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Monde - Focus

Une militante malaisienne se bat pour le droit de vivre sans le voile

Une militante malaisienne se bat pour le droit de vivre sans le voile

Maryam Lee posant avec une photo d’elle à l’époque où elle était voilée le 17 août 2020 à Kuala Lumpur. Mohd Rasfan/AFP

Attaquée et objet d’une enquête, la militante Maryam Lee est devenue l’une des femmes les plus controversées de Malaisie après avoir décidé de ne plus porter le hijab. Sa décision d’enlever le voile islamique qu’elle portait depuis ses neuf ans et de le dénoncer comme une obligation imposée par le patriarcat a déclenché un torrent de critiques. En Malaisie, pays d’Asie du Sud-Est où 60 % de la population est musulmane, le voile local, appelé « tudung », qui couvre la tête et le cou, n’est pas une obligation légale. Mais la plupart des femmes musulmanes le portent à présent, alors que le pays a pris un tournant plus conservateur.

Maryam Lee dit avoir réalisé vers 25 ans qu’en portant le voile, elle se conformait aux attentes de la société plutôt qu’à un dogme de l’islam et a décidé de le retirer. « Toute ma vie, on m’a dit que (porter le voile) était obligatoire et que si je ne le portais pas, c’était un pêché. Et ensuite, j’ai découvert que cela n’en était pas un, alors je me suis sentie trompée, explique-t-elle. C’est comme quand on nous assure quelque chose toute notre vie et que cela se révèle un mensonge. » Après avoir raconté son histoire dans un livre, Unveiling Choices (Les choix dévoilés), elle a été ciblée par des attaques violentes et des menaces de mort.

Le ministre des Affaires religieuses malaisien a exprimé son inquiétude et elle fait l’objet d’une enquête de la part des autorités religieuses. Maryam pense que les autorités craignent qu’elle n’encourage d’autres femmes à se dévoiler, mais elle assure que ce n’est pas le cas.

« La prison des attentes de la société »

« Je ne dis pas aux femmes quoi penser, mais je leur demande de remettre en question certaines certitudes et théories qu’on leur a enseignées au fil des ans », explique la jeune femme de 28 ans.

« Même sans poursuites légales, les femmes sont considérées comme des criminelles si elles veulent enlever (le hijab) », elles sont dans « la prison des attentes de la société ». Les femmes malaises de la génération précédente n’étaient pas soumises à cette exigence qui a généralisé le voile, soulignent ses partisans.

La jeune femme a été prise pour cible par les radicaux, mais elle a aussi été citée en exemple par certains internautes qui veulent pouvoir exprimer leur choix individuel aussi bien que leur foi. Le vêtement islamique des femmes varie beaucoup dans le monde, des écharpes qui couvrent à peine les cheveux au niqab qui cache le bas du visage et à la burqa, en Afghanistan, qui cache les femmes de la tête aux pieds. Dans les pays occidentaux, il est aussi l’objet de débats houleux entre les partisans du droit à l’expression religieuse et ceux qui défendent la laïcité ou les droits des femmes.

« Pas moins musulmane »

En Asie du Sud-Est, « quand les femmes veulent retirer le hijab, qu’est-ce qui se passe ? On les intimide, on les agresse », souligne Maryam. L’ONG de défense des droits des femmes Sisters in Islam reconnaît que les femmes sans voile sont scrutées en public, par leurs famille et collègues, ce qui peut rendre cette décision « difficile et traumatisante ».

Maryam souligne pour sa part qu’elle a abandonné le voile, mais pas l’islam. « Je suis née musulmane, je suis toujours musulmane et je ne le suis pas moins si je retire mon voile », souligne-t-elle. Et elle n’est pas seule dans ce combat. Certaines femmes politiques ou l’ancienne gouverneure de la banque centrale malaisienne Zeti Akhtar Aziz ne se couvrent pas non plus les cheveux. Et d’autres comme Sarah, consultante d’une société financière qui utilise un nom d’emprunt, dit avoir aussi dû subir beaucoup de critiques après avoir abandonné le voile. « Les hommes malaisiens (...) pensent que les femmes malaisiennes doivent se présenter d’une certaine façon », souligne-t-elle. L’enquête sur Maryam Lee est toujours en cours, avec des poursuites encore possibles. Mais elle affirme n’avoir aucun regret à avoir partagé son expérience : « La société doit se réveiller. »

Choo CHING YEE/AFP

Attaquée et objet d’une enquête, la militante Maryam Lee est devenue l’une des femmes les plus controversées de Malaisie après avoir décidé de ne plus porter le hijab. Sa décision d’enlever le voile islamique qu’elle portait depuis ses neuf ans et de le dénoncer comme une obligation imposée par le patriarcat a déclenché un torrent de critiques. En Malaisie, pays d’Asie du...

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