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Politique - Les échos de l’agora

L’acte d’accusation de Nassif Hitti

On pourra conjecturer autant qu’on voudra sur les raisons profondes qui ont poussé Nassif Hitti à démissionner de son poste de ministre des Affaires étrangères. Certains y voient déjà une manœuvre politicienne traditionnelle en vue de l’élection présidentielle qui se rapproche. D’autres y verront l’expression d’une prudence à la veille du verdict du Tribunal spécial pour le Liban dans le procès de l’assassinat de Rafic Hariri. Pour les férus de l’exégèse géostratégique, cette démission intervient dans le sillage de la visite de son homologue français Jean-Yves Le Drian et de l’impair commis par le Premier ministre libanais accusant le monde entier de vouloir forcer la main au Liban afin de le traîner devant le guichet du FMI. D’autres lectures ne manqueront pas de nous surprendre.

Les raisons de Nassif Hitti sont les siennes. Le plus important dans cette affaire, ce n’est pas le vide qu’il laissera dans son bureau du palais Bustros, mais ce sont les termes utilisés dans l’extraordinaire communiqué de presse expliquant son geste. Ce communiqué, à lui seul, est un geste politique de première importance, voire un acte d’accusation à peine voilé contre le pouvoir en place.

Après avoir remercié ceux qui lui ont fait confiance, Nassif Hitti avoue que son acceptation du portefeuille à lui confié ne fut pas chose aisée à l’automne dernier, en plein milieu d’une révolte populaire qu’il ne condamne pas car il y voit un désir de construire un État de droit garant de la justice sociale. Il reconnaît qu’en la matière, rien ou si peu a été réalisé.

Puis il nous livre son exposé des motifs en reconnaissant qu’il avait nourri un grand espoir de « changement et de réforme » qui se profilait. L’expression arabe « al-taghyir wal islah » pour dire cela est le titre porté par le mouvement des partisans de l’actuel président de la République. Nassif Hitti reconnaît que la réalité l’a obligé à déchanter et ne lui a pas permis d’entrevoir « des débuts prometteurs sortir des entrailles des fins tragiques » du pays. Ici, point n’est besoin de lire entre les lignes ; il suffit de lire pour comprendre l’intention de l’auteur ainsi que le sens de sa pensée et la direction indiquée par son doigt accusateur.

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Il décrit ensuite le Liban auquel il est attaché, modèle de liberté, phare de science et de culture, carrefour de l’Orient et de l’Occident. Il constate que tout cela n’est plus et pose la question de la responsabilité de chacun dans la ruine du pays et la destruction de son image. À aucun moment Nassif Hitti ne fait appel au complot mondial contre le Liban et son régime, comme se plaisent à le faire le président de la République, son gendre ainsi que le Premier ministre. En revanche, il prend acte de l’absence de toute volonté de changement, de toute intention de procéder aux réformes urgentes et indispensables que le monde entier nous réclame afin de remettre le Liban, libre et indépendant, sur les rails au sein de son environnement arabe et international.

Mais le plus révélateur dans ce morceau de bravoure est l’ultime paragraphe qui dit : « J’ai participé à ce gouvernement, croyant œuvrer pour un seul patron appelé Liban. Je me suis retrouvé au milieu de plusieurs chefs aux intérêts particuliers contradictoires. » Bref, M. Hitti constate que le Liban est loin d’être dirigé par ce « pouvoir fort » qu’on nous chante sur tous les toits et que ce pouvoir est loin d’être unique. Bref, le Liban qui agonise est une hydre à plusieurs têtes. Faut-il dès lors regretter sa mort ? La réponse à cette question est entre les mains du peuple libanais en révolte.

Plus que jamais, vive la révolution.

On pourra conjecturer autant qu’on voudra sur les raisons profondes qui ont poussé Nassif Hitti à démissionner de son poste de ministre des Affaires étrangères. Certains y voient déjà une manœuvre politicienne traditionnelle en vue de l’élection présidentielle qui se rapproche. D’autres y verront l’expression d’une prudence à la veille du verdict du Tribunal spécial pour le...

commentaires (3)

Et qu’attendent les libanais au fait ? que leur souveraineté et leur dignité ainsi que leur liberté leur soient offertes sur un plateau d’argent? Ces trois choses ne se donnent pas elles se gagnent. Nous savons tous ce qui se passe au pouvoir et personne ne fait rien, à part des réprimandes et des doléances. Mais où sont donc les vrais résistants libanais pour faire le ménage et nous débarrasser de tous ces vendus qui ont pris possession du pays et nous avec fort de l’absence de toute opposition réelle et démocratique? Il ne faut pas leur en vouloir de réaliser leur rêve de détruire ce pays, ce sont des vendus et exécutent les ordres, mais il faut se demander pourquoi nous les laissons faire?

Sissi zayyat

18 h 06, le 04 août 2020

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Commentaires (3)

  • Et qu’attendent les libanais au fait ? que leur souveraineté et leur dignité ainsi que leur liberté leur soient offertes sur un plateau d’argent? Ces trois choses ne se donnent pas elles se gagnent. Nous savons tous ce qui se passe au pouvoir et personne ne fait rien, à part des réprimandes et des doléances. Mais où sont donc les vrais résistants libanais pour faire le ménage et nous débarrasser de tous ces vendus qui ont pris possession du pays et nous avec fort de l’absence de toute opposition réelle et démocratique? Il ne faut pas leur en vouloir de réaliser leur rêve de détruire ce pays, ce sont des vendus et exécutent les ordres, mais il faut se demander pourquoi nous les laissons faire?

    Sissi zayyat

    18 h 06, le 04 août 2020

  • "Bref, M. Hitti constate que le Liban est loin d’être dirigé par ce « pouvoir fort » qu’on nous chante sur tous les toits et que ce pouvoir est loin d’être unique. " Le "pouvoir fort" qui dirige le Liban, ce n'est pas celui qu'on nous chante sur tous les toits: c'est celui qui nous provient par procuration du pays du "khoch amadid"...

    Georges MELKI

    09 h 48, le 04 août 2020

  • SI SEULEMENT L'HONNETETE ET LA BRAVOURE DE N HITTI POUVAIT SERVIR D'EXEMPLE ! A QUI PENSEZ VOUS ? BEN AUX 3 PRESIDENTS EVIDEMMENT !

    Gaby SIOUFI

    09 h 43, le 04 août 2020

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