Faute de voir formé le « gouvernement de mission » qu’il a appelé de ses vœux avant de quitter le Liban, début août, le président français Emanuel Macron aura probablement la satisfaction de serrer la main, mardi matin, à un nouveau président du Conseil désigné.
En effet, à la veille des consultations parlementaires pour la désignation d’un nouveau chef de gouvernement, les quatre anciens Premiers ministres ont annoncé dimanche, par la voix de Fouad Siniora, que leur choix pour succéder à Hassane Diab au poste de président du Conseil s’est porté sur la personne de l’ambassadeur du Liban à Berlin, Moustapha Adib. Pour ne pas « brûler » cette candidature, les anciens Premiers ministres avaient songé d’abord à ne la rendre publique qu’immédiatement avant le début des consultations parlementaires, qui s’ouvrent lundi matin à Baabda. Toutefois, la candidature de M. Adib ayant reçu l’aval du chef de l’Etat et du tandem chiite, et une confortable majorité parlementaire lui ayant été ainsi assurée, il a paru inutile de la garder secrète plus longtemps.
Le nom de M. Adib avait été avancé en même temps que les noms de Mohammad el-Hout, PDG de la Middle East Airlines, et Ghassan Oueidate, actuel procureur général de Cassation, au poste indiqué, précise notre informateur Mounir Rabih. Toutefois, avancé par Fouad Siniora, le nom de Mohammad el-Hout n’a pas reçu l’aval du chef de l’Etat. Par ailleurs, M. Oueidate, soutenu par l’ancien Premier ministre Saad Hariri, a été jugé plus utile à sa place au sommet de la hiérarchie judiciaire, d’autant que le chef de l’Etat était hostile à sa candidature.
C’est donc le nom de M. Adib (49 ans), un natif de Tripoli, ancien chef de cabinet de Nagib Mikati durant la période où ce dernier était président du Conseil, puis tiré de son poste de professeur à l’Université libanaise pour être nommé, hors cadre, ambassadeur du Liban en Allemagne en 2013, qui a été retenu. La nomination de M. Adib semble ainsi être assurée, et l’on en voit immédiatement les avantages. Venu de la sphère de M. Mikati, elle épargne au pays les exclusives et rivalités opposant les chefs du courant du Futur et du Courant patriotique libre de Gebran Bassil. Ce dernier exigeait de participer au gouvernement si M. Hariri allait lui aussi y participer en personne. Rappelons que le courant du Futur avait avancé, pour la forme, les candidatures des anciens ministres Rachid Derbas, Samir el-Jisr et Raya el-Hassan au poste de Premier ministre.
M. Bassil a présidé hier une réunion du son bloc parlementaire consacrée aux consultations parlementaires d’aujourd’hui et, sans déclarer son appui à M. Adib, a affirmé que son bloc « faciliterait la tâche » de tout nouveau gouvernement qui donnerait la priorité aux réformes structurelles nécessaires au redressement de l’économie et ouvrirait la voie à une assistance internationale. Titulaire d’un doctorat en droit et diplômé en Sciences politiques, ce dernier devrait s’employer à poursuivre l’action de son prédécesseur, en formant une équipe de personnalités compétentes. Mais réussira-t-il à épargner au pays les écueils du clientélisme ? Les prochaines semaines le diront. Reste à dire que, une fois de plus, l’usage l’a emporté sur le texte, et les contacts pris dans les coulisses ont transformé les consultations parlementaires contraignantes en un exercice de pure forme.
commentaires (17)
Tous les protagonistes sont d'accord. C'est louche et mauvais signe. Il manquerait plus que le retour de la clique des mousquetaires qui végète là depuis trente ans. Pauvre Liban, il ne s'en sortira jamais de ce tourbillon
Citoyen
18 h 14, le 31 août 2020