
Le patriarche maronite Mgr Béchara Raï lors d'une tournée dans les quartiers de Beyrouth sinistrés par la double explosion du port de Beyrouth, le 26 août 2020. Photo ANI
Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a rejeté mercredi toute accusation de "collaboration" avec Israël, lancée contre lui par des partisans du Hezbollah après ses propos concernant des caches d'armes illégalement stockées par le parti chiite. Il a également appelé à mettre un terme aux armes illégales, sans toutefois désigner le Hezbollah nommément.
"Nous n'acceptons pas les accusations de collaboration", a déclaré le dignitaire, qui a souligné "rejeter toute dépendance à n'importe quelle partie". "Pourquoi qu'à chaque fois que nous nous exprimons, on nous accuse de parler du Hezbollah ?", s'est encore interrogé le chef de l'Eglise maronite. "Y a-t-il des divergences sur le fait que le Liban a un problème de prolifération des armes ? Nous appelons l'Etat à récupérer toutes les armes", a-t-il souligné. "Il y a des Etats dans l'Etat, et pas seulement un Etat dans l'Etat", a fustigé Mgr Raï.
Dans son homélie de dimanche dernier, le patriarche avait évoqué "des caches d’armes installées illégalement au cœur des quartiers résidentiels" et qui devraient selon lui être perquisitionnées après le signal d’alarme donné par l’explosion du 4 août, que de nombreuses personnes lient à la présence d'armements du Hezbollah dans le port. Cet homélie a provoqué une réponse du quotidien al-Akhbar, considéré comme proche du Hezbollah, qui a accusé le dignitaire maronite de "faire la promotion de la paix avec l’ennemi israélien". La Commission épiscopale pour les communications sociales relevant de Bkerké, qui les informations sécuritaires révélées par Béchara Raï, a invité le quotidien à se livrer aux investigations nécessaires "au lieu d’accuser abusivement le patriarche".
Une telle catastrophe "se reproduira"
Lors d'une tournée dans les quartiers et églises détruits par l'explosion du 4 août, le patriarche maronite a estimé que si les autorités libanaises ne parviennent pas à identifier la cause des explosions dans le port de Beyrouth, une telle catastrophe "se reproduira".
Selon les explications officielles, le souffle qui a détruit la capitale libanaise a été provoqué par un incendie dans un entrepôt dans lequel étaient stockées sans précaution 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium. "La justice libanaise doit faire son travail, et nous lui faisons confiance. Mais si cette justice commet des manquements, nous devrons avoir recours à la justice internationale", a estimé Mgr Raï. Le président Aoun a rejeté toute enquête internationale, affirmant que celle-ci "diluerait la vérité". Une enquête locale est en cours, mais nombreux sont ceux qui doute de son efficacité et de son impartialité.
"Se répartir le gâteau"
Concernant par ailleurs le fait que le président de la République, Michel Aoun, n'a toujours pas convoqué les consultations parlementaires contraignantes, plus de deux semaines après la démission du gouvernement de Hassane Diab, le patriarche a rappelé que "tout Etat se base sur une Constitution et des lois et il revient aux autorités de les respecter". "Le pays est à genoux alors qu'eux (les responsables) cherchent à se répartir le gâteau. Nous condamnons cela de la manière la plus ferme", a martelé Mgr Raï.
Les tractations politiques pour la formation sont revenues à la case départ mardi, l'ancien Premier ministre Saad Hariri ayant rejeté l'éventualité d'un nouveau mandat à la présidence du Conseil, alors que les discussions entre les partis de la majorité tournaient autour de sa nomination, souhaitée notamment par le mouvement Amal (du président de la Chambre, Nabih Berry) et le Hezbollah.
Le patriarche maronite a enfin évoqué une nouvelle fois son appel à la neutralité du Liban par rapport aux conflits régionaux, une demande qu'il réclame depuis des semaines. "Le seul salut du Liban réside dans la neutralité", a en outre lancé Mgr Raï, qui fait campagne depuis plusieurs semaines pour cette neutralité active du pays.
Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a rejeté mercredi toute accusation de "collaboration" avec Israël, lancée contre lui par des partisans du Hezbollah après ses propos concernant des caches d'armes illégalement stockées par le parti chiite. Il a également appelé à mettre un terme aux armes illégales, sans toutefois désigner le Hezbollah nommément."Nous n'acceptons pas les...
commentaires (12)
Je suis bien curieux de connaître la position officielle du CPL, fervent défenseur des droits des chrétiens du Liban, concernant les attaques de son allié le Hezbollah contre le Patriarche Maronite. Si le CPL ne désavoue pas publiquement ces attaques, tous les maronites appartenant au CPL devront être excommuniés. Si le CPL les désavoue, il me paraît indispensable que Monsieur Gebran Bassil le déclare publiquement sur les médias. Je ne vais pas rappeler l’épisode douloureux du déferlement des partisans du Premier Ministre intérimaire en 1990 contre Bkerke du temps du Patriarche Sfeir, mais il me semble que l’Histoire se répète sauf que cette fois ci, celui qui osera s’approcher de Bkerke sera arrêté sur le champ avant même d’apercevoir Bkerke
Liberté de penser et d’écrire
22 h 21, le 26 août 2020