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Monde - Conflit

Les combats s’intensifient dans le Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Erdogan met de l’huile sur le feu avec un discours combatif en soutien à Bakou.

Les combats s’intensifient dans le Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Les autorités du Haut-Karabakh ont diffusé des vidéos de corps d’hommes en uniforme, le visage flouté, présentés comme des soldats azerbaïdjanais tués au combat. Photo NKR Defence Army/handout/AFP

Les combats entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont intensifiés hier dans et aux abords de la région séparatiste du Haut-Karabakh, cette seconde journée d’affrontements ayant fait au moins 30 morts.

Cette escalade militaire, à l’aide de roquettes et de tirs d’artillerie, est la plus importante depuis le cessez-le-feu de 1994 entre les deux pays, qui s’opposent depuis des décennies au sujet du Haut-Karabakh. Elle fait craindre un embrasement encore plus important en raison des liens qui unissent les deux anciennes républiques soviétiques à la Russie ou à la Turquie. Moscou, qui a appelé à un cessez-le-feu immédiat, a conclu une alliance de défense avec l’Arménie, majoritairement chrétienne, tandis qu’Ankara soutient traditionnellement l’Azerbaïdjan, dont la population essentiellement musulmane partage des origines communes avec les Turcs.

« Nous n’avons rien vu de tel depuis le cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre des années 1990. Les combats se déroulent le long de toutes les zones de la ligne de front », a dit Olesya Vartanyan, spécialiste du Caucase du Sud au sein de Crisis Group.

Le Haut-Karabakh est un territoire enclavé d’Azerbaïdjan peuplé majoritairement d’Arméniens. Il a proclamé son indépendance avec l’effondrement de l’URSS en 1991 et se trouve dans une région du Caucase traversée par des oléoducs essentiels à l’approvisionnement des marchés mondiaux du pétrole et du gaz.

La Turquie menace

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exigé de l’Arménie qu’elle quitte immédiatement les terres azerbaïdjanaises qu’elle occupe, selon lui. « La Turquie continuera à se tenir aux côtés du pays frère et ami qu’est l’Azerbaïdjan, de tout notre cœur et par tous les moyens », a-t-il dit, encourageant Bakou à « prendre les choses en main ».

Le Parlement arménien a condamné une « attaque militaire totale » de l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh. Il a accusé la Turquie de soutenir cette offensive et prévenu que cette implication turque risquait de déstabiliser l’ensemble de la région. L’Arménie et le Haut-Karabakh dénoncent une « ingérence » turque, accusant Ankara de fournir armes, « spécialistes militaires », pilotes de drone et avions à Bakou. Erevan a aussi affirmé qu’Ankara avait déployé des milliers de « mercenaires » transférés de Syrie. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a estimé de son côté que la Turquie avait transféré du territoire syrien plus de 300 combattants vers le Haut-Karabakh. L’Azerbaïdjan a démenti toute participation turque aux combats.

Les autorités du Haut-Karabakh, qui ont décrété dimanche la loi martiale et la mobilisation totale de la population masculine, ont rapporté hier 28 décès supplémentaires dans leurs rangs, après la perte de 16 militaires signalée la veille lors du déclenchement de l’offensive azerbaïdjanaise. Elles affirment toutefois avoir repris une partie du terrain perdu dimanche. Cité par l’agence Interfax, un responsable du ministère arménien de la Défense a fait état de 200 Arméniens blessés. Le bilan réel pourrait être bien plus lourd, les deux camps affirmant chacun avoir tué des centaines de militaires de la partie adverse. Les autorités du Haut-Karabakh ont diffusé des vidéos de corps d’hommes en uniforme, le visage flouté, présentés comme des soldats azerbaïdjanais tués au combat.

Paris prêt à « prendre toutes ses responsabilités »

Les autorités azerbaïdjanaises ont pour leur part annoncé la mort de deux civils lundi en Azerbaïdjan, après cinq la veille. Cité par Interfax, l’attaché de presse du ministère azerbaïdjanais de la Défense, Anar Evyazov, a dit que l’armée azerbaïdjanaise occupait plusieurs points stratégiques sur les hauteurs près du village de Talich, dans le Haut-Karabakh. « Des tirs de missiles, d’artillerie et des bombardements aériens sont infligés aux positions ennemies, ce qui a contraint l’ennemi à abandonner ces positions », a-t-il dit. Il a aussi affirmé que Lernik Babayan, commandant d’un bataillon d’assaut aéroporté de l’armée arménienne, avait été tué près de Talich, une affirmation qu’il n’a pas été possible de vérifier.

Parmi les nombreuses réactions diplomatiques, la France, médiatrice dans ce conflit dans le cadre du groupe de Minsk mis en place par l’OSCE qu’elle copréside avec la Russie et les États-Unis, a appelé dimanche à une cessation immédiate des hostilités. « La France est prête à prendre toutes ses responsabilités en tant que coprésidente du groupe de Minsk. Le président de la République a appelé fermement à la cessation immédiate des hostilités et dit sa disponibilité à contribuer à un règlement pacifique et durable de la question du Haut-Karabakh », a fait savoir l’Élysée dans un communiqué.

Le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu par téléphone avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, mais aucun détail de la conversation n’a filtré, tandis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a parlé avec son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev.

Enfin, une réunion d’urgence à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Haut-Karabakh est attendue aujourd’hui à la demande de pays européens, selon des sources diplomatiques. L’Allemagne et la France sont à l’origine de cette initiative, mais d’autres membres européens – Estonie, Belgique, Royaume-Uni – la soutiennent, a-t-on précisé de mêmes sources.

Sources : agences

Les combats entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont intensifiés hier dans et aux abords de la région séparatiste du Haut-Karabakh, cette seconde journée d’affrontements ayant fait au moins 30 morts.Cette escalade militaire, à l’aide de roquettes et de tirs d’artillerie, est la plus importante depuis le cessez-le-feu de 1994 entre les deux pays, qui s’opposent depuis des...

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