Rechercher
Rechercher

Politique - Gouvernement

Baabda hésite encore à engager frontalement les consultations parlementaires contraignantes

Les deux seuls candidats pressentis, Mikati et Hariri, continuent d’afficher pour l’heure leur désintérêt.

Baabda hésite encore à engager frontalement les consultations parlementaires contraignantes

Saad Hariri et Nagib Mikati, deux candidats qui auraient le vent en poupe.

C’est pour tenter une fois de plus de gagner du temps tout en continuant à se dérober aux requis de la Constitution que Baabda a décidé hier, dix jours après la récusation de Moustapha Adib, d’entamer des concertations politiques en vue d’enclencher les consultations parlementaires contraignantes. Une annonce timide qui a filtré dans les milieux du palais où l’on cherche à faire assumer la responsabilité de l’immobilisme au manque d’enthousiasme et à l’apathie des parties politiques, dans un contexte qui n’a pourtant pas bougé depuis que l’ancien Premier ministre désigné a rendu son tablier. En bref, rien n’a changé pour ce qui est des conditions placées par le tandem chiite qui souhaite nommer ses propres ministres et conserver le portefeuille des Finances. Par ailleurs, les obstacles sont toujours présents concernant la recherche d’un Premier ministre qui puisse obtenir l’aval de la majorité des groupes parlementaires, tout étant assez représentatif de sa communauté, ce qui réduit drastiquement les choix.

Pour l’heure deux noms continuent de répondre à ces critères, à savoir les deux ex-Premiers ministres Saad Hariri et Nagib Mikati, même s’ils persistent tous deux à affirmer qu’ils ne sont pas candidats. À moins d’un retournement de situation de dernière minute, c’est ce que le chef du courant du Futur réaffirmera jeudi soir à l’occasion de sa participation à l’émission de Marcel Ghanem sur la chaîne MTV. Une occasion pour lui de faire le point également sur les lignes rouges qu’il s’est fixées en ce domaine.

Selon une source informée, même si Saad Hariri continue de faire la fine bouche, il n’en souhaite pas moins un retour sur la scène politique qui sera d’autant mieux accueilli qu’il continue de bénéficier du soutien du tandem chiite. À condition qu’il accepte de se plier à leurs exigences, ce qui n’est pas acquis pour l’heure. Dans les milieux proches du Hezbollah, on rappelle que Saad Hariri n’a plus grand-chose à perdre. Présider un gouvernement en ce moment ne peut qu’alléger un tant soit peu la pression sur lui et lui permettre éventuellement de renouer, par le biais de l’intercession française, avec l’Arabie saoudite avec laquelle ses relations ne sont plus au beau fixe depuis un certain temps.

Le Liban, ce pays où la géopolitique est une maladie

Le Liban, ce pays où la géopolitique est une maladie

Du côté Mikati, c’est la même incertitude qui continue de planer sur une éventuelle candidature, que des observateurs ont liée à sa récente proposition relative à un cabinet techno-politique. Le député de Tripoli a récemment proposé la formation d’un cabinet composé de 14 ministres indépendants et spécialistes et de six ministres d’État affiliés aux six forces politiques principales. Une formule qui n’a suscité aucune contestation, mais qui n’a pas non plus fait l’objet d’une approbation explicite de la part des différentes formations politiques, comme le note à L’Orient-Le Jour une source de Baabda.

C’est d’ailleurs cette raison notamment et l’asthénie générale dont font preuve les acteurs politiques qui auraient poussé le chef de l’État à s’accorder une semaine de plus avant de convoquer à des consultations parlementaires, ajoute-t-on dans les milieux proches de la présidence. « Le processus des consultations va se mettre en branle et le chef de l’État se dirige vers une décision avant la fin de la semaine pour la tenue des consultations parlementaires contraignantes la semaine prochaine », selon ces sources citées mardi par notre correspondante au palais présidentiel Hoda Chédid. Le président doit mener cette semaine des contacts rapides avec les principaux protagonistes pour tester le terrain avant la tenue de ces consultations. Il espère ainsi parvenir au moins à la désignation d’un Premier ministre, quitte à ce que la formation à proprement parler prenne le temps de mûrir d’ici à la présidentielle américaine, une échéance que toutes les formations politiques semblent attendre avant d’avancer leurs pions.

Du côté du tandem chiite, aucune réaction non plus à la proposition Mikati, bien que l’on affirme dans les milieux proches des deux formations qu’il s’agit d’une formule qu’elles n’auront aucun mal à soutenir, étant à leurs yeux la plus logique. M. Mikati avait toutefois déclaré dans le sillage de sa proposition qu’il ne souhaitait pas pour l’instant présider le prochain gouvernement. Il préfère être un « facilitateur » de la naissance du cabinet plutôt que son chef, note un analyste proche du Hezbollah. Un choix qui serait dicté par le fait qu’un homme d’affaires de son calibre préfère pour le moment ne pas diriger un gouvernement dans lequel le Hezbollah serait présent d’une manière ou d’une autre, ce qui risquerait de compromettre ses relations avec l’Occident avec lequel il entretient d’importants rapports économiques et financiers.

