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Monde - Portrait

Gisèle Halimi, une vie sous le signe du féminisme et de la cause anticoloniale

Gisèle Halimi, une vie sous le signe du féminisme et de la cause anticoloniale

À gauche, l’avocate française Gisèle Halimi le 11 octobre 1972 à Bobigny. Michel Clément/AFP

Avocate française, femme politique et écrivaine, Gisèle Halimi, décédée hier à 93 ans, a fait de sa vie un combat pour le droit des femmes, marqué par un procès retentissant en 1972, qui a ouvert la voie à la légalisation de l’avortement en France. Née Gisèle Taïeb le 27 juillet 1927 dans une famille modeste à La Goulette, en Tunisie, elle est très bonne élève et ne manque pas de caractère. « J’aimais l’école (...) je me suis mise à lire beaucoup (...). Pendant ce temps, mes frères, qui étaient cancres, rentraient avec de très mauvaises notes. C’était alors un drame familial », a-t-elle raconté.

Enfant, elle est témoin, le 9 avril 1938, de la répression sanglante à Tunis d’une manifestation favorable à l’émancipation des Tunisiens, un épisode qui la marquera durablement. Elle deviendra ainsi plus tard une des avocates de la cause anticoloniale. Licenciée en droit et en philosophie à Paris, élève de Sciences Po, la jeune femme s’inscrit au barreau de Tunis en 1949 et défend des syndicalistes et des indépendantistes tunisiens. C’est là le premier volet de sa carrière professionnelle, poursuivi à Paris et en Algérie où elle devient l’un des principaux avocats des militants du Front de libération nationale (FLN).

Elle dénonce l’usage de la torture par les militaires français, ce qui lui vaudra une arrestation et une brève détention. En 1960, elle défend Djamila Boupacha, militante du FLN accusée d’avoir déposé une bombe à Alger, violée et torturée par des militaires français pour lui arracher des aveux. « L’injustice m’est physiquement intolérable », disait souvent Mme Halimi. « Toute ma vie peut se résumer à ça. Tout a commencé par l’Arabe qu’on méprise, puis le juif, puis le colonisé, puis la femme », confiait-elle au Journal du Dimanche en 1988. En 1971, elle fonde « Choisir la cause des femmes », aux côtés notamment de Simone de Beauvoir et Jean Rostand. Amie de Jean-Paul Sartre, elle prendra la présidence de cette association à la mort de Simone de Beauvoir (1986). Elle est une des signataires du retentissant manifeste des 343 femmes disant publiquement avoir avorté (1971).

Procès emblématiques

Dès l’année suivante, elle défend, devant le tribunal correctionnel de Bobigny (en région parisienne) Marie-Claire Chevalier, mineure accusée d’avoir eu recours à un avortement après avoir été victime d’un viol. À l’occasion de ce procès emblématique, le grand public en France découvre cette femme à l’allure toujours impeccable, qui fait citer un aréopage de personnalités littéraires et scientifiques, venues dénoncer un procès d’un autre âge. Elle obtient la relaxe de la jeune femme et parvient à mobiliser l’opinion, ouvrant la voie à la dépénalisation de l’avortement, début 1975. Élue députée en 1981, elle poursuit le combat à l’Assemblée, cette fois-ci pour le remboursement de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), finalement voté en 1982. Elle devient en 1985 et 1986 ambassadrice de France auprès de l’Unesco.

Gisèle Halimi poursuit sans répit son engagement pour le droit des femmes et la parité. En 1995, elle prend la tête, avec notamment l’ancien ministre socialiste de la Justice Robert Badinter, du comité français de soutien à Sarah Balabagan, une jeune domestique philippine condamnée à mort aux Émirats arabes unis pour le meurtre de son employeur qui abusait d’elle. En 1998, elle fait partie de l’équipe qui crée l’organisation altermondialiste Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne). Par la suite, elle interviendra fréquemment pour s’inquiéter de la fermeture de plusieurs centres d’IVG en région parisienne (2009) ou défendre la pénalisation des clients de prostituées (2011).

Parallèlement, elle a mené une carrière d’écrivaine. Parmi sa quinzaine de titres figurent Djamila Boupacha (1962) et une œuvre plus intimiste comme Fritna, sur sa peu aimante mère (1999), « pratiquante juive totalement ignorante ». Mère de trois garçons, elle a confié qu’elle aurait aimé avoir une fille pour « mettre à l’épreuve » son engagement féministe.

Source : AFP

Avocate française, femme politique et écrivaine, Gisèle Halimi, décédée hier à 93 ans, a fait de sa vie un combat pour le droit des femmes, marqué par un procès retentissant en 1972, qui a ouvert la voie à la légalisation de l’avortement en France. Née Gisèle Taïeb le 27 juillet 1927 dans une famille modeste à La Goulette, en Tunisie, elle est très bonne élève et ne manque pas...

commentaires (1)

"L’injustice m’est physiquement intolérable ". Ce n'est pas tout à fait exact! Cela dépendait par qui, et contre qui elle était commise. Ainsi, les victimes, torturées et assassinées par les terroristes du FLN la laissaient indifférente. Elle fut même soupçonnée d'avoir participé au trafic de valises de fonds pour l'organisation terroriste.

Yves Prevost

07 h 46, le 29 juillet 2020

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Commentaires (1)

  • "L’injustice m’est physiquement intolérable ". Ce n'est pas tout à fait exact! Cela dépendait par qui, et contre qui elle était commise. Ainsi, les victimes, torturées et assassinées par les terroristes du FLN la laissaient indifférente. Elle fut même soupçonnée d'avoir participé au trafic de valises de fonds pour l'organisation terroriste.

    Yves Prevost

    07 h 46, le 29 juillet 2020

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