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Société - Covid-19

Les spécialistes redoutent une reproduction du scénario italien au Liban

La commission nationale chargée de lutter contre le Covid-19 se réunit aujourd’hui, à 11h.

Les spécialistes redoutent une reproduction du scénario italien au Liban

« Sans masque, on n’entre pas », est-il écrit sur la porte de ce magasin à Beyrouth. Photo João Sousa

« Si la tendance actuelle se poursuit, nous allons affronter les pires scénarios. » Y compris celui qui s’est produit en Italie. Abdel Rahman Bizri, spécialiste des maladies infectieuses et membre de la commission nationale de suivi du Covid-19, est inquiet. Et pour cause. Les contaminations au coronavirus sont en hausse permanente. Rien qu’hier, 2 décès et 456 nouveaux cas ont été enregistrés, portant à 9 337 le nombre cumulé des cas depuis le début de la pandémie au Liban, le 21 février, dont 105 décès. Le bilan du week-end écoulé était tout aussi effrayant, avec 836 cas et 9 décès signalés en deux jours : 397 et 439 cas ont été respectivement enregistrés samedi et dimanche, alors que trois décès ont été signalés samedi et six autres dimanche.

« En examinant les chiffres, on constate que 5 % des personnes qui se font tester sont contaminées par le virus, explique le Dr Bizri à L’Orient-Le Jour. Ce ratio est très élevé et inquiétant. »

Selon le rapport quotidien du ministère de la Santé, les cas d’hier ont été enregistrés principalement à Beyrouth (84), Baabda (45) et Tripoli (39) alors que 145 cas sont en cours d’investigation. À ce jour, 2 809 personnes se sont rétablies, sachant que 255 sont hospitalisées, dont 66 en soins intensifs.

Plus tôt dans la journée, la Force intérimaire de l’ONU au Liban (Finul) avait annoncé que 22 de ses militaires ont été testés positifs, deux jours après la détection d’un premier cas dans ses rangs. Tous ces soldats ont été mis en quarantaine au siège de la Finul à Naqoura (Liban-Sud) et des mesures strictes ont été prises pour éviter toute contamination des habitants de la région, assure la force onusienne.

Choix thérapeutiques

« Nous risquons d’atteindre le stade où les médecins seraient obligés d’effectuer des choix thérapeutiques », met en garde Walid Ammar, président du comité national de lutte contre les maladies infectieuses. « Un confinement total du pays, mis à part évidemment la région sinistrée de Beyrouth, est impératif pour faire baisser la courbe et ramener les cas à moins de cent par jour et permettre au département de surveillance épidémiologique du ministère de la Santé de pouvoir retracer les cas de nouveau et aller de l’avant dans ses investigations, ce qui est difficile actuellement », ajoute-t-il à L’OLJ. Il est aussi important pour permettre aux hôpitaux de « respirer un peu », d’autant qu’il n’y a plus de « lits disponibles dans les unités de soins intensifs accueillant les patients atteints du coronavirus à Beyrouth », comme avait prévenu, dans la matinée d’hier, le ministre démissionnaire de la Santé, Hamad Hassan.

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« Si au terme de ces deux semaines ces objectifs ne sont pas atteints, il faudrait proroger le confinement de deux semaines supplémentaires », insiste le Dr Ammar, qui met en garde contre une « reproduction du scénario italien au Liban ». « Le pays est dans le gouffre, martèle-t-il. Nous avons mis trois mois pour enregistrer les mille premiers cas, alors que maintenant ce chiffre est atteint en deux à trois jours ! »

Solution temporaire

La situation est d’autant plus inquiétante que deux des hôpitaux privés qui étaient dotés d’unités de Covid-19 – le Centre médical universitaire-hôpital Saint-Georges et l’Hôpital libanais-Jeitaoui – sont désormais hors service depuis l’explosion du 4 août. « À cela s’ajoutent d’autres problèmes, celui des hôpitaux dotés de telles unités, mais qui n’acceptent plus de cas de Covid-19 en raison des contaminations survenues au sein de leurs équipes soignantes, ainsi que les hôpitaux gouvernementaux ou privés qui sont équipés, mais qui ne sont pas encore préparés à recevoir un grand nombre de patients », observe le Dr Bizri. Il explique que cette période de confinement doit permettre aux hôpitaux disposant d’unités de Covid-19 de prendre les mesures nécessaires pour pouvoir accueillir des cas. « Il est également question de profiter des hôpitaux de campagne pour recevoir des cas, note-t-il. Il est probable d’en installer un au Liban-Nord et un autre au Liban-Sud, ce qui diminuera la pression exercée sur les hôpitaux de Beyrouth et du Mont-Liban. Par ailleurs, des négociations sont menées avec le secteur privé pour transformer certains établissements en structures dédiées au Covid-19. »

