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Politique - Gouvernement

Le Liban désormais devant une alternative : respecter les délais ou risquer d’être isolé

Le chef de l’État aurait intérêt à accepter la rotation au niveau du portefeuille des Finances et laisser le Parlement trancher.

Le Liban désormais devant une alternative : respecter les délais ou risquer d’être isolé

Moustapha Adib, nouveau Premier ministre. Photo Dalati et Nohra

C’est en principe aujourd’hui que le Premier ministre désigné Moustapha Adib devrait soumettre au président de la République la mouture de la formation de son gouvernement. Le rendez-vous risque toutefois d’être reporté à la lumière des multiples complications survenues après les récentes sanctions américaines contre des personnalités phares du mouvement Amal et des Marada, et surtout la menace d’un nouveau train de mesures que Washington a promis d’imposer et auxquelles Paris pourrait s’associer.

Entravée à ce jour, notamment par le nœud gordien du ministère des Finances auquel s’accroche le chef du mouvement Amal Nabih Berry et par le rétrécissement de la marge de manœuvre désormais concédée aux parties politiques, la tâche se complique pour Moustapha Adib, engagé dans une course contre la montre pour tenter de respecter la date limite de lundi prochain fixée par la France.

Le Premier ministre désigné, qui continue de préserver un mutisme absolu sur les tractations menées en coulisses, voudrait vraisemblablement laisser le climat se décanter après la récente visite du directeur général de la Sûreté Abbas Ibrahim, envoyé en mission à Paris pour tenter d’arrondir les angles et trouver notamment une issue à l’obstacle du ministère des Finances. L’obstination du mouvement Amal, soutenu par le Hezbollah, à obtenir ce portefeuille stratégique s’est encore plus renforcée depuis que l’ancien ministre Ali Hassan Khalil, issu de ses rangs, fait l’objet de sanctions américaines mettant à mal cette formation chiite et son allié.

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La tâche de M. Ibrahim s’est avérée d’autant plus ardue que la France semble tout aussi déterminée à user d’armes dissuasives pour faire réussir la mission initiée par Emmanuel Macron et à faire preuve de fermeté sur certains principes devenus non négociables. Paris n’acceptera ainsi rien moins qu’un gouvernement de mission chargé de l’exécution à la lettre de la feuille de route définie par le président français. Feuille de route qui avait été approuvée par l’ensemble des parties politiques, à l’exception du point portant sur des élections anticipées.

Selon une source informée, la visite du général Ibrahim n’aurait pas porté ses fruits, du moins comme escompté par Baabda et le tandem chiite. Les interlocuteurs français auraient été très fermes : un gouvernement avant l’expiration du délai ou des sanctions qui vont s’abattre sur tout un éventail de personnalités issues des milieux politiques et ayant trempé dans la corruption. « Il n’y a plus de carottes. Il ne reste que le bâton », résume la source. Il y a une dizaine de jours, une autre source proche des milieux diplomatiques versait dans le même sens en affirmant que l’Élysée « est extrêmement sérieux et déterminé sur ce plan. La France se prépare pour cette éventualité ».

Ce message ferme viendrait ainsi rejoindre celui déjà envoyé par l’administration américaine, qui a promis un nouveau train de sanctions très prochainement. Autant de pressions cumulées qui, de l’avis d’un analyste proche du Hezbollah, ne peuvent être que « concertées » ou du moins agencées de sorte à servir un objectif immédiat : sortir le Liban de son bourbier, même si les deux parties ne sont pas d’accord sur la manière de traiter avec le Hezbollah.

Processus différents

Si elle devait se confirmer, cette mise en garde française pourrait expliquer la réaction exprimée hier dans Russia Today par le numéro deux chiite, Naïm Kassem, qui a affirmé craindre que l’initiative française ne « s’enlise à cause des États-Unis ». Le dignitaire chiite a également estimé que l’imposition de sanctions contre des personnalités phares du mouvement Amal et des Marada, et la formation du gouvernement étaient deux processus « totalement différents ». Une manière de dire qu’une éventuelle concession de la part du tandem chiite n’aurait pas été consentie sous l’effet de la pression. Le numéro deux du Hezbollah a aussi rappelé que la formation du cabinet est soumise « au poids des groupes politiques » au sein du Parlement, qui devra accorder la confiance à la future équipe ministérielle. Un enjeu dont Paris, qui n’a jamais évoqué un cabinet formé de technocrates purs, est d’ailleurs conscient. Selon une source proche du parti chiite qui suit de près ce dossier, la France n’aurait opposé son veto à aucun poste ministériel en particulier, mais voudrait consacrer le principe selon lequel aucun parti politique ne peut plus téléguider, même à distance, la gestion d’un ministère ou l’influencer pour en faire dériver les bénéfices et en tirer crédit. Il s’agirait notamment des portefeuilles de l’Énergie, des Télécoms, voire celui des Affaires étrangères, qui devraient désormais être préservés de toute interférence politique directe ou indirecte.

