Rechercher
Rechercher

Politique - Décryptage

Gouvernement : dans l’attente du second « miracle Macron »...

Le temps commence à se faire pressant. C’est en effet mercredi que devrait expirer le délai accordé par le président français Emmanuel Macron pour la formation du gouvernement. Il y a peut-être des possibilités de prolongation de quelques jours, mais il faudrait pour cela que le chef de l’Élysée ou ceux qui suivent ce dossier pour lui sentent qu’un progrès véritable a été réalisé. Or, pour le moment, les tractations semblent s’enliser dans les traditionnels tiraillements internes libanais, sur fond de rivalités politiques à la sauce confessionnelle. Des sources diplomatiques au courant de ce dossier précisent à cet égard que la France, qui a avec elle l’ensemble des pays de l’Union européenne et qui est en contact permanent avec l’administration américaine, estime avoir offert aux différentes parties libanaises un scénario de sortie de crise acceptable pour toutes et qui leur permet en quelque sorte de sauver la face devant la population. La proposition et le calendrier-programme proposé par le président français à ses différents interlocuteurs libanais sont clairs : formation d’un gouvernement dit de mission, regroupant des personnalités qui ne sont pas trop marquées politiquement, dans un délai de 15 jours. Ensuite, ce gouvernement s’emploierait à entamer le processus pour le lancement des réformes requises, qui sont désormais connues de tous : l’audit de la Banque du Liban ; la réforme du secteur de l’électricité ; la restructuration du secteur bancaire et l’adoption d’une loi sur le contrôle des capitaux... Autant de mesures nécessaires pour reconquérir la confiance de la communauté internationale et permettre aux bailleurs de fonds internationaux de soutenir le Liban.

Dans une première étape, les différentes parties libanaises semblaient avoir capté le message français, et c’est ainsi qu’un nouveau président du Conseil, Moustapha Adib, a été nommé le 30 septembre, à la veille de l’arrivée du président Macron à Beyrouth. Après la pause d’une dizaine de jours suite à la démission du gouvernement présidé par Hassane Diab, le mouvement semblait donc s’être accéléré et, selon plusieurs informations concordantes, dans ses entretiens avec les responsables mais aussi avec les chefs de file politiques, le président français avait insisté sur la nécessité de respecter le calendrier-programme, qui constitue la seule sortie de crise en douceur, sachant qu’il avait affirmé dans un entretien avec les médias donné avant son arrivée à Beyrouth que l’alternative serait un retour à la guerre civile...

Lire aussi

Le Liban désormais devant une alternative : respecter les délais ou risquer d’être isolé

Ce qu’Emmanuel Macron n’avait pas dit mais que les différentes parties politiques qu’il a rencontrées ont déduit, c’est que la France avait obtenu des Américains une sorte de délai de grâce pour pouvoir agir, sans qu’il s’agisse pour autant d’une carte blanche à durée indéterminée. Dans les détails du gouvernement souhaité par les Français, il y avait ainsi l’idée d’un cabinet réduit, parce qu’il serait indécent d’avoir une équipe élargie alors que le pays traverse une telle crise économique, sociale et humanitaire. Cette question, qui a fait l’objet d’une discussion entre le Premier ministre désigné et le chef de l’État au cours de leur dernière rencontre, ne constitue pas toutefois un véritable obstacle, car il y a toujours une possibilité d’entente au sujet d’une équipe de 14, de 16 ou de 18 membres. Les Français ont aussi évoqué la nécessité de ne plus respecter les chasses gardées à la tête des ministères, concernant notamment le portefeuille des Finances ou celui de l’Énergie... Apparemment ce sujet est plus délicat.

D’ailleurs, une fois le président français parti, les tiraillements politiques ont repris. D’abord, c’est un responsable du mouvement Amal qui a ouvert en quelque sorte le bazar, en déclarant que les chiites ne peuvent pas renoncer au portefeuille des Finances, car il s’agit d’une question qui touche au respect du pacte national, avec la nécessité d’avoir une signature chiite aux côtés de celles du chef de l’État chrétien et du président du Conseil sunnite. Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil avait aussitôt répondu que si les chiites veulent conserver les Finances, cela signifie qu’il n’y aura pas de rotation dans la distribution des portefeuilles. Depuis, c’est le silence total, comme si la formation du gouvernement n’était plus un sujet d’actualité. Il est vrai qu’entre-temps, deux développements importants se sont produits. D’abord, l’annonce de sanctions américaines frappant deux anciens ministres, dont Ali Hassan Khalil considéré comme le bras droit du président de la Chambre Nabih Berry, suivie, jeudi, de l’incendie au port qui a constitué un choc pour les Libanais en leur faisant revivre le cauchemar du 4 août.