Le renoncement de Nagib Mikati à présenter sa candidature pourrait également être interprété, toujours selon l’analyste, comme une tactique destinée à restaurer son image depuis que le club des anciens Premiers ministres dont il fait partie a été pointé du doigt pour avoir contribué à saboter la formation du gouvernement de Moustapha Adib.

Renflouement du gouvernement Diab ?

En attendant, c’est une information pour le moins saugrenue qui a circulé ces derniers jours dans certains médias. Elle laisse croire que le Premier ministre sortant Hassane Diab pourrait revenir sur sa démission et reprendre en charge les affaires du pays. Une formule absurde et inconstitutionnelle à tous points de vue, commente Salah Honein. L’ancien député rappelle à ce propos qu’un gouvernement démissionnaire « n’a plus la couverture du Parlement et que sa tâche se limite à l’expédition des affaires courantes stricto sensu » et que rien, même pas l’effondrement économique du pays, ne justifierait une interprétation plus large. « Les circonstances exceptionnelles sont devenues la norme au Liban. Cela ne pave pas pour autant la voie à une violation flagrante de la Constitution. Ce serait trop facile », dit M. Honein.

Une autre version de ce scénario consisterait à évoquer un « renflouement » du gouvernement démissionnaire et non un renoncement à la démission en tant que telle. Cela suppose la possibilité de trouver une « entourloupe » pour lui permettre de se réunir et plancher sur certaines décisions urgentes. « Encore une hérésie qui n’a aucune justification dans les textes, dans la mesure où un gouvernement démissionnaire ne peut en aucun cas prendre des décisions qui ont une implication sur les citoyens », souligne M. Honein. Selon notre correspondant politique Mounir Rabih, ce dernier scénario serait une manière de faire chanter Saad Hariri pour le contraindre à accepter un gouvernement sur la base d’un compromis. Comprendre un retour à la situation ante et aux gouvernements dits d’union nationale quand bien même la façade serait partiellement technocrate.

C’est pour tenter une fois de plus de gagner du temps tout en continuant à se dérober aux requis de la Constitution que Baabda a décidé hier, dix jours après la récusation de Moustapha Adib, d’entamer des concertations politiques en vue d’enclencher les consultations parlementaires contraignantes. Une annonce timide qui a filtré dans les milieux du palais où l’on cherche à faire...

commentaires (8)

leh min nater chou encore?

PPZZ58

20 h 03, le 08 octobre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • leh min nater chou encore?

    PPZZ58

    20 h 03, le 08 octobre 2020

  • Le Hezbollah attend les elections américaines , Mr. Nasrallah sachez que c'est Trump qui va etre reelu plus fort qu'avant et il vous fera payer avec vos Ayattollah onva bien rigoler et le peuple libanais va pleurer

    Eleni Caridopoulou

    15 h 36, le 07 octobre 2020

  • Ces hypocrites continuent à affamer le peuple en attendant les élections législatives qu’ils ne veulent pas qu’elles aient lieu avant d’être sûrs de pouvoir acheté à moindre prix les voix de leurs électeurs le moment venu. Ils continuent à nous servir des noms pour occuper la fonction du PM qu’ils savent d’office qu’ils seront rejetés par le peuple et gagner du temps pour anéantir les libanais.

    Sissi zayyat

    12 h 02, le 07 octobre 2020

  • Vous n’avez pas encore compris que la grande majorité de la population libanaise ne veut même plus entendre parler de cette classe politique qui les a volé et qui a ruiné le pays. TOUS VEUT DIRE TOUS SANS AUCUNE EXCEPTION. Et encore cette classe politique a beaucoup de chance de se déplacer librement alors que sa place naturelle est derrière les barreaux d’un bagne

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 57, le 07 octobre 2020

  • Surtout prenez votre temps. Il y a d’abord les élections américaines, puis françaises, puis russes, puis chinoises, mais aussi syriennes, iraniennes, etc. Beaucoup d’excuses. On va en tenter une autre: pas de gouvernement avant des élections anticipées au Liban!

    Gros Gnon

    09 h 30, le 07 octobre 2020

  • LE BORDEL VEUT CHANGER DE NOM ET S,APPELER LUPANAR. PAUVRE LIBAN ! PAUVRES LIBANAIS ! LA REVOLUTION, LA VRAIE REVOLUTION, SEULE, PEUT CHANGER LES CHOSES. EN ATTENDANT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 14, le 07 octobre 2020

  • On se demande comment tous ces chefs de..présidents de...ont encore l'indécence de se montrer, de déclarer, de conseiller...eux qui ont mené le pays à la catastrophe actuelle ! A un certain moment, les ingrédients de la soupe...avariés...faut tout simplement les jeter à la poubelle...et en trouver de plus frais et goûteux ! - Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 06, le 07 octobre 2020

  • Saad Hariri ou Najib Mikati vraiment?? Pas d'autres noms?? On recycle donc... y a autant de choses qui ne doivent pas être divulguées pour qu'on limite la communauté sunnite aux éternels anciens premiers ministres?? Y en a qui s'accrochent au Finances d'autres qui font du zèle à la Justice... et le peuple dans tout ça?? Depuis longtemps délaissé puisqu'il suffit de distribuer des miettes pour être élu et avoir carte blanche.

    Sybille S. Hneine

    08 h 05, le 07 octobre 2020

Retour en haut