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Paris n’objecterait pas cependant à l’affectation de spécialistes dits indépendants, mais sélectionnés par les partis politiques, à d’autres ministères, de sorte à ne pas complètement annuler leur rôle et afin que le cabinet puisse obtenir la confiance du Parlement et mener à bon port son programme, selon la source.

Autant de conditions qui rendent la tâche de Moustapha Adib encore plus compliquée, à moins que les parties, dont la marge de manœuvre se réduit comme peau de chagrin depuis que la crise s’est internationalisée, n’obtempèrent et avalisent l’une des solutions actuellement proposées : la rotation au niveau des portefeuilles, dont celui des Finances. Même si cette pilule était difficile à avaler par le président du Parlement Nabih Berry, qui recevrait ainsi un second camouflet en l’espace d’une semaine, elle aurait l’avantage de débloquer, ne serait-ce que dans une première phase, la formation du cabinet. Selon notre correspondant politique Mounir Rabih, c’est l’une des mesures qui auraient été proposées à Abbas Ibrahim lors de ses rencontres à Paris.

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Le chef de l’État, qui réclame, de même que le Courant patriotique libre depuis un certain temps, que la rotation puisse s’appliquer à l’attribution de l’ensemble des ministères, ne s’y opposerait probablement pas. En acceptant une mouture où les Finances seraient retirées des mains du mouvement Amal, Michel Aoun pourra ainsi refiler la patate chaude à Nabih Berry et lui faire assumer la responsabilité d’un éventuel rejet par le Parlement qui devra alors trancher.

Baabda ne voudrait surtout pas perdre cette dernière bouée de sauvetage tendue par la France, au risque de se retrouver, ainsi que le Liban tout entier, complètement isolé sur la scène internationale. « Le chef de l’État est conscient que l’initiative d’Emmanuel Macron a en quelque sorte remis en selle la présidence de la République en lui restituant une part de son prestige. Le président de la République est également conscient qu’il a besoin de restaurer un tant soit peu son image au sein de la société chrétienne touchée en plein cœur par l’explosion puis le terrible incendie au port jeudi dernier », commente enfin un analyste.


C’est en principe aujourd’hui que le Premier ministre désigné Moustapha Adib devrait soumettre au président de la République la mouture de la formation de son gouvernement. Le rendez-vous risque toutefois d’être reporté à la lumière des multiples complications survenues après les récentes sanctions américaines contre des personnalités phares du mouvement Amal et des Marada, et...

commentaires (15)

Mr. Adib donnait votre démission car ils vont pas vous laisser gouverner

Eleni Caridopoulou

13 h 02, le 12 septembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (15)

  • Mr. Adib donnait votre démission car ils vont pas vous laisser gouverner

    Eleni Caridopoulou

    13 h 02, le 12 septembre 2020

  • De quel prestige parle t-on encore?