Concernant les sanctions américaines, les avis sont partagés. Pour certains, le message est clair et il va dans le sens des efforts français, en poussant les chiites, à travers le député et ancien ministre Ali Hassan Khalil, à lâcher le portefeuille des Finances et les parties chrétiennes proches du Hezbollah, notamment le CPL, à lâcher le portefeuille de l’Énergie. Mais, pour d’autres, ces sanctions vont au contraire avoir un effet négatif en poussant Amal et le Hezbollah à s’accrocher encore plus au portefeuille des Finances, en resserrant les rangs autour de Ali Hassan Khalil. Selon cette version, si le Hezbollah ou même Amal avaient un moment songé à lâcher ce portefeuille, ils ne le feront plus désormais, pour ne pas montrer le moindre signe de faiblesse face à l’administration américaine. S’ils durcissent en tout cas leur position, les autres composantes politiques en feront de même et l’on se retrouvera devant un scénario qui ressemble fort au gouvernement présidé par Hassane Diab, lequel avait bien commencé son action avant d’être paralysé par les éternels tiraillements politico-confessionnels.

L'éditorial de Issa Goraieb

Les alliances meurtrières

Selon des sources diplomatiques occidentales, si les parties libanaises ne saisissent pas la perche qui leur est tendue, celle-ci tombera et il leur faudra alors faire face à une nouvelle série de sanctions américaines et peut-être européennes qui devront faire très mal.

Pendant ce temps, Moustapha Adib garde un silence prudent. En dépit de toutes les tentatives locales et diplomatiques de le pousser à donner des noms, il reste très discret, refusant de donner la moindre indication sur le cabinet qu’il prépare. Il devrait se rendre en début de semaine prochaine à Baabda pour soumettre une première suggestion au chef de l’État. Mais cela ne signifie pas qu’elle sera acceptée par Michel Aoun. À moins que le « miracle Macron », qui a joué une première fois le 30 septembre dans la désignation de M. Adib, ne se produise une seconde fois avec l’annonce de son gouvernement mercredi ou au plus tard à la fin de la semaine prochaine.

Le temps commence à se faire pressant. C’est en effet mercredi que devrait expirer le délai accordé par le président français Emmanuel Macron pour la formation du gouvernement. Il y a peut-être des possibilités de prolongation de quelques jours, mais il faudrait pour cela que le chef de l’Élysée ou ceux qui suivent ce dossier pour lui sentent qu’un progrès véritable a été...

commentaires (6)

Mr. Adib donnez votre démission parceque vous ne pouvez r.ien faire avec le Hezbollah et Amal

Eleni Caridopoulou

12 h 34, le 13 septembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Mr. Adib donnez votre démission parceque vous ne pouvez r.ien faire avec le Hezbollah et Amal

    Eleni Caridopoulou

    12 h 34, le 13 septembre 2020

  • J’aimerai demander à Aoun qui persiste sur la formation d’un gouvernement élargi, avec quel argent paierait il les ministres inutiles qu’il veut nommer? Si c’est de sa poche, c’est plus que louche comme l’histoire du jet de son boffff et si c’est avec les aides qu’ils vont recevoir mais qu’ils n’ont toujours pas, ça sera criminel puisque des priorités tels que réparer les infrastructures et les services essentiels aux libanais pour améliorer leur quotidien. Alors pourquoi s’opposer et imposer des conditions qui sont loin d’être réalisables ou même envisageables vu le désastre dans lequel vit le pays? C’est pour gagner du temps? Dans quel but? Ah, la question qui tue.

    Sissi zayyat

    12 h 57, le 12 septembre 2020

  • Nous simples citoyens qui n’avons pas transféré de l’argent à l’étranger, qui n’encaissons pas de salaire en fresh money (mais en monnaie de singe), qui avons accumulé une épargne afin de pouvoir vivre décemment notre retraite, qui n’avons jamais volé ni truandé le fisc libanais, qui ne connaissons aucun député ni ministre pour lui avoir demandé une faveur à un moment donné, ON SE RÉGALERA à voir les sanctions tomber contre toute cette clique corrompue de politiciens et hauts fonctionnaires. Dans tous les cas, nous n’avons plus les moyens de vivre alors qu’ils croupissent dans le seul lieu qui leur aille, à savoir, LA PRISON après avoir été dépossédés de tout l’argent public volé

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 15, le 12 septembre 2020

  • Drole ce qui suit pas vrai ?, ""les tiraillements politiques ont repris. D’abord, c’est un responsable du mouvement Amal qui a ouvert en quelque sorte le bazar"", dans le sens que ce ne sont jamais basil le gendre et son bo papa qui commencent a mal faire, mais, les pauvres ne font que " reagir "aux reactions hors la loi des autres parties.

    Gaby SIOUFI

    10 h 00, le 12 septembre 2020

  • Pour une fois, Mme Scarlett Haddad est objective et n'essaie pas d'encenser le parti de Bassil et ses acolytes. Petit progrès. Est-ce là aussi la peur des sanctions?

    Georges Airut

    03 h 26, le 12 septembre 2020

  • So what?

    Zampano

    01 h 45, le 12 septembre 2020

Retour en haut