke up to news of a Gas Flask explosion in Ashrafiye causing 1 death. pic.twitter.com/ztOSLFGSCI
— Luna Safwan - لونا صفوان (@LunaSafwan) October 10, 2020
Le Liban, encore traumatisé par la double explosion du 4 août au port de Beyrouth, qui a tué plus de 200 personnes et fait 6.500 blessés, dévastant des quartiers entiers de la capitale, avait déjà été secoué jeudi soir par les images de l'explosion d'une cuve à carburant dans le quartier densément peuplé de Tarik Jdidé. La déflagration a fait quatre morts et plusieurs blessés, après une journée marquée par une série d'incendies ravageant des espaces verts du Nord jusqu'au Sud.
Cette cuve, située au sous-sol d'un immeuble a explosé vendredi soir aux alentours de 20h30 dans une boulangerie située dans le secteur Abi Chaker. Le propriétaire du local où se trouvait aussi de l'essence a été arrêté par les forces de l'ordre, selon une source de sécurité. Il gère un de ces services de générateur privé qui fournissent de l'électricité aux habitants, lors des coupures de courant quotidiennes au Liban, d'après la source. Le président de la municipalité de Beyrouth, Jamal Itani, a souligné lors d'une visite sur les lieux que "selon les résultats de l'enquête préliminaire, l'explosion est due à une fuite de carburant au niveau du sol, en provenance des cuves présentes dans le local. Ce produit a ensuite pris feu en raison de travaux de soudure". Plus tôt dans la journée, il avait indiqué samedi à la chaîne LBCI que des travaux se soutènement étaient en cours samedi pour renforcer le bâtiment endommagé par la déflagration. "Il n'y a pas de craintes pour les immeubles environnants", a-t-il assuré à la chaîne. Le secrétaire général du Haut comité de secours, le général Mohammad Kheir, qui s'est également rendu sur les lieux du drames, a de son côté affirmé que les habitants qui ont subi des dommages suite à l'explosion, percevront des indemnités. "Nous ne permettrons pas que les sinistrés restent à la rue", a lancé le général Kheir lors de cette tournée.
De son côté l'ex-Premier ministre Saad Hariri a donné ses instructions à l'Association pour le développement de Beyrouth pour la réhabilitation des bâtiments qui ont été endommagés lors de l'explosion, selon le bureau de presse de M. Hariri. L'Association se chargera également d'effectuer un relevé des dégâts afin de fournir immédiatement des aides aux sinistrés.
Bombes à retardement
Suite à cette explosion, le Premier ministre sortant, Hassane Diab, a envoyé samedi soir une circulaire à toutes les administrations publiques, aux ministères et aux municipalités, afin que toutes les mesures nécessaires soient prises pour lutter contre "le stockage de carburants", un "phénomène qui a des répercussions dangereuses sur la santé publique, la vie et la sécurité des citoyens".
Plus tôt dans la journée, le chef de l'État Michel Aoun avait mis en garde contre les risques du stockage de matières inflammables dans des zones résidentielles. Dans un communiqué appelant les forces de sécurité à prendre les mesures nécessaires pour empêcher ce genre de pratique, il avait annoncé suivre l'enquête lancée sur les causes de l'explosion à Tarik Jdidé et exprimé ses condoléances aux proches des victimes.
Le mohafez de Beyrouth Marwan Abboud avait, lors d'une tournée sur les lieux de la déflagration, lancé un avertissement similaire contre la présence de "milliers de réservoirs qui constituent autant de bombes à retardement dans les quartiers résidentiels", appelant à ne plus stocker de carburants de manière non-sécurisée. Ces dernières semaines, la municipalité a fait la chasse aux entrepôts qui pourraient être en infraction ou représenter un danger pour les quartiers résidentiels, a ajouté M. Abboud.
Au Liban, les services de générateurs privés pullulent à travers le pays, parfois accusés d'être une véritable mafia profitant des pénuries d'électricité, qui obligent depuis des décennies les habitants à recourir à un abonnement pour faire face à des coupures de courant quotidiennes. Le mazout est indispensable pour faire tourner les générateurs.
Heureusement que le Liban ne possède pas des installations de gaz souterraines pour alimenter les appartements et maisons sinon il n’y aurait plus de pays ni de citoyens. L’axe du mal aurait tout fait sauter. On se console comme on peut.
13 h 47, le 12 octobre 2020