    GHADA SLIM

    12 h 25, le 12 septembre 2020

  • Si la liste des sanctions n’est pas suivie par une arrestation des voleurs et leur incarcération cela risque de mener le pays à la famine, chose pour laquelle travaille ardemment le régime pour pouvoir monnayer le pain contre des armes distribuées à quelques écervelés pour créer le chaos et ainsi atteindre leur but de transformer le pays en Bagdad bis ou en Syrie. Et la visite de Haniyé d’abord chez le HB ensuite en Turquie en dit long sur leur projet à court terme. Il n’y a pas mieux que d’armer les deux camps sunnites et chiites, leur bourrer le crâne de haine et mensonges et les lâcher dans la rue contre quelques dollars et à manger pour leurs familles. Ils essayent de gagner du temps pour arriver à affamer pour mieux maîtriser la rue et les gens faibles d’esprit qui auraient vite oublié la guerre sanglante de 1975 et iraient grossir les rangs des mercenaires contre leur pays et son peuple. Voilà ce qui nous attend et qui explique l’entêtement des politiques pour gagner du temps et arriver à leur but. Il faut être bouché pour ne voir ce qui se trame derrière cette perte de temps précieux qui est agrémentée d’explosions, de feu et de sang pour nourrir leur projet de destruction et appliquée la loi de la terre brûlée. Soit on reste les maîtres du pays soit ce sont des cendres que vous récupérez après nous. CE MESSAGE DOIT INNONDER LES MÉDIAS. EXPLIQUEZ AUX LIBANAIS DE TOUTE TENDANCE POUR LES PRÉVENIR AVANT QUE CE PIÈGE NE SE REFERME SUR NOUS TOUS ET SUR NOTRE PAYS.

    Sissi zayyat

    12 h 11, le 12 septembre 2020

  • L'obstination ,des deux berry et aoun ,risque de mener le pays vers un isolement total vis à vis de la communauté internationale, ils n'ont cure de détruire psychologiquement toute une population en attente de changements , le premier n'a de cesse d'imposer son diktat à savoir l'obtention du ministère des finances ou ce sera le déluge, peut être devrait on l'informer qu'il existe d'autres ministères aussi juteux que les finances... Quand au second, père de tous les Libanais, passé maître es louvoiement, il maîtrise parfaitement la politique de l'autruche pour ensuite s'attribuer tous les éloges ... et puis après tout ceux qui ne sont pas content n'ont qu'à émigrer...

    C…

    11 h 03, le 12 septembre 2020

  • La communauté internationale, notamment la France et à travers elle l'Union Européenne, regardent de près l'évolution de la situation. Si les chefs de partis politiques continuent de se comporter comme chefs de clans mafieux, le couperet de sanctions supplémentaires va tomber, cette fois non seulement de la part des Etats-Unis mais sans doute des Etats membres de l'Union Européenne également. Le gouvernement n'est pas un gateau que peuvent se partager les chefs de clans politico-religieux et sectaires que sont Nabih Berri, Gebran Bassil, Sheikh Hassan Nasrallah, Sleiman Franjieh, Walid Joumblat, Samir Geagea ou Saad Hariri, entre autres.

    Tony BASSILA

    10 h 35, le 12 septembre 2020

  • il y a rien à faire nos hommes politiques font comme dans le passé, ou ils sont sourds ou ils sont aveugles je pense ils sont les deux ils attendent les sanctions car les libanais qui vont voir la famine en face vont peut etre réagir plus energiquement. ils se battent pour une ministére de finance car ils pensent que la communauté internationale va leur donner de l argent , ils revent sans vraie reforme pas de monnaie .

    youssef barada

    10 h 27, le 12 septembre 2020

  • il y a rien à faire nos hommes politiques font comme dans le passé, ou ils sont sourds ou ils sont aveugles je pense ils sont les deux ils attendent les sanctions car les libanais qui vont voir la famine en face vont peut etre réagir plus energiquement. ils se battent pour une ministére de finance car ils pensent que la communauté internationale va leur donner de l argent , ils revent sans vraie reforme pas de monnaie .

    youssef barada

    10 h 27, le 12 septembre 2020

  • Le tandem chiite veut garder les finances. Mais est ce que quelqu’un leur a expliqué qu’il n’y a plus un sou à voler dans les caisses de leur État bidon. S’ils comptent sur les aides futures, ils se fourrent un tandem de doigts dans les deux yeux car aucune aide ne parviendra au gouvernement libanais, plus personne sur cette terre n’a confiance en eux. Alors continuez tous à exiger telle ou telle chose jusqu’à la parution de la nouvelle liste de personnes sanctionnées, vous aurez beaucoup moins le sourire béat de vos photos officielles derrière les visières à deux sous

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 03, le 12 septembre 2020

  • comment ne pas craindre un 1988-1990 bis, l'utilisation des des armes en moins, qui verra baabda se fiche dans le cerveau qu'il a la force,le pouvoir de n'en faire qu'a sa tete ? comment ne pas craindre que "quelqu'un" ne soufflerait pas a l'oreille de papa de tous qu'il peut n'en faire qu'a sa tete ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 53, le 12 septembre 2020

