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Société - Beyrouth

Deux Canadiens tués dans les explosions, trois dépouilles retrouvées dans le port

L'ONU lance une collecte de 565 millions de dollars pour le Liban.

Deux Canadiens tués dans les explosions, trois dépouilles retrouvées dans le port

Le cercueil du jeune pompier Ralph Mallahi porté à bout de bras par ses camarades, le 14 août 2020 à Beyrouth. Photo AFP / ANWAR AMRO

Onze jours après les explosions qui ont dévasté le port de Beyrouth et de nombreux quartiers de la capitale, fauchant au moins 177 morts, le Canada a annoncé que deux de ses ressortissants figurent parmi les victimes de ce drame qui aurait été provoqué par un incendie dans un dépôt où étaient stockées, sans mesures de précautions, 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium depuis 2014. Par ailleurs, dans la soirée, l'armée a annoncé avoir retrouvé deux nouvelles dépouilles mortelles et les restes d'une troisième personne dans le port.

Vendredi soir, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a annoncé la mort des deux Canadiens. "Aujourd'hui, je me joins aux Canadiens partout au pays pour pleurer la perte de deux citoyens canadiens dans l'explosion tragique à Beyrouth, au Liban", a déclaré le chef du gouvernement canadien, dans un communiqué. "Notre priorité absolue est de veiller à ce que les Canadiens et leurs familles qui ont été touchés par l'explosion disposent de l'aide consulaire nécessaire pour traverser cette période difficile", a-t-il précisé. En outre, les citoyens libanais qui se trouvent temporairement au Canada ont "la possibilité de prolonger leur séjour s'ils ne peuvent pas rentrer chez eux en raison de l'explosion". Lundi, M. Trudeau avait annoncé que l'aide du Canada à la population libanaise allait passer de 5 à 30 millions de dollars canadiens (19 millions d'euros) afin de "répondre aux besoins immédiats de la population". Ottawa s'est également engagé à égaler les dons des particuliers au Fonds canadien de secours pour le Liban jusqu'à 5 millions de dollars.

Dans la soirée de samedi, l'armée libanaise a, elle, annoncé avoir retrouvé les dépouilles de trois personnes disparues, sous les décombres des silos de céréales, situés non loin du hangar 12 d'où est partie l'explosion. Cette opération a pu être réalisée en coopération avec la Défense civile et la Croix-Rouge libanaise, a-t-elle souligné. "Les opérations de recherche des disparus se poursuivent", a ajouté l'armée.

Funérailles du pompier Ralph Mallahi
Hier, un deuxième ressortissant français a été recensé parmi les personnes décédées à cause de la double explosion, rapportait l'AFP de sources concordantes, alors que jusque-là, 93 autres Français ont été blessés lors de ce drame. Vendredi, ce sont les corps déchiquetés de deux des trois pompiers libanais qui étaient encore portés disparus sur le site des explosions, Nagib Hitti, 27 ans, et Charbel Hitti, 22 ans, dont les dépouilles ont été identifiées par des tests ADN, qui ont été retrouvés par les équipes de secours.

L'édito de Issa GORAIEB

Les pièges du mi-chemin

Les soldats du feu libanais ont payé un lourd tribut dans ces explosions, avec sept morts et trois disparus. Samedi matin, les camarades de Ralph Mallahi, jeune pompier tué par les déflagrations et dont le corps a été retrouvé jeudi, ont porté à bout de bras le cercueil de la victime dans la caserne de la Quarantaine, située non loin du lieu du drame. Sur les images retransmises à la télévision, le cercueil blanc était porté au milieu de tirs de feux d'artifice et de sirènes hurlantes. Le cercueil a ensuite été acheminé vers les quartier de Aïn el-Remmané et Furn el-Chebbek, où il a été accueilli sous les applaudissements des habitants. Des coups de feu tirés en l'air ont été entendus durant la procession. Les obsèques ont eu lieu à 15h en l'église Sant-Antoine-Le-Grand de Furn el-Chebbek. Outre Ralph Mallahi, les corps des pompiers Rami Kaaki, Elie Khouzami, Charbel Hitti, Joe Noun, Nagib Hitti, Sahar Farès ont été retrouvés jusque-là, alors que ceux de Michel Hawa, Joe Bou Saab et Charbel Karam n'ont toujours pas été trouvés.

