Tous les matins, dans le secteur de la Quarantaine à Beyrouth, ils sont des centaines à s’activer parmi les habitations dévastées par l’explosion du 4 août, survenue tout près de ce quartier modeste de la capitale. Ces volontaires viennent de Beyrouth, de Bint Jbeil, du Akkar, de Tripoli, du Kesrouan, de Rachaya, de Baalbeck ou encore de Tyr, et ont répondu à l’appel de l’association Offre Joie qui entreprend de reconstruire les habitations les plus endommagées dans le quartier, grâce à de généreux donateurs des quatre coins de la planète.
Des deux côtés d’une rue adjacente au port, des échafaudages se dressent. Des dizaines de volontaires s’activent, casques vissés sur la tête. Khaled Majzoub, lycéen de 17 ans, vient tous les matins de Jeb Jannine, dans la Békaa, pour prendre part aux travaux. « Je me suis porté volontaire dès les premiers jours qui ont suivi l’incident. Ici, on nettoie, on restaure, on reconstruit des murs, on pose des vitres dans les appartements touchés par l’explosion. Je ne supportais pas de voir Beyrouth détruite ni de savoir qu’il y avait des gens qui dormaient dans la rue à cause de ce qui s’est passé », confie le jeune homme. Paul, 22 ans, stagiaire dans le domaine du marketing, prend part pour la première fois aux travaux de réhabilitation des logements à la Quarantaine. « C’est mon premier jour ici. Je l’ai passé à transporter du parpaing. J’ai même aidé à démolir un mur qui ne tenait plus, raconte-t-il. Au début, je me rendais avec quelques amis dans le quartier de Mar Mikhaël, où on proposait nos services de manière spontanée aux riverains sinistrés. Et puis, à un moment, j’ai décidé de me porter volontaire auprès d’Offre Joie, qui organise la reconstruction de manière professionnelle », ajoute Paul. L’explosion meurtrière du port de Beyrouth a fauché près de 200 vies, fait des milliers de blessés et mis à la rue 300 000 personnes. À l’heure où l’État brille par son absence sur le terrain, la société civile se serre les coudes et les Libanais témoignent, une fois de plus, de leur capacité à se venir en aide face à l’adversité. En témoigne l’initiative lancée par l’ONG Offre Joie qui milite, depuis 1985, pour la paix, la coexistence et le vivre-ensemble.
« Il ne s’agit pas uniquement de reconstruire ce qui a été détruit, mais de rendre leur dignité aux habitants du quartier. Ce qui est plus important que les travaux, ce sont les relations que nous tissons avec eux. Certains ont besoin de soutien psychologique. Ils se sentent délaissés et seuls, raconte à L’Orient-Le Jour Marc Torbey, président d’Offre Joie. Il y a même 40 enfants issus du quartier qui sont traumatisés. » « Nous ne sommes pas là pour remplacer l’État. Nous sommes là parce que l’État est absent », ajoute M. Torbey. Forte d’une solidarité locale et internationale, Offre Joie profite de nombreuses aides et de donations qui l’aident à financer ces chantiers. Initiative louable, le grand quotidien régional français Ouest France a même répercuté auprès de ses lecteurs la campagne de collecte de fonds lancée par L’Orient-Le Jour, ce qui a permis de rassembler la somme de 25 000 euros que le journal a offerte à l’ONG.
« Il y a des gens qui ont tout perdu »
Sur le terrain, les volontaires s’improvisent ouvriers de construction, sous la supervision de contremaîtres professionnels. Ils s’activent avec leurs marteaux, leurs pelles et leurs brouettes. Les travaux sont parfois difficiles ; il faut porter des sacs de béton, du parpaing, escalader les étages et travailler sous un soleil de plomb. Casque de chantier sur la tête, Nady Nassar, volontaire et responsable du recrutement, passe les travaux en revue. « Nous avons décidé d’intervenir là où la situation socio-économique des habitants était déjà précaire. Nous refaisons les fenêtres et les portes, et même la peinture. Nous essayons de terminer au plus vite, avant les premières pluies », confie le jeune homme qui ajoute que l’équipe s’occupe de retaper environ 140 appartements à la Quarantaine.
Sur un des balcons, une famille observe les volontaires, sourire au visage. La mère de famille dit attendre « patiemment » que ces derniers viennent lui poser de nouvelles vitres. « J’étais sur le balcon quand l’explosion a eu lieu, j’ai été projetée à l’intérieur. J’ai été blessée, ainsi que mon mari. Heureusement que mes enfants n’étaient pas à la maison », confie-t-elle.
Parmi les volontaires, des jumeaux de 19 ans originaires de Tripoli et qui se sont installés chez des amis, non loin du chantier, afin de pouvoir venir en aide aux habitants. « Nous ne pouvions pas rester les bras croisés. Nous avons été épargnés par la catastrophe. Mais il y a des gens qui ont tout perdu. Nous sommes là pour les aider », confie un des jumeaux à L’OLJ, sous couvert d’anonymat.
Rahma, jeune Égyptienne de 21 ans, était à Beyrouth lorsque le drame s’est produit. Son appartement a été détruit et elle a même fait les frais de la vague de cambriolages survenue dans la capitale après l’explosion. Mais au lieu de rentrer dans son pays, la jeune femme a décidé de rester sur place et de prêter main-forte aux volontaires d’Offre Joie. « La question ne s’est même pas posée pour moi. Il fallait que je vienne en aide aux Beyrouthins, c’était une évidence. Je devais aider à la reconstruction, coûte que coûte », affirme la jeune femme. « Je suis descendue sur le terrain le lendemain de l’explosion et j’ai vu des choses qui m’ont marquée. Je n’ai toujours pas accepté ce qui s’est passé », raconte-t-elle, les larmes aux yeux.
Simon, 21 ans, travaille sur le chantier depuis quelques jours. « Les volontaires qui s’activent, c’est la seule chose positive dans ce pays, estime le jeune homme. Je n’écoute plus les hommes politiques, je ne pense pas à l’avenir. J’essaie juste d’aider ceux qui sont dans le besoin », lance-t-il.
SI ON POUVAIT VOIR LE MEME ENTHOUSIASME DANS LA CONSTRUCTION D,UN NOUVEAU LIBAN DU VIVRE ENSEMBLE LIBRE DES ARMES ILLEGALES DES PROVOCATEURS DE TOUT GENRE.
09 h 52, le 29 août 2020