
Le siège social de l'agence américaine Moody's basée à New York, aux Etats-Unis. Photo d'archives AFP
C’est la quatrième fois que Moody’s abaisse la note souveraine libanaise depuis janvier 2019, que l'agence avait alors classée alors « B3 », tandis que la dernière dégradation a eu lieu en février lorsque le pays a été recalé à « Ca ».
Dans son communiqué, l’agence américaine considère que le défaut de paiement de mars dernier de l’État libanais sur ses eurobonds –titres de dette en devises- constitue une perte pour les investisseurs de « plus de 65% ». Elle pointe du doigt la crise économique et financière que traverse le pays depuis plusieurs mois, doublée d’une dépréciation de la livre, qui a atteint hier 7 900 livres pour un dollar à l’achat et 8 200 livres à la vente, alors que le taux officiel toujours en vigueur est de 1 507,5 livres, soit une dévaluation estimée à « 80% » selon l’agence américaine. Ceci implique donc une inflation vertigineuse, qui s’est établie à 89,74% à fin juin en glissement annuel selon l’Administration centrale de la statistique.
Moody’s explique que « la faiblesse des institutions étatiques mine les premières étapes de réformes du pays afin de ramener la stabilité » financière. L’agence prévoit que le ratio dette/PIB, évalué à 175,6% par le gouvernement en 2019, dépassera les 200% cette année, en raison de la dévaluation à 3 500 livres pour un dollar programmé par l’exécutif dans son plan de redressement voté fin avril dernier. L’agence émet également des doutes concernant l’obtention de l’aide financière que le Liban a demandé début mai au Fonds monétaire international (FMI), ainsi que celle provenant d’autres investisseurs internationaux, comme la CEDRE d’avril 2018, avec une grande probabilité « qu’aucun des deux ne (soit) octroyé dans les prochains mois ».
L’agence met aussi en relief « l’efficacité réduite des politiques monétaires entreprises par la Banque du Liban (BDL) » concernant les différentes circulaires publiées au printemps qui mettent en place un nouveau système de change, notamment à travers la circulaire n°150 d’avril dernier qui permet aux déposants de retirer leurs dollars libanais, sur lesquels des restrictions s’appliquent, à un taux supérieur au taux officiel. « Il est improbable que la notation souveraine libanaise évolue » avant une restructuration de sa dette publique, qui s’est élevée à 92,9 milliards de dollars à fin avril, souligne Moody’s.
Les deux autres agences avaient déjà, quant à elles, qualifié en mars dernier les titres de dette en devises de « défaut sélectif ». Pour Fitch, il s'agissait de la quatrième dégradation de la note souveraine depuis janvier 2019, passant ainsi de « B- » à « RD » (restricted default), alors que ce n’était que la seconde dégradation mise en œuvre par Standard & Poor’s (S&P), qui l’a fait passer de « B- » à « SD/SD » (selected default) durant la même période.
La note est tellement mauvaise que le Liban sera congédié de l'école étant un cas désespéré...
14 h 41, le 28 juillet 2020