Sur Twitter, le coordonnateur spécial de l'ONU au Liban, Jan Kubis, a rendu hommage au pompier tué dans l'explosion. "Encore une mère qui enterre son fils, un pompier, ce matin. Il rejoint la longue liste des soldats du feu héroïques en première ligne aux côtés des médecins, infirmières, volontaires, enfants, et citoyens ordinaires qui ont péri dans l'explosion de Beyrouth", écrit M. Kubis. "Mais alors que les larmes coulent, l'espoir grandit. Je vois des Libanais, jeunes et moins jeunes, mettre leur vie en veilleuse pour aider, un jeune en fauteuil roulant qui balaie des débris, des étudiants qui soutiennent les sans-abri, des expatriés libanais qui rentrent au pays pour se porter volontaires", ajoute Jan Kubis, en utilisant le mot-dièse #SolidaritéHumaine.

Collecte de 565 millions de dollars
Sur le plan international, et parallèlement au ballet diplomatique qui a suivi les explosions, les aides internationales et levées de fonds se poursuivent. Les Nations unies ont ainsi lancé vendredi un appel de fonds d'un montant de 565 millions de dollars en faveur du Liban. Cette aide sera notamment destinée aux efforts de reconstruction succédant à la phase de première urgence dans la capitale. Il s'agit de financer la remise en état des hôpitaux et des écoles et de fournir un toit aux sinistrés, sans abri depuis l'énorme détonation au port, où étaient stockées des tonnes de nitrate d'ammonium. "La tâche de reconstruire la vie des habitants et permettre la guérison d'une telle dévastation ne fait que commencer", a estimé à l'ONU Najat Rochdi, une coordinatrice de l'aide humanitaire à destination du Liban. Elle a appelé la communauté internationale à ne pas lésiner en mettant la main au portefeuille, en ayant particulièrement à l'esprit "l'incroyable générosité des Libanais vis-à-vis des réfugiés syriens et palestiniens".

Pour sa part, le mohafez de la capitale Beyrouth, le juge Marwan Abboud, a démenti des informations selon lesquelles le mohafazat aurait perçu des aides internationales, alors que la méfiance de la population et de la communauté internationale se manifeste clairement à l'égard des autorités locales et nationales, accusées de corruption. "Nous n'avons pas perçu d'aides et nous ne voulons pas que les aides soient acheminées au mohafazat ou à la municipalité de Beyrouth, mais plutôt aux associations. Les accusations selon lesquelles nous empêchons les associations d'entrer à Beyrouth sont fausses", s'est-il défendu.

Par ailleurs, alors que dans les rues de la capitale des centaines de volontaires continuent de s'organiser et de s'activer pour déblayer les décombres et venir en aide aux sinistrés, la municipalité de Beyrouth a commenté la décision prise par le mohafez concernant l'obligation pour les bénévoles et les organisations d'obtenir une autorisation de la chambre d'opérations de l'armée. Selon la municipalité, cette procédure a uniquement pour objectif de permettre à la troupe de savoir "où sont basées les associations et où ont lieu les différentes initiatives, à des fins de coopération". 

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Au lendemain de la double explosion qui a également fait plus de 6.500 blessés et 300.000 sans abris selon un bilan encore provisoire, le président de la République, Michel Aoun, avait refusé l'éventualité d'une enquête internationale, estimant qu'une telle option risquerait de "diluer la vérité". L'Etat a lancé dans ce cadre deux enquêtes. La première, administrative, est prise en charge par l'exécutif. Le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab, avait promis des résultats à ce sujet dans les cinq jours suivant les explosions, mais aucun rapport n'a encore été rendu public par la commission d'enquête. La seconde investigation a été lancée par les autorités judiciaires. Dans ce cadre, et alors que le dossier a été confié à la Cour de justice, un tribunal pénal d’exception, le juge Fadi Sawan a été chargé, jeudi, de l'instruction, après un bras de fer entre la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, et le Conseil supérieur de la magistrature. Le juge Sawan devrait débuter ses auditions dès lundi, après avoir réceptionné vendredi les dossiers de l'enquête et des poursuites engagées par le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, qui chapeautait jusque là l'enquête judiciaire. Dans le cadre de l'enquête lancée par les autorités, 25 personnes font l'objet de poursuites, dont 19 placés en détention. Parmi eux, le directeur des douanes, Badri Daher, son prédécesseur Chafic Merhi et le directeur général du port de Beyrouth, Hassan Koraytem.

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