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Économie - Consommation

La levée des subventions sur les carburants aura un impact sur le taux dollar/livre, avertit Brax

La levée des subventions sur les carburants aura un impact sur le taux dollar/livre, avertit Brax

Une station-service au Liban. Marwan Assaf/Photo d’archives

Le président du syndicat des stations-service, Samy Brax, a indiqué à L’Orient-Le Jour que les distributeurs de carburant au Liban s’attendaient à une modification prochaine des modalités de la circulaire n° 530 qui permet aux importateurs de la filière d’obtenir 90 % de leurs besoins en dollars contre des livres au taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar. Adoptée en octobre dernier, la mesure a été présentée comme un moyen de limiter la hausse des prix des carburants domestiques (essence, mazout et gaz essentiellement) dans un contexte de crise économique et financière marquée par une brutale dévaluation de la monnaie (8 400 livres pour un dollar, hier, sur le marché noir).

Clarifiant des propos tenus le même jour dans les médias, le syndicaliste a affirmé craindre les répercussions d’une éventuelle baisse du ratio de dollar assuré par la Banque du Liban ou la suppression du mécanisme prévu (qui englobe également les médicaments et le blé) sur la demande de billets verts et sur son taux par rapport à la livre. « À l’heure actuelle, les besoins en dollars des importateurs sont d’environ 200 millions de dollars par an selon nos estimations. Si la circulaire n° 530 est désactivée, ce sera entre 2,6 et 3 milliards de dollars par an qu’il leur faudra trouver (pour un baril à une quarantaine de dollars, NDLR), soit via leurs clients, soit directement sur le marché, ce qui influera forcément sur le taux et le prix du carburant, à moins que les autorités interviennent », a-t-il expliqué. Des chiffres que nous avons pu confirmer via d’autres sources qui précisent que les besoins du pays s’élèvent à 2 millions de tonnes d’essence et 2 millions de tonnes de mazout par an.

« Les informations dont nous disposons nous laissent penser que la BDL pourrait bientôt diminuer le ratio de dollars qu’elle assure par le biais de la circulaire n° 530 de 90 % à 65 %, ce qui voudra dire que les importateurs devront trouver eux-mêmes 500 à 600 millions de dollars supplémentaires sur le marché », a poursuivi Samy Brax. Contactée, une source proche des sociétés importatrices de carburant et une autre proche de la BDL n’ont pas confirmé la modification du ratio avancée par le syndicaliste.

La circulaire n° 530

« La seule certitude, c’est que la BDL ne pourra pas continuer à maintenir ces subventions longtemps vu l’état de ses réserves de liquidités en devises (autour de 19 milliards de dollars, dont 17,5 milliards correspondant aux réserves obligatoires des banques selon les dernières estimations qui ont déjà plusieurs semaines) et que les mécanismes devraient être bientôt modifiés », a acquiescé de son côté une source proche du dossier. Dans ce cas, c’est bien l’ensemble des prix des produits qui bénéficient des subventions de la BDL qui seront affectés, à savoir le carburant, le blé, les médicaments, mais aussi les équipements médicaux et les matières premières destinées à l’industrie pharmaceutique (circulaire n° 353), ainsi que le panier alimentaire élargi (n° 564).Concernant les médicaments, cette perspective a d’ailleurs été évoquée hier par le député Bilal Abdallah, membre du groupe parlementaire du Rassemblement démocratique (Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt), qui a annoncé une possible crise du médicament, ainsi que par le directeur de l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, Firas Abiad, dans leurs interventions respectives. Le syndicat des distributeurs de bonbonnes de gaz aux particuliers et en gros, présidé par Abed el-Hadi el-Abidi, a quant à lui demandé au président Michel Aoun, au ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau Raymond Ghajar et au gouverneur de la BDL Riad Salamé d’exclure le gaz domestique d’une éventuelle suspension de la circulaire n° 530, soulignant que « la facture de gaz ne s’élève qu’à 5 % des coûts des hydrocarbures importés au Liban ».

Samy Brax a enfin assuré que le pays n’était pas en situation de pénurie de mazout (consommé notamment par les générateurs privés qui donnent du courant pendant les coupures d’Électricité du Liban), prenant ainsi le contre-pied du représentant des distributeurs de carburant, Fady Abou Chakra, qui avait affirmé le contraire le matin même à l’Agence nationale d’information. « Un navire doit décharger sa cargaison (aujourd’hui) auprès de la direction des installations pétrolières du pays », a insisté Samy Brax. Rattachée au ministère de l’Énergie et de l’Eau, cette direction assure une partie des besoins du marché local, principalement en mazout, le reste étant pris en charge par une dizaine d’importateurs. De plus, les délais liés à l’application du mécanisme de la circulaire n° 530 ont contribué à provoquer des pénuries temporaires dans certaines stations-service du pays, notamment ce mois-ci.

Il reste que les quantités de carburant importées au Liban sont bien en baisse. Si Samy Brax évoque une diminution de 35 %, la situation est plus hétérogène sur le terrain. « Certaines sociétés ont réduit au minimum l’approvisionnement des stations-service pour limiter la possibilité que leurs propriétaires aient des excédents qu’ils soient tentés de stocker en misant sur une hausse du prix ou qu’ils revendent la marchandise à des contrebandiers qui l’expédient ensuite en Syrie », a souligné une troisième source proche de la profession.

En conflit permanent depuis 2011 et lourdement sanctionnée par une partie de la communauté internationale, la Syrie connaît en effet une pénurie de carburant depuis plusieurs semaines. Les 20 litres d’essence sont revendus à des prix allant de 100 000 à 150 000 livres libanaises, selon plusieurs sources concordantes. Ils ajoutent que certains distributeurs de la Békaa (est du Liban) facturent 50 000 livres pour la même quantité alors que le prix est plafonné aux environs de 25 000 livres par le ministère de l’Énergie. Selon ces sources, les quantités qui s’échappent vers la Syrie proviennent en grande partie des sociétés qui s’approvisionnent auprès de la direction des installations pétrolières du pays, ainsi que de certaines sociétés importatrices, qu’elles n’ont pas nommées.

Le président du syndicat des stations-service, Samy Brax, a indiqué à L’Orient-Le Jour que les distributeurs de carburant au Liban s’attendaient à une modification prochaine des modalités de la circulaire n° 530 qui permet aux importateurs de la filière d’obtenir 90 % de leurs besoins en dollars contre des livres au taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar....

commentaires (1)

Mais c'est impossible de subventionner éternellement les produits importés. Pour éviteren grande partie l'impact du $, les dollars volés par les banques doivent être rendus à leurs détenteurs... et puis ce sont les taxes sur les carburants qui remplissent les caisses des états. Pas l'inverse. Des caisses qui se vident... sans retour. Pire lorsque les produits subventionnés partent en contrebande.

Sybille S. Hneine

08 h 11, le 30 septembre 2020

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Commentaires (1)

  • Mais c'est impossible de subventionner éternellement les produits importés. Pour éviteren grande partie l'impact du $, les dollars volés par les banques doivent être rendus à leurs détenteurs... et puis ce sont les taxes sur les carburants qui remplissent les caisses des états. Pas l'inverse. Des caisses qui se vident... sans retour. Pire lorsque les produits subventionnés partent en contrebande.

    Sybille S. Hneine

    08 h 11, le 30 septembre 2020

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