Moins de 24h après deux explosions d'une violence inouïe qui ont dévasté le port de Beyrouth et de large pans de la capitale, deux enquêtes, l'une judiciaire et l'autre sécuritaire, ont été ouvertes. Avec une centaine de morts, près de 5.000 blessés, 300.000 sans-abris et des dégâts matériels considérables, les responsabilités sont extrêmement lourdes. Face à ce drame, Badri Daher, directeur général des douanes libanaises, laisse exploser sa colère. Pourquoi ? Car il avait alerté à de multiples reprises, assure-t-il à L'Orient-Le Jour, la justice sur le danger que représentait le stockage de plus de 2.700 tonnes de nitrate d'ammonium dans le port. C'est cet entrepôt qui, en explosant mardi, a provoqué une déflagration d'une violence inouïe, ressentie jusqu'à Chypre.
Le nitrate d'ammonium, substance qui entre dans la composition de certains engrais mais aussi d'explosifs, est un sel blanc et inodore utilisé comme base de nombreux engrais azotés sous forme de granulés, et a causé plusieurs accidents industriels. Cette cargaison de nitrate d'ammonium était entreposée dans le port depuis 2015. Cette année, rappelle l'agence Reuters, Shiparrested.com, un réseau spécialisé dans les aspects juridiques du transport maritime, avait rapporté que le cargo Rhosus, battant pavillon moldave, avait fait escale à Beyrouth en septembre 2013 en raison de problèmes techniques alors qu'il devait relier la Géorgie au Mozambique avec 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium dans ses cales. Il précise que le bateau s'est vu interdire de reprendre la mer après une inspection et qu'il a été abandonné peu après par ses propriétaires, ce qui a déclenché une série de procédures judiciaires de leurs créanciers. "En raison des risques liés au maintien du nitrate d'ammonium à bord du navire, les autorités portuaires ont déchargé la cargaison dans les entrepôts du port", était-il précisé.
"La justice ne nous a pas écoutés"
Une version confirmée à L'OLJ par Badri Daher. "Sa cargaison avait été déchargée suite à une décision de justice. Cette cargaison de nitrate d'ammonium était stockée dans le hangar numéro 12 du port de Beyrouth", explique-t-il. Celui-là même qui a explosé hier. Dans une déclaration aux médias un peu plus tôt, M. Daher a également confirmé qu'il y avait effectivement "un entrepôt de feux d'artifices" à côté de l’entrepôt de nitrate d’ammonium qui a explosé.
"Nous avons alerté la justice à six reprises, entre 2014 et jusqu'à récemment, sur la nécessité de ré-exporter cette marchandise hors du pays, mais la justice ne nous a pas écoutés", s'emporte le directeur des douanes, joint par téléphone. "Il ne s'agit pas d'une question relevant des douanes, car cette marchandise était stockée dans un hangar du port de Beyrouth. Ces hangars sont dirigés et exploités par la direction du port. Et cette direction est sous la tutelle du ministère des Travaux", affirme Badri Daher.
"Travaux de rénovation"
Que s'est-il donc passé mardi, quelques instants avant la première déflagration ? "A priori, ce sont des travaux de rénovation sous la responsabilité de la direction du port qui auraient provoqué les déflagrations hier", avance avec prudence le directeur des douanes, dont le service est sous la tutelle du ministère des Finances. Cette version des faits circule largement dans les milieux officiels libanais depuis hier. "Je ne veux accuser personne, car il y a une enquête judiciaire en cours. Mais chaque carton qui est entreposé dans le port de Beyrouth relève de la responsabilité de la direction de ce port", lâche Badri Daher.
