Le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a annoncé samedi soir qu'il allait proposer la tenue d'élections législatives anticipées pour sortir de la crise "structurelle" du pays, meurtri par la double explosion qui a ravagé sa capitale mardi et alimenté la colère de tout un peuple. L'organisation de législatives anticipées est l'une des principales revendications de la contestation contre la classe dirigeante.
"Nous avons assumé nos responsabilités et nous savions que le pays était dans un état d'effondrement politique, financier et administratif. Cependant, nous ne pourrons sortir de la crise structurelle du Liban qu'en organisant des élections législatives anticipées pour produire une nouvelle classe politique (...) Lundi, je soumettrai au Conseil des ministres un projet de loi pour la tenue d'élections législatives anticipées.", a déclaré le chef du gouvernement lors d'une allocution télévisée après une grosse manifestation de colère dans le centre-ville de Beyrouth, émaillée d'affrontements entre protestataires et forces de l"ordre, qui ont fait plusieurs dizaines de blessés.
"J'invite l'ensemble des partis politiques à s'entendre sur la prochaine étape. Ils n'ont pas beaucoup de temps. Je suis prêt à assumer mes responsabilités pendant deux mois supplémentaires, jusqu'à ce qu'ils aboutissent à un accord", a-t-il ajouté. "Nous ne sommes pas accrochés à nos sièges. Nous voulons une solution nationale pour sauver le pays", a-t-il ajouté.
Plus tôt dans la journée, les députés du parti Kataëb, Samy Gemayel, Nadim Gemayel et Elias Hankache, ainsi que la députée indépendante Paula Yacoubian, avaient annoncé leur démission du Parlement, trois jours après celle de Marwan Hamadé, en guise de protestation contre le pouvoir en place qu'ils tiennent pour responsable des explosions meurtrières.
"Gérer la calamité qui a frappé le pays relève d’une grande responsabilité. Une seule partie ne pourrait pas, seule, supporter la situation actuelle. Le pays ne peut pas tolérer les surenchères politiques. La douleur est trop grande, et chacun est tenu de laisser de côté ses comptes électoraux et son discours populiste. Aujourd'hui, nous devons assumer notre responsabilité nationale. Le pays vit une catastrophe massive, dépassant de loin sa résilience", a déclaré Hassane Diab.
"Corruption"
Dans cette courte allocution, le Premier ministre a également évoqué l'enquête sur la déflagration qui a dévasté le port de Beyrouth, que l'incendie d'un stock de plus de 2.500 tonnes de nitrate d'ammonium stockées dans un entrepôt semble être à l'origine, et qui est, selon lui, "l'un des résultats de la corruption". "L'enquête révélera les faits, et ne prendra pas trop de temps ; les mesures prises par la justice jusqu'à présent sont révélatrices du sérieux de ce processus. Elles montrent également que les enquêtes seront menées à terme et s'étendront à tous les acteurs de cette catastrophe. Tous les responsables devront être entendus, a-t-il assuré, promettant que personne ne bénéficiera de protection.
Il a ensuite posé plusieurs questions : "Pourquoi les matériaux sont-ils restés pendant sept ans au port dans un entrepôt qui ne répond pas aux spécifications de stockage de ce type de matériaux ? Qui était le bénéficiaire de leur présence ? N'est-il pas étrange que la question ne soit mentionnée dans aucune séance du Conseil suprême de la défense pendant tout ce temps ?", s'est-il interrogé.
Plus d'une vingtaine de personnes ont été interrogées ou placées en détention provisoire dans le cadre de cette enquête, dont le directeur du port de Beyrouth, Hassan Koraytem, le directeur des douanes, Badri Daher, et son prédécesseur, Chafic Merhi.
Est ce qu’il a demandé la permission de son boss Hassouna avant de déclarer une chose pareille?
11 h 49, le 10 août 2020