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Nos Lecteurs ont la Parole

À l’aube de notre Liban...

Naoum Labaki, mon grand-père, président de la première Assemblée nationale du Liban, première photo sur le mur du hall du Parlement libanais. Comment ne pas penser à lui en ce triste anniversaire du centenaire de notre pays ? Cet homme était de la race de ceux qui ont un idéal et qui sont prêts à tout lui sacrifier. Mon grand-père avait choisi d’émigrer au Brésil, où il avait fondé plusieurs journaux, par le biais desquels il pouvait combattre, grâce à sa plume, l’Empire ottoman qui étouffait son pays, mais aussi et surtout les prémices du confessionalisme qui émergeait déjà. Jusqu’au jour où il sentit le moment venu pour lui de rentrer afin d’être au plus près des événements qui se précipitaient dans cette partie du monde.

« L’homme malade » était sur le point de rendre l’âme et Naoum Labaki tenait absolument à participer à la naissance du Liban actuel. Il était visionnaire et ne se faisait aucune illusion sur les difficultés qui l’attendaient. La réalité a cependant dépassé de loin ses pires appréhensions. Et, pourchassé sans répit par les soldats ottomans de plus en plus cruels et vindicatifs à mesure qu’ils sentaient leur fin proche, il a mené pendant quatre longues années la dure vie de fugitif.

Loin de Baabdate, son village, se cachant au hasard des grottes et autres anfractuosités de rochers dans les hauteurs de Sannine, il trouvait le moyen de confier régulièrement aux habitants de Baskinta, qui le protégeaient au péril de leur vie, des pamphlets et des articles à distribuer et à publier. Il y écrivait sa haine de l’occupant et ses idées pour son pays. Ce résistant de la première heure avait réclamé l’indépendance du Liban et avait même dessiné un drapeau libanais qu’il présentait entièrement blanc avec un cèdre en son milieu.

Ses réflexions n’étaient pas que politiques ; il avait, par exemple, élaboré de nombreux projets de construction de routes, de tunnels et de grands axes reliant la côte à la Békaa. Ses espoirs en ce pays et en son peuple étaient grands et il a toujours œuvré pour atteindre ses objectifs mais il n’en a malheureusement pas eu le temps : la mort l’a cueilli à l’âge de quarante-neuf ans, juste après une attaque cardiaque pendant un discours devant l’Assemblée.Comment ne pas avoir mal pour cet homme qui a réellement donné sa vie pour la cause à laquelle il croyait lorsque nous voyons tous ses efforts et tous ses espoirs anéantis, de la plus abominable des manières ?

Croire à la renaissance du pays et aider à sa reconstruction serait lui rendre le plus juste des hommages. Baisser les bras et désespérer serait le tuer une seconde fois.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Naoum Labaki, mon grand-père, président de la première Assemblée nationale du Liban, première photo sur le mur du hall du Parlement libanais. Comment ne pas penser à lui en ce triste anniversaire du centenaire de notre pays ? Cet homme était de la race de ceux qui ont un idéal et qui sont prêts à tout lui sacrifier. Mon grand-père avait choisi d’émigrer au Brésil, où il avait...

commentaires (1)

Il faudrait ajouter que Naoum Labaki n'était pas qu'homme politique et résistant: c'était un journaliste de premier ordre, qui possédait à fond la langue arabe. Les éditoriaux qu'il écrivait pour son journal "Al-Munazer" sont un modèle du genre. N'en déplaise à certains, c'est l'homme le plus illustre qu'ait produit Baabdath, et ce n'est pas pour rien que son buste trône toujours au centre de sa place principale...

Georges MELKI

11 h 48, le 08 septembre 2020

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Commentaires (1)

  • Il faudrait ajouter que Naoum Labaki n'était pas qu'homme politique et résistant: c'était un journaliste de premier ordre, qui possédait à fond la langue arabe. Les éditoriaux qu'il écrivait pour son journal "Al-Munazer" sont un modèle du genre. N'en déplaise à certains, c'est l'homme le plus illustre qu'ait produit Baabdath, et ce n'est pas pour rien que son buste trône toujours au centre de sa place principale...

    Georges MELKI

    11 h 48, le 08 septembre 2020

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