Le directeur de la société de Gestion et d’exploitation du port de Beyrouth (GEPB), Hassan Koraytem, n'a pas tardé à réagir. "(...) Les documents qui circulent et qui ont pour but de se lancer la balle des responsabilités et court-circuiter l'enquête ne sont pas la preuve d'un sens des responsabilités. Il faut une enquête ferme et transparente qui détermine les responsabilités", affirme-t-il, dans des propos rapportés par la chaîne LBCI. Hassan Koraytem s'est en outre dit "surpris du fait qu'on ne se soit pas débarrassé du matériel entreposé, malgré les correspondances entre les douanes et le juge des référés". Le directeur général affirme ensuite que cette marchandise était stockée dans un hangar séparé, et sous la garde d'un représentant de la justice, pendant six ans, "sans que la direction du port n'ait le droit de disposer de cette marchandise". Hassan Koraytem affirme enfin que la direction du port "a reçu des instructions de la justice, récemment, pour effectuer, après toutes ces années, des travaux pour colmater une brèche dans la porte du hangar afin de protéger la marchandise d'une possible détérioration ou des vols". "C'est exactement ce qu'a fait la direction du port", confirme-t-il.
Selon Riad Kobaissi, un journaliste d'investigation libanais spécialisé dans les affaires de corruption et qui a beaucoup enquêté sur le port de Beyrouth, les services des douanes cherchent à se décharger de toute responsabilité, rapporte l'AFP. Soulignant qu'à la base il est interdit d'introduire de tels produits chimiques au Liban sans autorisation, il estime que cette affaire "met en lumière l'état de délabrement et la corruption au sein des douanes, qui assument en premier lieu, mais pas exclusivement, la responsabilité" du drame.
Pour éclaircir les circonstances du drame, le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, a demandé mercredi aux forces de sécurité de mener les enquêtes nécessaires. "Nous vous demandons de nous transmettre tous les rapports et documents liées au stockage de matières explosives dans l'entrepôt où l'explosion a eu lieu, d'identifier les responsables de leur stockage et de leur protection et des personnes chargées de la maintenance de l'entrepôt", conclut le juge.
Le gouvernement, qui s'est réuni en Conseil des ministres au palais présidentiel de Baabda, a pour sa part décrété un état d'urgence de deux semaines dans la capitale, entérinant ainsi les recommandations du Conseil supérieur de la défense qui s'était réuni dans la nuit de mardi à mercredi. Le cabinet a également décidé de donner à l'armée la possibilité de placer en résidence surveillée tous les personnes qui seront suspectées d'avoir joué un rôle dans le stockage du nitrate d'ammonium. Le cabinet a également décidé de la création d'une commission d'enquête administrative, présidée par le Premier ministre, qui devra remettre les résultats de ses investigations au gouvernement, puis aux autorités judiciaires compétentes, dans cinq jours. La justice civile et militaire a également ouvert son enquête.
Tout le monde s’est concentré sur ce hangar numéro 12. Et s’il s’agissait d’un autre Hagar qui lui contenait autre chose de des feux d’artifices ou de nitrate ou même de denrées alimentaires mais des armes et des explosifs puisque l’état n’a pas un droit de regard sur ce qui se passe sur nos frontières et dans nos ports. N’était ce pas la condition sine qua non pour racler les tiroirs et piller l’état et le peuple? Il faut regarder plus loin que son nez. Si des armes et des explosifs se trouvaient au port c’est parce que c’est une cachette sûre pour le HB qui croit qu'Israël n’aura pas l’affront de bombarder un endroit aussi peuplé et qui est le cœur de la ville. Ils ont toujours misé sur son respect des citoyens innocents qu’elle a essayer d’épargner lorsque ses derniers allaient de leur provocations. Il faut croire que les choses ont changé pour Israël et que dieu nous viennent en aide car cette fois ci personne, aucune région ou le parti a planté ses armes ne sera épargné et le HB doit s’en douter après cet « accident » mais puisqu’il en a rien à cirer il ira jusqu’à détruire le pays et les citoyens avec. Il faut le désarmer avant qu’un catastrophe de plus grande ampleur ne s’abatte sur nos têtes.
10 h 45, le 06 août 2020