  • NOS POLICHINELLES CORROMPUS ET VOLEURS TRAPEZISTES NE SAVENT PLUS DANS QUEL CIRQUE S,EXHIBER. CELUI QUI LEUR EST PROPOSE EST SOUS CONTROLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 44, le 12 septembre 2020

  • Que les politiciens continuent leurs conneries ( c’est tout ce qu’ils savent faire) le Liban se trouvera isolé mais les sanctions contre les personnalités vont pleuvoir. Je jubile rien qu’à cette idée de voir les noms de ces arrogants et insolents qui se prennent pour des demi dieux traines dans la boue des sanctions internationales. Mon café a soudain meilleur goût

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 27, le 12 septembre 2020

  • Le tandem amal et Hezbollah veut donc preserver le ministere des Finances. On le comprend car semble-t-il c’est un fond de commerce florissant permettant des debouches interessants, meme si illegaux. L’ex ministre des Finances Ali Hassan Khalil en a fait les frais en s’attirant des sanctions americaines pour, corruption entre autres. Fort de son armement, le tandem sinistre controle de tres pres, la rue (demandez le donc aux manifestants) , les differentes administrations, les « responsables » corrompus (ils sont tres nombreux), le port et l’aeroport, la presidence du Parlement et aussi Baabda, comme l’a laisse entendre le Patriarche. Et dire qu’au plus haut niveau de l’Etat on ne voit rien et on n’entend rien

    Goraieb Nada

    08 h 13, le 12 septembre 2020

  • Je pari 100 dollars ( les vrai en argent liquide et frais ) qu'ils vont tous obtemperer pour essayer d'appaiser Macron et Trump et ils pensent encore grapiller quelques millions LA VERITE QUAND UN PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE RECOIT UN CADEAU DE PAR SA FONCTION , IL NE PEUT LE GARDER ET IL APPARTIENT A L'ETAT ( un etudiant en premiere annee de droit vous le dira M Aoun ) DONC PAS A LA GARDE REPUBLICAINE MONSIEUR LE PRESIDENT AOUN SI VOS CONSEILLERS SONT LES MEMES QUI VOUS ONT DIT DE DISTRIBUER 100000 DOLLARS ( valeur du the ) A VOS GARDES NE VOUS ETTONNEZ PAS QUE TOUT CE QUE VOUS DECIDEZ DEPUIS 3 ANS EST CONTRAIRE AUX LOIS ELEMENTAIRES DE DROIT ET VOUS PARLEZ DE VOUS BATTRE CONTRE LA CORRUPTION EN ARRETTANT UNE PERMUTATION CHEZ LES JUGES PARCEQUE VOTRE GHADA ( qui elle vous pouvez appele a volonte , pas comme le port ou votre ami mis aux arrets maintenant et que vous defendez malgre sa responsabilite premiere ) VA ETRE MUTE LA OU CELA NE LUI PLAIT PAS CHASSEZ DONC CES CONSEILLES CAR LE SEUL FAIT QUE CE N'EST PAS LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ( votre ex conseille ) QUI A ETE DISCUTE A PARIS EXPLIQUE TOUT CE QUE CE PAYS EST DEVENU: UN MORT DANS LE COMA AVEC DES SUCCEURS DE SANG A SON CHEVET POUR LE TUER DEFINITIVEMENT

    LA VERITE

    02 h 41, le 12 septembre 2020

  • The Amal movement has been hanging on to the ministry of finance for many years. Their representative Mr. Khalil, is accused of corruption and is now the subject of international sanctions. Under Mr. Berry’s leadership, the Lebanese parliament has continued to block meaningful reforms. It’s time to call out the Amal movement, Hezbollah that continues to support it, and the alleged corruption that some of their ministers have been indulging in.

    Mireille Kang

    02 h 17, le 12 septembre 2020

  • Cher Moustapha, 3 options te sont présentées : 1- nommer le fameux Abbas Brahim comme seul ministre de Tout puisqu' apparement il fait tout, le prez l'aime et hassan aussi. 2-demissionner avec fierté au lieu de se faire balancer entre ces marchands de tapis, 3- tout calmement et secrètement, sauter dans un avion avec ta famille et échapper à ce guêpier malsain......... Le conseil valait un chameau...pas grave je prendrai plutôt une bouteille d'arak, ou de pastis, de ton choix!! Yallah bassita

    Wlek Sanferlou

    00 h 33, le 12 septembre 2020

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