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Monde - Focus

Le défi de narcos tout-puissants au gouvernement du Mexique

Le défi de narcos tout-puissants au gouvernement du Mexique

Des soldats en patrouille sur une avenue de Guadalajara, dans l'État de Jalisco, le 22 novembre 2019, au Mexique. Photo AFP

L’assassinat d’un juge, l’attentat contre un haut fonctionnaire, une vidéo truffée de menaces. Le plus grand cartel de drogue au Mexique défie ouvertement les autorités. L’administration américaine exige que soit lancée une offensive contre cette puissante organisation de narcotrafiquants mexicains. Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador continue de se montrer réticent à utiliser la manière forte.

Mais ont été gelés en juin près de 2 000 comptes bancaires liés au puissant Cartel de la nouvelle génération de Jalisco (CJNG). En février, le Mexique avait déjà extradé vers les États-Unis le fils de Nemesio Oseguera Cervantes, « el Mencho », le dirigeant du CJNG, dont Washington a mis la tête à prix pour 10 millions de dollars. « L’offensive du gouvernement contre le cartel, désormais considéré comme le plus menaçant pour les intérêts du pouvoir, s’est durcie. Elle est soutenue par les États-Unis », estime le politologue Sergio Aguayo.

Critiqué pour son inefficacité à lutter contre les trafiquants, le président Andrés Manuel López Obrador s’est rendu à Washington le 8 juillet en visite officielle. Lopez Obrador préfère s’en tenir à un discours pacifiste, fait de « câlins et non de balles », comme le disent ses adversaires. En témoigne le fiasco de la capture, en octobre dernier, du fils du prisonnier Joaquín « Chapo » Guzmán, Ovidio. Selon Aguayo, le Mexique réagit « une fois de plus » à la demande des États-Unis d’attaquer une organisation ennemie, comme cela s’est produit avec les Zetas sanguinaires sous le gouvernement de Felipe Calderón (2006-2012).

« Dialectique de la violence »

Cette offensive a été relayée par les États-Unis avec la capture de 600 membres du CJNG en mars.

Après l’extradition de Rubén Oseguera González, alias « el Menchito », le numéro 2 du cartel, la police américaine a arrêté sa fille Jessica Oseguera González, alias « la Negra », à Washington. Selon Aguayo, le cartel suit une « dialectique de la violence » à travers des actions « ostentatoires et bruyantes » qui ont culminé avec la tentative d’assassinat manquée du secrétaire à la Sécurité de Mexico, Omar García Harfuch, le 26 juin. Acteur-clé dans la capture de plusieurs trafiquants de drogue, le haut fonctionnaire a nommément accusé le CJNG. L’embuscade sans précédent tendue par 30 hommes armés dans un quartier luxueux de la capitale n’est cependant pas le seul fait d’armes de ce cartel. Ses tueurs à gages ont tué le juge Uriel Villegas et sa femme à Colima le 16 juin. Villegas dirigeait l’un des procès pour lesquels le « Menchito » a été extradé. Le dernier acte de cette pièce sanglante est la publication d’une vidéo dans laquelle quelque 80 hommes en uniforme paradent près de véhicules blindés équipés d’armes de guerre et scandent leur fidélité à « el señor Mencho ».

« Terrorisme politique »

Le message de la vidéo au gouvernement fédéral « est on ne peut plus clair : si vous vous en prenez à nous, nous riposterons », décrypte Falko Ernst, un expert de l’International Crisis Group, sur son compte Twitter. La presse mexicaine a précédemment révélé une liste de dirigeants que la CJNG avait l’intention de cibler. Parmi eux, le ministre des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, qui a approuvé l’extradition de « Menchito », et le chef du renseignement financier, Santiago Nieto, architecte du blocus bancaire imposé aux cartels. Cela n’empêche pas López Obrador de répéter à l’envi que « l’intelligence prime sur la force » et qu’il n’appliquera pas une stratégie qui, selon lui, a conduit le Mexique à la situation de violence actuelle.

Quelque 290 000 meurtres ont été commis au Mexique depuis 2006, date à laquelle le gouvernement Calderón a lancé une offensive militaire contre la drogue. Les meurtres ont atteint des sommets historiques pendant son mandat, notamment depuis la pandémie du Covid-19. « Nous allons assister à une période d’intensification de la violence et des attaques (...) Ce groupe est prêt à prendre des mesures plus proches du terrorisme politique que de la violence criminelle traditionnelle », prévient le politologue Aguayo.

Jennifer GONZALEZ COVARRUBIAS, Jean Luis ARCE/AFP

L’assassinat d’un juge, l’attentat contre un haut fonctionnaire, une vidéo truffée de menaces. Le plus grand cartel de drogue au Mexique défie ouvertement les autorités. L’administration américaine exige que soit lancée une offensive contre cette puissante organisation de narcotrafiquants mexicains. Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador continue de se montrer...
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