Le spécialiste estime que le confinement doit être « une solution temporaire, le temps de trouver une solution, d’autant que 400 agents de santé sont atteints de Covid-19 et que cette mesure a un coût économique ». « De plus, les expériences précédentes de confinement ont montré que les gens ne se sont pas conformés aux mesures, déplore-t-il. Ce qui m’inquiète, c’est que le gouvernement n’a jamais pu contrôler la situation. Maintenant qu’il est démissionnaire, je doute qu’il puisse le faire. »

Pour les Dr Ammar et Bizri, il est impératif que la population « soit persuadée que le coronavirus constitue une vraie menace ». « Le problème c’est que les gens ne prennent plus de précautions, alors que la situation est très dangereuse, déplore le Dr Ammar. Les jeunes sont de plus en plus touchés par la maladie, parce qu’ils se déplacent plus. On pensait qu’ils pouvaient être mieux immunisés. Malheureusement, des décès ont été signalés parmi eux. Il est nécessaire qu’on respecte les gestes barrières (port du masque, distanciation et lavage fréquent des mains). C’est le meilleur moyen de prévention et de lutte contre la pandémie. »

Une vraie menace

Aujourd’hui, la commission nationale chargée de lutter contre le Covid-19 devra se réunir à 11h pour discuter des mesures à suivre pour lutter contre cette propagation du virus. Contactée par L’OLJ, la présidente de la commission et conseillère du Premier ministre démissionnaire pour les Affaires de santé, Petra Khoury, fait part de son inquiétude vis-à-vis de la situation sanitaire. « Le coronavirus n’a rien de politique, lance-t-elle. C’est une vraie menace. Il faut que les gens s’unifient autour de ce dossier pour pouvoir lutter contre l’épidémie. »

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Plus tôt dans la matinée, le comité scientifique chargé du suivi de la pandémie au ministère de la Santé a recommandé à l’exécutif de décréter un confinement général de deux semaines pour pouvoir contenir l’épidémie, mais aussi d’imposer aux voyageurs un isolement d’une semaine, « même s’ils sont détenteurs d’un PCR négatif ». « Il faut également activer plus de centres de quarantaine dans les différents mohafazats », a déclaré M. Hassan à l’issue de la réunion de ce comité.

Par ailleurs, le mohafez du Liban-Nord, Ramzi Nohra, a décrété hier l’état d’urgence sanitaire dans le caza de Tripoli à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 23 août. Dans ce cadre, les rassemblements et les manifestations sociales comme les mariages et les enterrements sont interdits. L’ensemble des commerces seront fermés, à l’exception des magasins d’alimentation, des boulangeries, des pharmacies et des stations-service. Les transports en commun, les restaurants et les cafés ne pourront fonctionner qu’à 30 % de leur capacité et la corniche de Mina sera fermée aux promeneurs.

« Si la tendance actuelle se poursuit, nous allons affronter les pires scénarios. » Y compris celui qui s’est produit en Italie. Abdel Rahman Bizri, spécialiste des maladies infectieuses et membre de la commission nationale de suivi du Covid-19, est inquiet. Et pour cause. Les contaminations au coronavirus sont en hausse permanente. Rien qu’hier, 2 décès et 456 nouveaux cas...

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FAUT CREER URGEMMENT DE NOUVELLES AILES DANS LES HOPITAUX DESTINEES AUX PATIENTS DU CORONAVIRUS ET DRESSER DES HOPITAUX DE CAMPS AVEC L,AIDE URGENTE DES PAYS AMIS POUR SE PREPARER. LE M,ENFOUTISME DES GOUVERNANTS ET DU PEUPLE EN EST LA CAUSE.

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 03, le 18 août 2020

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Commentaires (1)

  • FAUT CREER URGEMMENT DE NOUVELLES AILES DANS LES HOPITAUX DESTINEES AUX PATIENTS DU CORONAVIRUS ET DRESSER DES HOPITAUX DE CAMPS AVEC L,AIDE URGENTE DES PAYS AMIS POUR SE PREPARER. LE M,ENFOUTISME DES GOUVERNANTS ET DU PEUPLE EN EST LA CAUSE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 03, le 18 août 2020

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