Des militaires birmans confessent des exactions, des aveux « sous la contrainte », selon l’armée

Deux ex-militaires birmans ont reconnu des exactions à l’encontre de Rohingyas et pourraient devoir témoigner devant la justice internationale, une première depuis les atrocités commises en 2017 contre cette minorité musulmane. Mardi, l’ONG Fortify Rights et le New York Times ont révélé des témoignages vidéo où deux anciens soldats reconnaissent des meurtres, des viols et d’autres crimes commis à l’encontre de Rohingyas il y a trois ans. Les deux hommes, qui avouent avoir tué jusqu’à 180 personnes – dont des femmes et des enfants – détaillent aussi les noms et les grades de six commandants. Certains leur ont, selon eux, ordonné de « tirer sur tout ce que vous voyez et entendez ». Quelque 750 000 Rohingyas ont fui depuis août 2017 les exactions de l’armée birmane et de milices bouddhistes et s’entassent depuis dans d’immenses camps de fortune au Bangladesh voisin. Les témoignages des militaires ont été enregistrés, dans des conditions non vérifiées par l’AFP, par une milice rebelle, l’Armée d’Arakan (AA). Considérée comme un groupe terroriste par le gouvernement birman, cette faction se bat contre l’armée dans le nord-ouest du pays afin d’obtenir plus d’autonomie pour les bouddhistes de l’ethnie Rakhine. Myo Win Tun, 33 ans, et Zaw Naing Tun, 30 ans, sont bien d’anciens soldats, mais ils « ont été pris en otages » par les miliciens de l’AA, a réagi le porte-parole de l’armée, le général de brigade Zaw Min Tun. Ils « ont été menacés et contraints de se confesser », a-t-il ajouté.