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Moyen-Orient - Nucléaire

L’Iran raille « l’isolement maximal » des USA après l’annonce par Pompeo d’un retour des sanctions

Tollé de la Russie et de l’Europe qui contestent une décision basée sur une manœuvre juridique controversée.

L’Iran raille « l’isolement maximal » des USA après l’annonce par Pompeo d’un retour des sanctions

Un jeune passe devant l’enceinte, recouverte de slogans et de dessins antiaméricains, de l’ancienne ambassade des États-Unis à Téhéran. Atta Kenare/AFP

L’Iran a raillé hier « l’isolement maximal » des États-Unis après leur proclamation unilatérale d’un retour des sanctions de l’ONU contre Téhéran, une démarche américaine rejetée par Moscou et les pays européens parties prenantes de l’accord sur le nucléaire.

Les États-Unis ont proclamé dans la nuit de samedi à dimanche que les sanctions des Nations unies contre l’Iran étaient de nouveau en vigueur, même s’ils sont presque les seuls au monde à estimer qu’elles le sont. « Aujourd’hui, les États-Unis saluent le retour de quasiment toutes les sanctions de l’ONU contre la République islamique d’Iran auparavant levées », qui sont « à nouveau en vigueur » depuis dimanche 00h00 GMT, a annoncé le secrétaire d’État américain Mike Pompeo.

« Le monde entier dit que rien ne s’est passé. Cela s’est simplement passé dans le monde imaginaire » de M. Pompeo, a réagi Saeed Khatibzadeh, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse hier.

Pour le président iranien Hassan Rohani, la politique de « pression maximale » menée par l’administration de Donald Trump sur l’Iran s’est transformée en « isolement maximal » des États-Unis. « On peut dire que la pression maximale américaine contre l’Iran, dans sa dimension politique et juridique, s’est transformée en isolement maximal des États-Unis », a réagi M. Rohani lors d’une réunion télévisée.

Aucun effet juridique

Le geste de défi des Américains au reste du monde risque d’accroître les tensions internationales, surtout que le gouvernement de Donald Trump menace clairement de mettre en place un système de sanctions dites secondaires pour punir tout pays ou toute entité qui violerait ces sanctions. M. Pompeo a promis que des « mesures » américaines seraient annoncées contre « ceux qui violent les sanctions de l’ONU ». À six semaines de l’élection présidentielle où il brigue un second mandat, M. Trump pourrait dévoiler ces mesures lors de son discours mardi à l’Assemblée générale de l’ONU.

Les autres grandes puissances, la Russie, la Chine, mais aussi les alliés européens des Américains, contestent cette décision basée sur une manœuvre juridique controversée. Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé une initiative américaine « illégitime » ne pouvant avoir « de conséquences légales internationales ». Les chefs de la diplomatie français, allemand et britannique ont affirmé dans une déclaration commune que l’initiative était « sans effet en droit ».

« Toute décision ou action qui serait prise sur le fondement de cette procédure ou de son issue est sans effet en droit », avaient répondu par avance la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne dans une lettre commune adressée vendredi à la présidence du Conseil de sécurité et publiée officiellement dimanche.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a prévenu dans un communiqué que « si les États-Unis mettent en œuvre leurs menaces, directement ou via la coopération de certains de leurs alliés (...), ils seront responsables de toutes les conséquences dangereuses ».

La balle ne part pas

Pour comprendre ce face-à-face spectaculaire entre la première puissance mondiale et le reste de la planète, il faut revenir un mois en arrière. Le gouvernement Trump essuie mi-août un revers retentissant au Conseil de sécurité dans sa tentative de prolonger l’embargo sur les armes conventionnelles visant Téhéran, qui expire en octobre.

Accusant dans une attaque d’une rare violence Paris, Londres et Berlin d’avoir « choisi de s’aligner sur les ayatollahs » au pouvoir en Iran, Mike Pompeo déclenche le 20 août la procédure de « snapback », censée rétablir un mois plus tard toutes les sanctions onusiennes contre l’Iran. Ces sanctions ont été levées en vertu de l’accord international conclu en 2015, lorsque Téhéran s’est engagé à ne pas se doter de l’arme nucléaire.

Or, le président Trump, jugeant insuffisant ce texte négocié par son prédécesseur Barack Obama, en a retiré avec fracas en 2018 les États-Unis, qui ont dans la foulée rétabli, voire durci leurs propres sanctions bilatérales.

À présent, dans une pirouette juridique, les États-Unis invoquent leur statut de pays « participant » à cet accord pour activer le « snapback », ce que conteste la quasi-totalité des autres membres du Conseil de sécurité. Au vu de leur retrait de l’accord, les États-Unis « ne peuvent pas initier un retour des sanctions », a estimé Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne dans un communiqué. « Il ne va rien se passer, assure un diplomate à l’ONU. C’est comme quand on appuie sur la gâchette et que la balle ne part pas. »

Dans les rues de Téhéran hier, les Iraniens déploraient les conditions économiques déjà difficiles dans le pays. « Que les sanctions soient réimposées ou non, nous vivons dans une difficulté extrême », affirme Leila Zanganeh, une professeure d’arts martiaux. Danial Namei, architecte, estime que la situation ne peut empirer : « Nous traversons une période déjà difficile. Il n’y a rien de pire que le pire, après tout. »

Source : AFP

L’Iran a raillé hier « l’isolement maximal » des États-Unis après leur proclamation unilatérale d’un retour des sanctions de l’ONU contre Téhéran, une démarche américaine rejetée par Moscou et les pays européens parties prenantes de l’accord sur le nucléaire.Les États-Unis ont proclamé dans la nuit de samedi à dimanche que les sanctions des Nations unies contre...

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